L'anarchisme en Grèce n'est pas anodin : terrorisme, manifestations ou encore culture underground. Si le poids des personnes n'est pas important, le poids médiatique et culturel n'est, quant à lui, pas à ignorer. Petite rétrospective à l'approche du 17 novembre pour mieux comprendre l'anarchisme grec
(Photo LPJ)
Manifestation étudiante en début d'année : un cocktail Molotov vole et s'écrase sur une baraque des gardes du Parlement. La nation est en émoi, c'est la démocratie que l'on attaque. Les anarchistes revendiquent et on entend dire "encore eux". Le groupe anarchiste baptisé "17 novembre"est jugé pour terrorisme, "encore eux". Une librairie ou une banque brûle, "encore eux". Un poste de police explose, "toujours eux". Leur poids et leur visibilité prennent de telles proportions que le ministre de l'Ordre public a décidé de doubler les gardes de police "à cause d'eux". Bien sûr ce sont "eux". Mais qui sont-ils ?
Les premiers groupes anarchistes connus en Grèce remontent à la fin du 19e siècle. Mais leur histoire n'a pas grand intérêt jusque dans les années 70. Auparavant, il s'agissait de petits groupes sans structure dont les idées étaient un mélange d'à peu près tout, du romantisme au terrorisme suicidaire, en passant par le syndicalisme ultra.
Structures et contestation
C'est à l'école Polytechnique, située à Exarhia, que tout a commencé. En novembre 1973, l'école manifeste contre la dictature, un char rentre dans l'université, le traumatisme est né chez les étudiants.
Dès lors, l'anarchisme devient visible, porté par les valeurs de l'époque (montée du communisme et mai 68) il s'organise en groupes de différentes sensibilités et différents moyens d'actions. On trouve alors des groupes anarcho-syndicalistes (chez les travailleurs), anarcho-communistes ou anarchistes soixante-huitard (chez les jeunes).
Tous publient une revue ou un journal dans lequel ils font passer leurs idées sous le manteau (on peut les consulter à la bibliothèque anarchiste d'Exarhia).
Leurs actions sont assez diverses : cours de langue, concerts de soutien, affichages, manifestations, tags, cocktails Molotov, terrorisme. Alors que certains tentent l'apprentissage ou la propagande, d'autres ont un point de vue plus radical à l'image du groupe terroriste communiste Action Directe, qui a sévi en France dans les années 80.
Le centre de ce petit monde est bien sûr la place Exarhia où flotte leurs couleurs sur la statue centrale. On trouve aussi d'autres groupes au Pirée mais d'une mouvance plus syndicaliste.
Steven D. et Christina P. (www.lepetitjournal.com - Athènes) jeudi 15 novembre 2007