La Pologne annule sa participation du sommet de Visegrad en Israël

La presse écrite revient largement sur les derniers événements liés aux propos du ministre des Affaires étrangères israélien, Yisrael Katz, nouvellement nommé, accusant les Polonais d’antisémitisme. Le chef de la diplomatie israélienne a déclaré sur une chaîne TV internationale que « de nombreux Polonais avaient collaboré avec les Nazis et, comme l'a dit Yitzhak Shamir (ancien Premier ministre israélien en 1983-1084 et de 1986 à 1992), les Polonais ont tété l'antisémitisme avec le lait de leur mère ».

A la suite de ces propos, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a annulé la participation de la Pologne au sommet du groupe de Visegrad (V4, Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) en Israël. Le sommet a été annulé et remplacé par des réunions bilatérales. M. Morawiecki a qualifié ces propos « de condamnables et racistes ». Selon Rzeczpospolita, le Premier ministre souligne qu’il faut se faire respecter et que « défendre la réputation de la Pologne est l’une de ses tâches primordiales ».Simultanément, le Premier ministre a réaffirmé, dans une interview accordée à Dziennik Gazeta Prawna qu’il faut réagir aux « propos inopportuns » aussi bien en politique qu’en diplomatie. Il confirme aussi que, conjointement avec les Premiers ministres du V4, il a été convenu que le dialogue sur une éventuelle rencontre du V4 avec Israël reprendrait après les élections européennes. Il ne s’agit pas ici « d’un conflit mais plutôt de l’affirmation de la position de la Pologne en matière de politique historique ».

Le rédacteur en chef de Rzeczpospolita estime que les propos du ministre des Affaires étrangères d’Israël sont comme « une bombe atomique » et que cette crise est aussi un affront aux représentants de la partie juive comme le Congrès juif mondial ou l’American Jewish Committee qui depuis des années appellent à la vérité historique et à la réconciliation. « Ce dynamitage du premier sommet du V4 en dehors de l’Union européenne est avant tout un échec d’Israël qui a besoin d’alliés en Europe » - conclut le rédacteur en chef. 

Gazeta Wyborcza fait savoir que les hommes politiques du PiS en veulent au ministre des Affaires étrangères, Jacek Czaputowicz, qu’ils voient comme responsable de ces mésaventures. « On n’aurait jamais dû inviter Netanyahou deux mois avant les élections. Nous avons fait un geste pro-israélien, nous avons organisé la conférence et finalement nous recevons un coup » -indique officieusement un proche collaborateur de Jarosław Kaczyński. 

Le journal fait savoir aussi que l’Union des Communautés religieuses juives de Pologne a pour sa part écrit dans un communiqué qu' « accuser d’antisémitisme tous les Polonais, y compris les Justes, est un outrage à tous ceux qui veulent percevoir les Justes comme la vraie représentation de la société polonaise. C’est aussi un outrage pour nous, les Juifs polonais qui faisons partie de cette société ».