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Vanlife en Australie : la réalité derrière le filtre Instagram

Réveils au bord de l’océan, kangourous bondissants sur les plages de Cape Hillsborough, paysages de rêve… Sur Instagram ou TikTok, la vanlife australienne prend des airs de paradis itinérant. Les réseaux sociaux regorgent de contenus qui séduisent l’aventurier qui sommeille en nous. Mais derrière cette image dorée, la réalité est-elle à la hauteur de cette vision édulcorée ?

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Écrit par Cassandre Nizan
Publié le 1 juillet 2025, mis à jour le 2 juillet 2025


 

La Vanlife, un phénomène alléchant, synonyme de liberté absolue

En ouvrant Instagram, vous êtes sûrement tombés sur ces réels aux images léchées : vues de drones sur les plus beaux paysages australiens, animaux exotiques à perte de vue, Réveils parfaits sur des plages à l’eau turquoise… Tout semble idyllique ! Ces contenus séduisent particulièrement les jeunes en quête d’aventure et de rupture avec la routine.

 

 

 

 

Mais qu’est-ce que la Vanlife, réellement ? Ce concept désigne la vie en véhicule aménagé, que ce soit pour quelques jours ou sur du long terme. Ce qui plaît tant aux voyageurs, c’est l’absence de destination fixe. Jouissant d’une liberté totale, ces nomades des temps modernes choisissent leur itinéraire selon leurs envies. Finalement, la vanlife, c’est se laisser vivre l’instant présent tout en accordant autant d’importance au trajet qu’à la destination.

Bien que ce mode de vie alternatif connaisse un regain croissant, il n’est pas nouveau. Née dans les années 1950 avec la commercialisation des Volkswagen Combi, la vanlife suscite un engouement important à partir des années 1960 avec l’idéologie hippie. La vie en van devient alors un symbole de non-violence, de refus des valeurs traditionnelles et de liberté de mouvement, s’inscrivant dans une volonté de retour à la nature : le fameux back to the land.

Autrefois perçus comme marginaux ou négligés, les vanlifers d’aujourd’hui viennent de tous horizons. Selon une enquête de Nomads around Australia, l’âge moyen des Vanlifers est de 24 -35 ans avec une répartition relativement égale d’hommes et de femmes. Tous partagent une même envie : indépendance, liberté, simplicité.

 

 

"J’ai aimé pouvoir planifier mon voyage selon mes envies et laisser place à l’inconnu", confie Lucas.

 

En traversant le Queensland, Lucas a lui-même retrouvé cette essence, émerveillé par les paysages, les couchers de soleil et la richesse de la faune australienne. “J’ai aimé pouvoir planifier mon voyage selon mes envies et laisser place à l’inconnu”, confie-t-il, partageant sur son compte Instagram cet émerveillement, cette spontanéité et cette légèreté. Pourtant, comme beaucoup de nomades, Lucas reconnaît que la vie en van n’est pas sans contraintes ni imprévus.


 

 

Les déboires de la Vanlife

À l’ère numérique, Instagram s’impose comme une référence en termes d’inspiration et d’organisation de voyage. Selon le média Destrée, 63 % des voyageurs utilisent des plateformes comme Instagram pour choisir leur prochaine destination. Ces contenus deviennent des sources d’inspiration, mais également des standards. Avec toutes les vidéos exposant les meilleures vues et les spots les plus photogéniques de l’Australie, difficile de ne pas idéaliser son road trip.

 

 

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Parcourir les routes du Queensland, c’est découvrir de vastes plaines ensoleillées (après tout, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme le Sunshine State). Ce sont des arrêts sur des plages dignes d’une carte postale et le plaisir de profiter d’un climat généralement favorable… mais aussi des galères mécaniques, des kilomètres de vide, et parfois plusieurs jours sans une vraie douche. Le véhicule aménagé est synonyme de liberté, certes, mais aussi de dépenses : carburant, entretien, réparations imprévues, voire franchise ou caution si le véhicule est loué. Sans oublier les amendes… car s’il n’y a pas de péage sur les autoroutes australiennes, il y a bel et bien des radars !

 

 

Contrairement à ce que l’on croit, il ne fait pas toujours beau en Australie.

 

Et puis, il y a la météo. Contrairement à ce que l’on croit, il ne fait pas toujours beau en Australie. Et quand il pleut, tout devient une corvée : sortir du véhicule, installer la table, cuisiner… Plusieurs fois, Lucas et sa partenaire se sont contentés de grignoter dans le lit, ou ont fini dans un McDonald’s. Et si vous dormez dans une roof tent, vous dépendez encore plus du climat. Se réveiller à deux heures du matin à cause du vent ou d’une tente qui prend l’eau, ça fait partie du revers de la médaille.

 

 

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Au-delà du confort, le mauvais temps perturbe aussi les activités. Il est difficile d’apprécier les plages d’Agnes Water sous la pluie, ou d’organiser des randonnées après une pluie battante. Autre contrainte essentielle : le timing des trajets. Il faut toujours viser une arrivée avant la tombée de la nuit. Mais pourquoi donc ? Les kangourous ! Aussi mignons soient-ils, ils deviennent un véritable danger sur la route à la nuit tombée, causant de nombreuses collisions. Arriver tôt sur un free camp ne garantit pas de croiser d’autres jeunes autour d’un apéro, loin de là. À défaut de rencontrer des jeunes backpackers, on croise souvent des retraités australiens suréquipés profitant de leur week-end. Loin de l’image conviviale véhiculée sur Instagram, certaines soirées semblent s’éterniser. Cependant, c’est une bonne occasion pour enchainer quelques épisodes d’une série. 

 

À noter aussi : les free camps ne sont pas partout. Parfois, il faut faire plusieurs kilomètres pour en trouver un. C’est une expérience riche et intense, dont l’imprévisibilité peut devenir épuisante, autant physiquement que mentalement.

 

La vanlife n’est donc pas seulement un mode de voyage, c’est un véritable état d’esprit. C’est une expérience à la fois intense et enrichissante qui mérite d’être vécue pleinement, malgré ses imperfections. Elle résonne avec une génération en quête de sens, hantée par la peur de ne pas « assez vivre ». Certes, ce n’est qu’un voyage. Mais un voyage qui nous anime du début à la fin, qui parfois nous échappe, nous dépasse, nous épuisent… Mais c’est également un voyage qui nous remet au cœur de l’action.

Il y a des détours inutiles, des erreurs de parcours, des tensions passagères, et même des accidents improbables… mais aussi des anecdotes qui font rire plus tard, et des souvenirs qui marquent. Cette expérience entre en contradiction avec notre envie de contrôle et de perfection. Et c’est peut-être ça, au fond, le vrai charme de la vanlife.


 

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