Marie-Hélène Prévot est présidente du Comité des Conseillers du Commerce Extérieur de la France à Hong Kong. A l'occasion de la tenue prochaine du séminaire APAC des CCE de Delhi, nous avons voulu en savoir plus sur cette organisation, son rôle et son actualité à Hong Kong et dans le monde.
Les CCE sont une partie de la team France
Les CCE, c’est quoi ?
Les Conseillers du Commerce Extérieur de la France ont plus de 130 ans et constituent une association unique en son genre en Europe car basée sur des entrepreneurs volontaires au service du gouvernement. Les CCE ont longtemps travaillé dans l’ombre et proposent désormais de plus en plus d’actions visibles voire grand public pour mettre en avant les sociétés françaises dans le monde. Les CCE ont plusieurs missions toutes liées à l’international et l’export. A Hong Kong et ailleurs nous travaillons avec les sociétés françaises déjà implantées, petites (Entrepreneurs Français de l’Etranger) ou grandes en mettant en commun des retours d’expériences pour améliorer leur pertinence et efficacité. Dans cette tâche, nous collaborons avec la « team France » à savoir le Consulat, le Service Economique et Bussiness France, mais aussi la Chambre de Commerce, la French Tech et l’écosystème business de la France à l’étranger. Par ailleurs, nous sommes des sources de remontées d’informations terrain pour les pouvoirs publics. Les thèmes peuvent concerner la nécessaire adaptation des règlementations ou les sujets à valoriser à l’export. Pour les sociétés extérieures qui souhaiteraient ou pourraient s’installer, nous apportons aussi notre aide et allons jusqu’à les attirer sur certaines destinations pour profiter de niches. Enfin, nous accompagnons les jeunes qui veulent s’impliquer à l’international.
Le métissage positif est au coeur de mes valeurs
Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Je suis aujourd’hui dirigeante d’une société de conseil dans le secteur du luxe. J’ai commencé ma carrière chez Remi Cointreau ou je m’occupais de commercial et de branding. C’est cette société qui m’a envoyée en Asie il y a 21 ans où j’ai été approchée par le patron d’Hermes et président des CCE que je ne connaissais pas. J’ai particulièrement apprécié le côté « métissage positif » de cette association qui correspond à mon itinéraire, étant originaire de la Guyane Française. Pendant mes études de commerce, j’avais fait un rapport pour le Secrétariat d’état aux PME qui m’a valu de partir deux mois en Inde. L’international est donc depuis longtemps dans mes gènes. Pour être complet sur mes engagements, je participe à mes heures perdues, à Make It Work, le programme de la Fondation de la Chambre de Commerce pour les travailleurs pauvres à Hong Kong. J’ai aussi co-créé « Ladies of Luxury and Lifestyle » qui rassemble chaque mois des businesswomen dans le secteur du luxe pour des partages d’expérience.
La France et le travail d'équipe sont notre ADN
Comment devient-on CCE aujourd’hui ? Recrutez-vous ?
Nous ne recrutons pas au sens habituel du terme amis nous sommes toujours à la recherche de profils pouvant contribuer. La fonction de CCE relève d’une nomination officielle par le Premier Ministre, celle-ci intervenant deux fois par an sur la base des dossiers présentés. La sélection se fait selon plusieurs critères. Nous cherchons des personnes d’expérience donc avec une carrière de 5 ans minimum dans un secteur à l’international et représentant un intérêt pour la France. Nous cherchons d’abord à être représentatifs du tissu du pays dans lequel nous sommes en termes de secteurs d’activité afin de bien comprendre les enjeux, évènements et prospectives des marchés sur lesquels nous agissons. Cela étant, c’est la personne qui est recherchée plutôt que son parcours ou la société qui l’emploie. Les valeurs personnelles sont donc importantes comme de partager et travailler ensemble, au lieu de rester en silo. Et bien sûr le fait de s’engager activement dans les actions et réunions et bien entendu valoriser la France par ses actes.
Plus de diversité pour les CCE
Enfin à l’heure actuelle, la diversité fait partie de nos focus, non parce que c’est un objectif en soi mais parce que c’est le reflet de la réalité. Nous apprécions donc de recruter plus de femmes de talent, ce qui est assez facile à Hong Kong puisque les femmes représentent 40% des CCE. Nous cherchons aussi à recruter des entrepreneurs plus jeunes pour les mêmes raisons, ainsi que des fonctions différentes. Il est en effet intéressant, en plus des patrons, d’avoir des DRH ou des Directeurs Financiers pour leurs visions sur le business et les environnements culturels locaux. N’ayant pas de contraintes financières, nous sommes libres de recruter selon nos priorités et opportunités, au rythme qui nous convient.
Les CCE pour le zéro carbone à Hong Kong
Quelle est votre actualité ?
Tous les deux ans, comme dans d’autres comité et suivant le rythme des contrats VIE nous organisons le Prix VIE afin de récompenser des projets faits avec l’entreprise d’accueil ou en dehors de celle-ci pour Hong Kong par exemple. Nous travaillons bien entendu la main dans la main avec Business France pour la valorisation des contrats VIE. Nous sommes très impressionnés par les idées et projets présentés jusqu’alors dont certains ont servi de base à la création d’entreprises à Hong Kong. Cette édition du Prix VIE se tiendra au premier semestre 2025.
Le Pavillon France « So French So Innovative » du salon InnoEx a aussi fêté ses 10 ans cette année et reviendra en avril 2025. C’est une initiative des CCE Hong Kong en partenariat avec HKTDC qui a de plus en plus de succès pour mettre en avant les savoir-faire français, impulser des innovations qui n’étaient pas toujours naturellement dans l’esprit des donneurs d’ordre. Nous fédérons sur ce programme des grandes sociétés comme Schneider ou Veolia mais aussi des entreprises plus petites locales ou venues de France pour l’occasion. En 2025, nous allons proposer avec nos partenaires un évènement au deuxième semestre autour des enjeux zero carbone 2050 du gouvernement de Hong Kong avec l’appui de sociétés françaises.
Hong Kong, l’Inde, la Chine…
Ce 24 Novembre, bien sûr le séminaire des CCE APAC est une occasion de nous rencontrer à Delhi avec des débats pour la première fois ouverts aux entrepreneurs et professionnels non-CCE. Nous avons fortement contribué à l’agenda 2024 qui mérite de déplacement au regard de l’importance de la zone économique représentée. L’Inde est un géant actuellement en phase de croissance qu’il convient de considérer dans les stratégies de développement.
S’agissant d’un période de forts enjeux pour la croissance de nos entreprises dans cette zone, notre actualité est naturellement chargée. Nous pensons en effet que notre approche collaborative peut favoriser la sortie de cette période compliquée. Il y a encore beaucoup d’opportunités à saisir dans la région et Hong Kong joue un rôle clé comme porte de sortie de de la Chine vers le monde et aussi d’accès vers ce marché pour les entreprises.