La pandémie et les restrictions appliquées ont changé la vie publique et privée, mais ont aussi fortement perturbé l'économie polonaise.
Le 16 avril 2020, le premier ministre, Mateusz Morawiecki, a annoncé qu'à partir du 20 avril, commencerait une nouvelle étape de suppression progressive de certaines restrictions. Le gouvernement a procédé au dégel de l'économie polonaise en quatre étapes, sans donner de dates précises dans un premier temps. Cependant, l'introduction des étapes progressives a été décidée par le ministre de la santé suite aux données montrant des progrès dans la lutte contre le coronavirus
Quelle est donc la situation des entrepreneurs polonais à l’heure du déconfinement?
Les carnets de commandes
Comme l'indiquent les auteurs de l’enquête menée du 26 au 29 mai 2020 par IBRIS pour l'Institut Économique Polonais et le Fonds de Développement Polonais, 35% des entreprises déclarent une diminution du nombre de nouvelles commandes par rapport à la fin avril ce qui constitue un résultat inférieur de 6 % à celui de la mi-mai. La situation sur le marché du travail continue de se stabiliser, où "seuls 5 % des entrepreneurs prévoient de réduire leur masse salariale".
La situation financière
18 % des entreprises interrogées ont déclaré avoir retrouvé leur situation financière d'avant la pandémie, cependant 24 % n'ont pas pu déterminer quand leur situation financière se rétablira complètement, indiquant des délais supérieurs à un an. Près de la moitié des entreprises interrogées (49 %) ont déclaré que leur situation financière n'avait pas changé à la suite du dégel de certaines branches de l'économie. 31% des entreprises, principalement du secteur manufacturier, ont déclaré une amélioration de leur situation. D'autre part, 10 % des entreprises considèrent que leur situation s'est détériorée - il s'agit principalement des représentants du secteur du commerce.
L'emploi et les salaires
Selon cette enquête, au début du mois d'avril, 28% des entreprises interrogées ont déclaré avoir réduit leur masse salariale, et seules 2% ont prévu de l'augmenter, A la mi-mai, ce besoin était signalé par 13% des entreprises, et selon la dernière enquête fin-mai, 5% des entreprises prévoient de licencier alors que le pourcentage d'entreprises souhaitant augmenter le nombre de salariés a doublé : de 7 % à 14 %.
Concernant le niveau des salaires, la part des entreprises qui prévoient de maintenir le niveau actuel des salaires a également augmenté de 36% début avril à 78% fin mai. Pourtant 9 % des entreprises prévoient des réductions.
Le dégel progressif de l'économie joue un rôle sur la situation sur le marché du travail, ce qui se traduit par un pourcentage de plus en plus faible d'entreprises prévoyant de réduire leur nombre d’employés ou les salaires. Beaucoup d’entreprises avaient décidé, au cours des mois précédents, de supprimer des emplois ou de réduire les salaires. Au mois de mai, 10% des entreprises ont procédé à des licenciements, contre 12 % en avril. En mai, 14 % des entreprises interrogées ont réduit les salaires de leurs employés, contre 19 % en avril.
Il est important de noter que dans l'étude du 23 avril, les estimations des économistes de la banque PKO étaient encore pessimistes : ils prévoyaient une augmentation du chômage entraîné par les réductions d'emploi pour atteindre un niveau entre 11 et 13% à la fin de l'année. L'économie polonaise pourrait se contracter de 4,4 %. Cependant selon leurs dernières prévisions, le chômage ne dépassera pas 10%.
Le PIB
Selon les données présentées par L'Office central des statistiques (le GUS) pour le premier trimestre de 2020, le PIB s'est avéré supérieur de 2,0 % par rapport à la période correspondante de l'année dernière, pourtant il a diminué de 0,4% par rapport au IV trimestre 2019.
Ce taux de croissance doit être considéré comme un bon résultat compte tenu de l'apparition de fortes perturbations économiques dues au coronavirus. Toutefois, il est bien inférieur à ce qui était prévu il y a six mois (à cette époque, les perspectives étaient principalement de l'ordre de 3,0 à 3,5 %). Les estimations pour le deuxième trimestre de l’année sont pourtant moins optimistes.
Auteure :
Sylwia Bojanowska
Consultante
Le BOOSTER – Centre de Développement des Affaires de la CCIFP