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Dans l’univers coloré et onirique de l’incroyable POUTGE

Ce matin-là, le soleil semble annoncer l’arrivée imminente du printemps à Copenhague, et nous avons rendez-vous à Nørreport avec Jean Luxe, alias Poutge de son nom d’artiste. Il revient tout juste d’une séance photo au Cimetière Bispebjerg, parti capter la beauté des cerisiers en fleurs dès l’aube. Nous nous installons en terrasse à Torvehallerne, et une discussion débute, autour de la photographie, sa passion première. Poutge a une conception et une pratique de son art qui lui sont propres, et une chose est certaine, son talent est à la hauteur de son humilité, immense.

Copenhague Copenhague
Copenhague par Poutge
Écrit par Séverine Martin
Publié le 18 avril 2024, mis à jour le 19 avril 2024

 

Depuis combien de temps vis-tu à Copenhague ? 

 

Poutge : Je suis arrivé de mes Landes natales il y a pile quatre ans, en juin 2020, alors que le Covid sévissait. J’ai alors rejoint mon compagnon, espagnol d’origine, qui vivait déjà ici. Venu le temps d’un week-end, je n’ai pu repartir pour cause de vols annulés, suis resté trois mois d’abord, qui sont devenus définitifs. Au départ j’ai travaillé dans un café français, puis à la télévision danoise, où je faisais des montages audio et vidéo pour des émissions de téléréalité. Depuis un an, je suis e-commerce assistant dans une entreprise spécialisée dans le service client on-line. 

 

 

Portrait de Poutge artiste photo Copenhague
Poutge

 

Qu’est-ce qui t’a amené à la photographie ?

 

P. : C’est en travaillant dans l’Apple Store de Bordeaux que cette appétence pour la photo est née. Tout simplement, j’étais détenteur d’un téléphone de l’enseigne, sur lequel j’ai d’abord installé une nouvelle application à l’époque, qui n’était autre qu’Instagram. Du partage de photos reflétant des moments entre amis, je me suis progressivement mis à faire d’autres clichés. De fil en aiguille, je me suis pris au jeu, jusqu’à remporter un premier concours, qui m’a permis de gagner mon premier appareil photo professionnel, puis un second, et tout s’est très rapidement enchaîné. Un jour, un collaborateur du réseau social m’a contacté pour me demander de contribuer à valoriser Bordeaux avec mes photos. Mon nombre d’abonnés a dès lors explosé. Voilà comment ça a démarré.

 

 

Photographie de Bordeaux par Poutge
Bordeaux par Poutge

 

Tu as plus de 64.000 followers sur Instagram, ta communauté est large. C’est une passion ou un métier ? 

 

P. : Après avoir quitté Apple à l’époque, c’est devenu mon activité, en freelance. J’ai fait pas mal de partenariats avec des offices de tourisme et des marques, afin de promouvoir des destinations, dont l’aéroport de Toulouse et VisitDenmark, entre autres. C’est une période où j’ai énormément voyagé, Suède, Maroc, États-Unis, Italie, Espagne… Désormais, je dirais plutôt que c’est une passion devenue métier, et qui est redevenue passion. Même si j’avoue que j’aimerais me refaire un réseau, ici à Copenhague, afin de proposer mes services. L’appel est lancé…

 

Comment définirais-tu ton style de photographie ?

 

P. : Je suis incapable de définir mon style ! Ce qui est certain c’est que je privilégie l’extérieur, avec du paysage, de l’architecture, du minimalisme, un vrai patchwork de prises de vue ! J’essaye d’intégrer de l’humain aussi, sans qu’il soit toutefois le centre de la photo. J’apprécie quand ça vit, et j’aime la couleur. Ça fuse, c’est déstructuré, c’est ça ma signature.

 

Comment choisis-tu tes sujets ?

 

P. : Si je suis à Copenhague ou à Bordeaux, je sais en général précisément où je veux aller et je prépare mes séances photos, en fonction de la lumière notamment. Lorsque je suis en voyage, c’est plus spontané, au gré de ce que je vois et vis. 

 

Qu’aimes-tu photographier ?

 

P. : En complément de mon appareil, j’adore utiliser mon drone car il procure une vision en hauteur qui change la perception d’un paysage, comme pour les plages des Landes par exemple. À Copenhague, j’ai plusieurs lieux favoris. Le cimetière Bispebjerg, l’iconique Nyhavn pour ses couleurs, des cours intérieures au détour de rues qui sont de véritables bijoux, ou encore Kastrop Søbad, qui est une œuvre architecturale incroyable. 

 

Aire de jeux Copenhague par Poutge
Aire de jeu de Copenhague par Poutge

 

Qu’apprécies-tu dans ta vie à Copenhague ? 

 

P. : C’est une capitale à dimension humaine, on ne sent jamais oppressés, quel confort ! 

 

Que n’as-tu pas encore photographié, mais dont tu rêves ?

 

P. : Tokyo et le Taj Mahal ! Jusqu’à ce qui je m’y rende il y a deux ans, c’était l’Islande. Cette destination 100 % nature est à couper le souffle, elle a changé ma vie. Et d’ailleurs, pour l’anecdote, c’est là-bas que j’ai été demandé en mariage…magique !

 

Que t’a appris l’art de la photographie ?

 

P. : À être patient. Chose que je n’envisageais même pas avant, désormais j’aime me retrouver seul, le temps d’une journée ou d’un voyage, pour capter des moments, des ambiances ou même des couleurs. Être dans ma bulle quand je photographie me fait un bien fou.

 

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent se lancer dans la photographie ?

 

P. : Mon parcours démontre que j’ai appris à l’intuition puisque je n’ai pas de formation professionnelle. Certes j’ai participé à des workshops, mais l’instinct et la curiosité m’ont avant tout guidé, il m’est donc compliqué de diffuser des conseils. De nos jours, tout le monde possède un mobile, alors il faut essayer, c’est aussi simple que ça. En revanche, que l’on soit amateur ou professionnel, la course au « like » ou au buzz génère parfois des attitudes irrespectueuses de l’homme envers la nature, prêter attention à ne pas dégrader me semble être une recommandation importante…

 

Une anecdote à nous livrer ?

 

P. : Je me souviens m’être rendu à Nyhavn un matin d’hiver en période de Covid. J’étais seul, la sensation était extraordinaire, je ne suis pas près de revivre ça ! Et puis, autre souvenir, un jour, une femme me contacte par rapport à une photo que j’avais prise et postée, d’une passerelle de vélos qui se reflétait dans l’eau. Elle souhaitait l’acheter pour l’offrir à son époux. Je la rencontre afin de la lui remettre, et elle se met à pleurer. Elle et lui étaient les architectes de cette passerelle, qui symbolisait leur rencontre. J’étais extrêmement touché, et son émotion une très belle récompense pour mon travail.

 

Instagram : @poutge

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