Avec une économie stable et ouverte aux investissements étrangers, l’Autriche est l’une des destinations les plus attractives d’Europe pour entreprendre. Mais créer une entreprise à l’étranger implique de naviguer entre les démarches administratives, la fiscalité et le choix du bon statut juridique. Lepetitjournal.com vous livre le guide pratique pour vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale au cœur de l’un des marchés les plus dynamiques de la région.


Le contexte économique en Autriche
Située au cœur de l’Europe, l’Autriche est l’une des économies les plus performantes et stables de l’Union européenne, avec un PIB de 519 milliards d’euros en 2024. Son industrie manufacturière, qui représente près de 28 % du PIB, est un pilier majeur, portée par des secteurs clés comme la mécanique, l’automobile ou la chimie. Le tourisme génère plus de 15 % du PIB, avec plus de 150 millions de nuitées enregistrées en 2023, faisant des Alpes et de Vienne des destinations phares. La capitale s’impose aussi comme un hub régional pour les fintechs et les sièges de multinationales. Grâce à son positionnement géographique stratégique et à une main-d'œuvre qualifiée, l’Autriche joue un rôle central de plateforme commerciale vers les marchés d’Europe centrale et orientale.

Les visas pour entreprendre et travailler en Autriche
Les ressortissants de l'Union européenne et de l'Espace économique européen n'ont pas besoin de visa pour séjourner ou travailler en Autriche. Ils peuvent s'y installer librement, sous réserve de s'enregistrer auprès des autorités locales dans les quatre mois suivant leur arrivée. Pour les ressortissants de pays tiers, le visa C ou D, lorsqu’il est assorti de la mention « Erwerb » (activité lucrative), autorise l’exercice d’une activité professionnelle, salariée ou indépendante, pour une période déterminée, généralement jusqu’à six mois. Le visa est requis pour toute activité rémunérée et doit être demandé auprès de l’ambassade ou du consulat autrichien compétent dans le pays d’origine.
Pour les projets entrepreneuriaux plus longs, le permis de séjour pour travailleur indépendant s’adresse aux personnes souhaitant créer ou reprendre une entreprise en Autriche. Ce permis est accordé sur évaluation de la solidité financière du projet, de son impact sur l’économie locale et de l’expérience du porteur de projet. Enfin, la carte rouge-blanc-rouge (Rot-Weiß-Rot Karte) est un dispositif ciblant les profils hautement qualifiés, qu’ils soient entrepreneurs, cadres ou experts dans des domaines en tension. Elle repose sur un système de points prenant en compte la qualification, l’expérience professionnelle, le niveau de langue, l’âge et l’offre d’emploi ou de projet entrepreneurial présenté, et permet une installation à moyen ou long terme en Autriche, accompagnée du droit au travail.

Les différents statuts juridiques pour créer son entreprise
Entreprise individuelle (Einzelunternehmen)
Il s’agit de la forme juridique la plus simple à constituer, privilégiée par les freelances, artisans ou petites activités commerciales. Aucun capital minimum n’est requis et les formalités administratives sont réduites. Mais l’entrepreneur est responsable des dettes de l’entreprise, signifiant que ses biens privés peuvent être engagés en cas de difficultés financières.
Société en nom collectif (Offene Gesellschaft)
La société en nom collectif (OG) convient aux projets impliquant au moins deux partenaires actifs. Chaque associé est responsable des dettes de la société et aucune exigence de capital minimum n’est requise. L’OG est principalement utilisée pour des petites entreprises familiales ou des partenariats entre professionnels car chacun est juridiquement engagé pour l’ensemble des obligations de l’entreprise.
Société en commandite (Kommanditgesellschaft)
Il s’agit d’un type de société composée de deux types d’associés : les commandités (Komplementär), qui ont une responsabilité illimitée et assurent la gestion de l’entreprise, et les commanditaires (Kommanditist), qui ne participent pas à la gestion et ne sont responsables qu’à hauteur de leur apport. C’est une structure souvent utilisée lorsque certains investisseurs souhaitent soutenir un projet sans en assumer la gestion ni les risques personnels.
Société à responsabilité limitée (Gesellschaft mit beschränkter Haftung)
La GmbH est la forme la plus courante pour les PME en Autriche. Elle permet une responsabilité limitée des associés à la hauteur de leur participation au capital. Le capital social minimum est de 35.000 €, dont 17.500 € doivent être versés au moment de la création. Les statuts doivent être rédigés par acte notarié. La GmbH offre une structure flexible et sécurisée pour les investisseurs souhaitant séparer leurs finances personnelles de l’activité de l’entreprise, avec une gestion encadrée par la loi.
Société anonyme (Aktiengesellschaft)
Réservée aux grandes entreprises, la société anonyme est adaptée à celles qui souhaitent lever des fonds sur les marchés financiers. Elle nécessite un capital minimum de 70.000 € et une gouvernance structurée, avec un directoire (ou conseil d’administration) et un conseil de surveillance. L’AG permet un accès facilité aux financements externes et convient aux groupes ayant une stratégie de croissance à grande échelle, notamment à l’international.

Comment enregistrer son entreprise en Autriche ?
1 - Rédaction des statuts
Pour les sociétés (GmbH, AG), la rédaction des statuts est une étape obligatoire qui formalise les règles de fonctionnement de l’entreprise. Les statuts doivent être rédigés en allemand, puis signés devant notaire. Ils définissent entre autres le nom de la société, son siège social, son objet, le montant du capital social, la répartition des parts, et les modalités de gouvernance. Il s’agit d’une étape indispensable pour l’obtention du statut juridique de la société et pour son enregistrement au registre du commerce.
2 - Enregistrement au registre du commerce (Firmenbuch)
L’enregistrement au Firmenbuch est obligatoire pour toutes les formes juridiques à l’exception des entreprises individuelles n’excédant pas certains seuils de revenus. Géré par le tribunal de commerce (Landesgericht), l’enregistrement donne une existence légale à la société et rend ses informations accessibles publiquement. Il permet également d’obtenir un numéro d’identification d’entreprise (Firmenbuchnummer), indispensable pour toutes les démarches suivantes. Des frais de greffe sont à prévoir.
3 - Enregistrement auprès des autorités fiscales (Finanzamt)
Une fois l’enregistrement commercial effectué, il est nécessaire de déclarer l’entreprise auprès du bureau des impôts (Finanzamt) pour obtenir un numéro fiscal (Steuernummer), ainsi qu’un numéro de TVA (Umsatzsteuer-Identifikationsnummer) si l’activité le nécessite. Il s’agit d’une étape primordiale pour commencer à facturer, collecter la TVA, et déposer les déclarations fiscales obligatoires. Dans le cas d’une GmbH, une déclaration initiale de revenus prévisionnels est aussi exigée.
4 - Inscription au registre des activités commerciales (Gewerbeanmeldung)
La plupart des activités économiques en Autriche nécessitent une inscription au registre du commerce (Gewerbeanmeldung), géré par l’autorité administrative locale (Bezirkshauptmannschaft ou Magistrat). Cette formalité peut être accomplie en ligne via le portail USP (Unternehmensserviceportal) ou sur place. Certaines professions réglementées exigent des qualifications spécifiques, à fournir lors de la demande. Une fois cette inscription validée, l’entreprise reçoit une licence commerciale (Gewerbeschein), autorisant le démarrage de l’activité.
5 - Ouverture d’un compte bancaire professionnel
Il est aussi nécessaire d’ouvrir un compte bancaire professionnel au nom de la société. Cette étape est indispensable pour gérer les transactions de l’entreprise, recevoir les paiements des clients et verser les salaires. Les banques exigent généralement la présentation des statuts signés, du certificat d’enregistrement au registre du commerce, d’un justificatif de l’adresse du siège social et des documents d’identité des dirigeants. Dans le cas d’une GmbH, le capital social minimum de 17.500 € doit être versé sur ce compte avant l’enregistrement définitif de la société.

Le système fiscal autrichien
Le système fiscal autrichien repose sur une imposition jugée compétitive au sein de l’Union européenne. L’impôt sur les sociétés (Körperschaftsteuer) est fixé à un taux unique de 25 %, applicable aux bénéfices nets des entreprises, sans distinction de taille. En complément, la taxe sur la valeur ajoutée (Umsatzsteuer) s’applique à la majorité des biens et services à un taux standard de 20 %, bien que des taux réduits de 10 % et 13 % soient prévus pour certains produits essentiels comme les denrées alimentaires, les livres ou les prestations culturelles. L’impôt sur le revenu des personnes physiques (Einkommensteuer) est lui progressif, avec des tranches allant de 0 % pour les revenus les plus modestes jusqu’à 55 % pour les tranches les plus élevées, au-delà d’un million d’euros annuels. À noter que les dépenses en recherche et développement peuvent notamment donner lieu à des crédits d’impôt ou à des déductions, pour favoriser l’investissement technologique et la compétitivité.
Les ressources pour les entrepreneurs en Autriche
Austrian Business Agency (ABA)
Agence publique dépendant du ministère fédéral du Travail et de l'Économie, l’ABA propose un accompagnement gratuit aux entreprises étrangères souhaitant s’implanter en Autriche. Elle offre des conseils personnalisés sur les démarches juridiques, fiscales et administratives, facilite l’installation sur le territoire autrichien, aide à la recherche de sites d’implantation, et agit comme intermédiaire avec les autorités locales.
Wirtschaftskammern (Chambres économiques régionales)
Présentes dans chaque Land (région), les chambres économiques autrichiennes accompagnent les entrepreneurs locaux et étrangers à travers des services de conseil juridique, fiscal et commercial. Elles organisent également des formations professionnelles, des ateliers sectoriels, des sessions de networking et publient des études de marché.
Unternehmensserviceportal (USP)
Le portail de service aux entreprises de l’État autrichien centralise toutes les démarches administratives utiles à la création et à la gestion d’une entreprise. Disponible en allemand (et partiellement en anglais), il permet de s’enregistrer, de déclarer son activité, d’accéder aux formulaires fiscaux, de gérer ses obligations sociales et d’obtenir des informations à jour sur la législation en vigueur.
Incubateurs et accélérateurs
Plusieurs structures d’accompagnement à l’innovation sont présentes dans les grandes villes autrichiennes comme INiTS (Vienne), Tech2b (Linz), Science Park Graz, ou encore Startup Salzburg. Des entités qui offrent aux startups un soutien sous forme de coaching, mentoring, espaces de coworking, financement de démarrage et accès à un réseau d’investisseurs, facilitant ainsi leur développement rapide sur le marché autrichien et au-delà.
Austria Wirtschaftsservice (AWS)
Banque publique de développement, l’AWS propose des prêts à taux préférentiel, des subventions, des garanties et des instruments de financement pour les PME et les projets innovants. Elle soutient particulièrement les initiatives dans les domaines de la recherche, des technologies vertes, de la transformation numérique et de l’internationalisation.
Business France Autriche et la Chambre de Commerce Franco-Autrichienne (CCFA)
Les deux structures accompagnent les entrepreneurs français dans leurs projets en Autriche. Business France fournit des études de marché, de la mise en relation et un appui logistique, tandis que la CCFA propose des services de domiciliation, d’accompagnement juridique, et organise des événements pour favoriser les opportunités d’affaires franco-autrichiennes.
Sur le même sujet
