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Sexify, la série polonaise Netflix qui fait fureur en Europe

Affiche de la série polonaise SexifyAffiche de la série polonaise Sexify
Écrit par Cédric Tavernier
Publié le 18 mai 2021

Originale, rafraîchissante, drôle, acide bien qu’un brin caricaturale, la nouvelle série polonaise sur Netflix connaît un grand succès en France et en Europe. Décryptage d’une réussite.

 

Le pitch de Sexify

Étudiante en ingénièrie à l’Université de Varsovie, Natalia, 23 ans, souhaite avec son appli sur le sommeil, décrocher un concours prestigieux et finir ses études en beauté. Or, elle se rend compte que le sujet de son appli ne passionne pas les foules et qu’une appli sur le sexe aurait bien plus de succès « puisque tout le monde ne pense qu’à ça ». Et une appli sur l’orgasme féminin, encore si méconnu, ferait un tabac. Problème : Natalia est vierge et ne connaît pas grand chose à la question. Aidée par Monika, aux mœurs plus légères et par Paulina qui est en couple, elles vont toutes les trois partir à la découverte du plaisir féminin et d’elles-mêmes par la même occasion.

 

 

Le sexe, c’est vendeur

Alors oui, une série qui comporte le mot sexe dans son nom et qui met à l’affiche trois jolies et jeunes Polonaises, à la base, ça suscite beaucoup de curiosités. Beaucoup de murs de Varsovie, à des endroits stratégiques de la ville sont recouverts par l’affiche de cette série et la jolie bouille de nos trois comparses.

 

sexify série Pologne

 

Comme le dit Natalia, à un moment de la série, si 80% des sites internet sont des sites liés au sexe, l’on est sûr d’attirer le chaland en parlant de sexe. C’est déjà un bon départ. Après, bien évidemment, cela ne suffit pas à faire rester les personnes attirées jusqu’au bout ni à engranger de bonnes critiques, qui attireront de nouvelles personnes à leur tour.

 

Des personnalités bien marquées

Bien qu’un peu caricaturales, les 3 personnalités de nos 3 héroïnes sont bien différentes et bien marquées. Et elles deviennent toutes très attachantes. Pour en faire un résumé à l’emporte-pièce : la vierge, Bobonne et la nymphomane. Oui, en apparence mais c’est bien entendu, beaucoup plus complexe que cela. Car la vierge Natalia a une motivation sans faille pour découvrir les secrets du plaisir féminin, Paulina qui a une relation plan-plan est fermement décidée à améliorer son couple et Monika qui pourrait apparaître comme une nymphomane cache de profondes blessures qu’elle s’évertuera à guérir pour retrouver une vie où elle sera en accord avec elle-même.

Cette distribution de personnages, réussie, joue un rôle majeur dans le succès de la série et dans ses critiques très positives.

 

Sexify série polonaise
Copyright FR_tmdb

 

Une série très polonaise... mais qui tend vers l’universel

Oui, c’est très polonais et certains de mes amis français en Pologne étaient étonnés que cette série puisse avoir du succès en France. La fille qui va voir le curé pour s’excuser d’avoir des relations sexuelles hors mariage avec son copain, les shots de vodka enfilés pour se donner du courage, le portrait de Marie Curie accroché au mur, j’en passe.

Cette Pologne que l’on dit si conservatrice ne garde parfois que les apparences de ce conservatisme, en particulier à Varsovie, où a lieu l’action de la série, une ville présentée d’ailleurs comme hyper ouverte, très tolérante et étonnamment assez multiculturelle. On sent que le réalisateur s’est fait plaisir avec un jeune prêtre noir qui joue aux fléchettes dans son église ou pas mal de couples mixtes et homosexuels. Une représentation dans la série qui m’apparaît d’ailleurs exagérée mais je suppose que le réalisateur a voulu, en forçant le trait, présenter la Varsovie dont il réverait et dont on se rapproche à vrai dire.

Ainsi, l’action qui se passe à Varsovie pourrait en fait se passer n’importe où ailleurs même si un certain arrière-fond donne un certain « exotisme » si polonais. Car il s’agit tout simplement de jeunes filles qui ont décidé de partir à la recherche de leur plaisir et d’elles-mêmes par la même occasion. Un thème très universel. Ce parcours initiatique, certes compliqué, mais plein de bonne volonté et de bonnes intentions, nous tiendra en haleine jusqu’à la fin des 8 épisodes.

 

Sexify, série polonaise
Copyright FR_tmdb

 

Sexify, une fresque sociale ?

Oui, je le pense. Tout d’abord le fossé générationnel magnifiquement exprimé dans cette série entre des millenials (ou génération Z) nés à la fin des années 90 et leurs parents nés au milieu des années 60, qui n’ont rien à voir avec nos « boomers » d’Europe Occidentale. Rendez-vous compte : à 15 ans, tous les millenials polonais avaient déjà leur téléphone portable bourré d’applis et étaient en contact avec le monde entier via Internet ou les jeux en ligne. Leurs parents au même âge voyaient les tanks dans les rues pendant l’état de guerre et faisaient la queue avec leurs grands-parents pour s’acheter du papier toilette. Alors que les millenials étudient le marketing en ligne, leurs parents apprenaient les subtilités de l’économie marxiste... La phrase « je ne comprendrai jamais les millenials » est une phrase qui apparaît plusieurs fois dans la série.

Ensuite, le fossé entre Varsovie et la province. Beaucoup des jeunes protagonistes sont originaires de la province. Comme Natalia, qui vient de Łomża, une petite ville de l’Est du pays. Sa mère insiste sur le fait qu’elle devrait revenir dans sa ville, où tout est plus tranquille, bon marché et où elle pourrait avoir un travail simple, un crédit pour une petite maison. L’inverse de ce que veut Natalia, déjà si Varsovienne. Dans l’épisode où ils passent Pâques dans leur famille, ce fossé géographique est patent.

Tout aussi patent que le fossé social entre les différentes héroïnes. Natalia vient d’une famille monoparentale très modeste de province. Paulina vient d’une famille conservatrice et religieuse de province, issue dirons-nous de la classe moyenne supérieure. Quant à Monika, elle vient d’une famille varsovienne très aisée. Le rival de Natalia dans le concours d’applis, lui vient d’une famille de la classe moyenne inférieure de province, où la vodka coule à flots, bien stéréotypée et qui ne comprend en rien les aspirations du jeune homme. Contrairement à des pays comme le Royaume-Uni et dans une moindre mesure la France, la Pologne est un pays où les différentes classes sociales se mélangent assez facilement, surtout chez les jeunes, comme cela est bien visible dans la série. En effet, il ne faut pas oublier que le statut social des familles s’est construit très récemment, dans les années 90 ou dans les années 2000. Dans les années 80, c’était le communisme, il n’y avait guère de propriété privée et la majorité de la population avait une situation sociale plus ou moins uniforme.

 

Sexify, série polonaise
Copyright FR_tmdb

 

De la légèreté !

Ces différentes thèmes et considérations sont, et cela est fait exprès, noyés dans un océan de légèreté. Bon, déjà, le sujet principal de la série : le sexe, qui est un sujet plutôt trivial. Ensuite, la musique, électro pop, ponctuée de cris de plaisir féminins et de petites phrases tendancieuses exprimées par une voix lascive. Et puis beaucoup d’humour. Car oui, quand on est jeune, tout est beaucoup plus drôle et plus léger. Il faudrait essayer de ne pas oublier cela en vieillissant.

 

Bref... Si vous voulez découvrir une Pologne que vous ne soupçonniez pas, rire et aussi en apprendre plus sur la nouvelle génération, le plaisir féminin et sur vous-mêmes, cette série est faite pour vous !

 

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