QUALITE DE L’EMPLOI - Fait-il bon travailler en Pologne ?

De l'emploi en Pologne ? Il y en a, mais de moins bonne qualité que dans les autres pays de l'OCDE. Tant en matière de salaires, d'insécurité de l'emploi ou encore de qualité de l'environnement de travail, la Pologne se retrouve en queue de peloton. Alors si elle veut lutter contre l'exode de ses travailleurs, il lui faudra améliorer la qualité de l'emploi. Au risque de créer du chômage??

D'après un rapport de l'OCDE paru en février 2016, qui examine la qualité de l'emploi dans ses 34 pays membres, la Pologne se retrouve parmi les pays où la qualité de l'emploi est la plus mauvaise, aux côtés de l'Espagne, l'Estonie, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, le Portugal, la Slovaquie et la Turquie. Tandis qu'en tête de classement figurent les voisins Allemands, aux côtés de l'Australie, l'Autriche, le Danemark, la Finlande, le Luxembourg, la Norvège et la Suisse. La Belgique et la France se situent plutôt en milieu de classement.

Trois dimensions ont été analysées pour jauger le niveau de qualité de l'emploi: la qualité des revenus, la sécurité d'emploi et l'environnement de travail. La Pologne occupe la

? 29ème  place sur 33 pays évalués en matière de qualité de revenus (contributions de l'emploi aux conditions de vie matérielles),
? 28ème  sur 34 en matière de sécurité d'emploi avec un niveau d'insécurité toutefois nettement plus faible que celui de la Grèce et de l'Espagne,
? 16ème  sur 21 (uniquement les pays de l'UE) en matière de qualité de l'environnement de travail (mesurée en termes de rapport entre le travail demandé et les ressources mises à disposition).

Si les Polonais sont encore nombreux à partir travailler à l'étranger, c'est en grande partie en raison de la qualité de l'emploi. Le site d'information fr.euronews.com publiait en 2015 les résultats d'une enquête réalisée par la société Milbrown intitulée Migration économique des Polonais en 2015. On y apprenait qu'un cinquième des actifs polonais, en majorité des jeunes, étaient prêts à partir travailler à l'étranger, essentiellement pour obtenir un meilleur salaire. Un confort de vie plus élevé et de meilleures conditions d'exercice professionnel figuraient également parmi les motifs à l'émigration.

La rétention de sa main d'?uvre, dont la qualité attire de nombreux investisseurs étrangers, est donc un enjeu majeur pour la Pologne qui a notamment connu des exodes de travailleurs importants à la suite de l'adhésion à l'Union européenne. Pour y arriver, le pays devra donc offrir de meilleures conditions d'emplois à ses actifs. Mais cela risque-t-il de menacer la quantité d'emplois dans un contexte de concurrence accrue en termes de coût de main d'oeuvre ? Rien n'est moins sûr si on en croit le rapport de l'OCDE qui établit une corrélation entre qualité et quantité. Ainsi, les pays qui connaissent un taux d'emploi élevé, comme l'Allemagne, afficheraient une meilleure qualité d'emploi ; à l'inverse, comme en Grèce, à une faible qualité d'emploi correspond une faible quantité.

Améliorer la qualité tout en maintenant un volume d'emplois important semble donc possible et économiquement souhaitable. Cela permettrait de stimuler la consommation des ménages, un des piliers de la croissance polonaise. Une grande partie des Polonais souvent qualifiée et travailleuse aspire à un meilleur niveau de vie. Et à la lecture des chiffres de l'OCDE, une réelle marge de progression existe dans le pays !

Retrouvez tous les articles de William Watelet sur le blog Lewilinfo 

William Watelet (lepetitjournal.com/Varsovie) ? Mardi 15 mars 2016

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