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Les relations France-Algérie dans le brouillard des tensions diplomatiques

Portraits respectifs d'Emmanuel Macron et d'Abdelmadjid TebbounePortraits respectifs d'Emmanuel Macron et d'Abdelmadjid Tebboune
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 12 octobre 2021, mis à jour le 13 octobre 2021

Depuis le mois de septembre, les désaccords diplomatiques entre la France et l’Algérie n’ont cessé d’augmenter. Le président Emmanuel Macron demande d’apaiser les tensions, l’Algérie y met des conditions.

 

Pour la deuxième fois depuis mai 2020, Alger convoque son ambassadeur Mohamed Antar-Daoud. Dans ce bras de fer politique, le président Emmanuel Macron tente depuis une semaine d’apaiser les tensions. Lepetitjournal.com revient sur cette situation complexe entre deux pays au passé tumultueux.

 

La réduction des visas français pour l’Algérie

Le conflit débute par l’annonce de Gabriel Attal le mardi 28 septembre. Sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement français officialise la réduction des visas de 30% pour la Tunisie et de moitié pour l’Algérie et le Maroc. Pour cause, un « refus » de ces trois pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. Prévenus un mois à l’avance, cette mise en application est contestée. « Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons » a déclaré auprès de l’agence officielle Algérie Presse Service un des envoyés spéciaux du gouvernement, Amar Belani.

 

Selon Le Monde, la France va « s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder ». En revanche, l’idée est « d’ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant » et qui « avaient l’habitude de demander des visas facilement » confie Emmanuel Macron.

 

L’ambassadeur français notifié

Suite aux mesures prises par le gouvernement français, le ministère des Affaires étrangères algérien a convoqué le 29 septembre l’ambassadeur français, François Gouyette. Selon un communiqué de l’agence officielle Algérie Presse, le diplomate est notifié pour « protestation formelle du gouvernement algérien à la suite d’une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de France ».

 

L’Algérie heurtée par les propos d’Emmanuel Macron

Deux jours après l’annonce des réductions de visas, lors d’un dialogue inédit avec 18 petits-enfants algériens, Emmanuel Macron déclare que « la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question (…) ». Selon Le Monde, Emmanuel Macron aurait affirmé  qu’« une histoire officielle totalement réécrite » s’est implantée avec « un système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle ». La réaction ne s’est pas fait attendre du côté algérien. « Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale, les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité », peut-on lire sur le site de l’Ambassade d’Algérie en France.

 

Retour de l’Ambassadeur en Algérie et fermeture de l’espace aérien

Le samedi 2 octobre, après parution de l’article, le représentant diplomatique algérien Mohamed Antar-Daoud est rappelé quant à lui pour « consultations ». Pour la seconde fois, Alger convoque son ambassadeur. En mai 2020, il était rappelé suite à la diffusion d’un documentaire sur le mouvement prodémocratie Hirak diffusé sur des chaînes télévisuelles françaises.

 

L’Algérie a également décidé de fermer son espace aérien aux avions militaires français pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne alors même que les troupes de l’opération antijihadiste Barkhane était en redéploiement. « Cela perturbe très légèrement le flux de soutien, les avions doivent adapter leur plan de vol, mais cela n’affecte ni les opérations ni les missions de renseignement » a déclaré à l’AFP le colonel Pascal Ianni. Selon le porte parole de l’Etat major, l’affaire « est d’abord une question diplomatique ».

 

Vers un apaisement des tensions franco-algériennes ?

Malgré les discordes, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, accepterait de renvoyer son ambassadeur Mohamed Antar-Dahoud mais cette décision est « conditionnée au respect de l'Algérie, le respect total de l'État algérien. On oublie qu'elle a été un jour une colonie française (...) L'Histoire ne doit pas être falsifiée ». Depuis le flou règne sur l’état des relations bilatérales. Emmanuel Macron confiait cependant le 5 octobre dernier sur France Inter : « Mon souhait, c'est qu'il y ait un apaisement parce que je pense que c'est mieux de se parler, d’avancer ».

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