ECO – Faibles revenus et vie à crédit

Faibles revenus et fort endettement sont le lot de plus en plus de familles grecques. D'après les données de l'UE, ce sont 2,2 millions de Grecs qui survivent avec, à peine, un peu plus de 4 000 euros par an

(Photo LPJ)
Il est l'heure pour la Grèce de regarder les choses en face. L'augmentation de la consommation et la forte croissance affichées par le pays cachent, en effet, un grave problème de pauvreté. Ainsi, 21% de la population vivrait avec moins de 60% du revenu national médian. Comparées aux autres pays de l'Europe des 15, la Grèce et l'Irlande, détiennent le plus fort taux de pauvreté;la Suède le plus bas avec seulement 9%.
 En Grèce, la pauvreté affecte en particulier les plus de 65 ans mais aussi les familles mono-parentales, les licenciés, les immigrés et les jeunes. Un foyer composé d'une personne est considéré comme en dessous du seuil de pauvreté lorsque ses revenus annuels ne dépassent pas les 4 264 euros contre 9 455 en Allemagne ou 13 863 au Luxembourg. Le seuil moyen européen s'élève à 8 319 euros par an. En Grèce, un revenu annuel de 8 955 euros fixe le seuil de pauvreté d'une famille de 4 membres.
La répartition de cette pauvreté n'est pas homogène et touche davantage l'Epire, la Grèce centrale, le Péloponnèse et la Côte ouest, avec des taux de pauvreté oscillant entre 30 et 37% dans ces zones.
Si ces résultats sont surprenants pour un pays doté d'une forte croissance économique, ils peuvent s'expliquer par le fait que, dans le même temps, l'augmentation de la consommation n'a profité que de 20,4% aux couches sociales les plus pauvres et de 79,6% aux plus favorisées.

Pallier les faibles revenus par le crédit
En matière de crédit, les chiffres publiés par la Banque Nationale de Grèce sont également éloquents. Les sommes empruntées entre janvier 07 et juillet 07, par les entrepreneurs et les familles ont augmenté de près de 21% pour atteindre 189,90 milliards d'euros, soit 91% du PIB. Plus précisément, les dettes contractées par les ménages pour le logement et la consommation s'élèvent à 89,3 milliards d'euros, augmentant de 23,6%.
Aujourd'hui 650 000 foyers se trouvent dans ?le rouge?, devant faire face à l'impossibilité de respecter les échéances de remboursement. Ce sont alors, lorsqu'il y en a, les biens immobiliers qui sont saisis. On dénombre, ainsi, au cours des 6 premiers mois de l'année 2007, 55 000 biens vendus aux enchères.
Delphine Millet Prifti (www.lepetitjournal.com ? Athènes) 22 octobre 2007

Economie
Lire aussi : "Le miracle grec était un mythe, par Didier Kunz", Le Monde, 10 octobre 2007