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La pauvreté augmente à nouveau en Pologne

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Écrit par Cédric Tavernier
Publié le 15 décembre 2019, mis à jour le 16 décembre 2019

Après 4 années de baisse consécutive entre 2014 et 2017, le taux de pauvreté a à nouveau augmenté en 2018.

Qu’est-ce que le seuil de pauvreté ?

Tout d’abord, il convient de définir ce que l’on appelle communément en France le seuil de pauvreté. Il est relatif et correspond selon les statistiques à 50% ou 60% du revenu médian. Ainsi, tout journaliste sérieux qui parlerait de taux de pauvreté se devrait de définir ce seuil à son public et préciser s’il a été utilisé le ratio de 50% ou de 60%. Vous noterez que la différence est notable. Ainsi, si en France, l’on utilise le ratio de 50% qui fixe le seuil de pauvreté à 861 euros par mois, l’on compte dans l’Hexagone 8,0% de pauvres. Mais si l’on utilise le ratio de 60% qui fixe le seuil de pauvreté à 1.041 euros par mois, l’on compte alors dans l’Hexagone 14,1% de pauvres... soit presque le double. Les données concernant la France dans cet article sont de 2017 et proviennent de l’INSEE.

Les données ci-dessus concernent une personne seule. Le seuil de pauvreté tient compte du nombre de personnes qui vivent dans le même logement. L’INSEE utilise pour cela un système de parts. Le premier adulte vaut une part entière, toutes les personnes de plus de 14 ans comptent pour une demi-part et les moins de 14 ans pour 0,3 part. Si chacun ne compte pas pour une part entière, c’est qu’à plusieurs, on fait des économies : pas besoin d’une cuisine ou d’une salle de bain par personne, par exemple. Selon l’INSEE, un couple avec deux enfants en bas âge est pauvre si ses ressources ne dépassent pas 1.822 euros au seuil à 50 % ou 2.186 euros à 60 %. Un couple sans enfant, est pauvre avec moins de 1.301 euros ou de 1.562 euros selon le seuil.

En Pologne, la méthode de calcul utilisée par le GUS, l’office central des statistiques, est un peu différente. L’on ne s’embarrasse pas des différents détails donnés ci-dessus et l’on ne considère pas les revenus mais les dépenses et pas la médiane mais la moyenne. Ainsi, un couple avec deux enfants est pauvre s’il dépense moins de 50% de ce que dépense en moyenne un couple avec deux enfants en Pologne.

Ainsi, comparer le seuil de pauvreté en France et en Pologne, c’est un peu comme comparer des choux et des carottes. Qui plus est, il est vraisemblable qu’un Polonais ayant le pouvoir d’achat d’un Français qui gagne 800 euros par mois ne soit pas considéré comme pauvre par les statistiques polonaises… Mais bon, si malgré tout, l’on s’essayait à la comparaison, l’on peut noter que le taux de pauvreté est beaucoup plus bas en France qu’en Pologne : 8,0% contre 14,2%. Certes, les données concernant la Pologne que je donnerai dans cet article sont de 2018. En 2017, le taux de pauvreté était de 13,4%.

 

Pauvreté relative et extrême pauvreté en Pologne

Le taux de pauvreté tel que précisé ci-dessus sera appelé taux de pauvreté relative dans la suite de l’article.

Sera mentionné également le taux d’extrême pauvreté qui concerne les personnes en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Il a été défini par le GUS de la façon suivante : « Une consommation inférieure à ce niveau entrave la survie et constitue une menace pour le développement psychophysique de la personne ». Le seuil de pauvreté est fixé par l'Institut du travail et des affaires sociales. Il varie en fonction de la taille du ménage. L'année dernière, pour les personnes seules, c'était moins de 600 PLN (environ 140 euros) par mois et pour un couple avec deux enfants, environ 500 PLN (environ 120 euros) par tête. Par rapport à 2017, ces montants ont augmenté de plusieurs zlotys. Comme si avec 600 PLN par mois, l’on pouvait assurer ses besoins primaires… Sans parler des différents éléments importants que ce genre de statistiques ne prennent pas en compte : si les personnes sont propriétaires ou non de leur logement ou les différences de pouvoir d’achat en fonction de l’endroit où on habite. Alors, si certes à Varsovie, en cherchant bien, l’on peut réussir à trouver une chambre miteuse dans une banlieue sinistre de la ville pour 600 PLN par mois, il ne reste plus guère d’argent pour se nourrir… la situation étant moins dramatique à la campagne.

 

La pauvreté a augmenté en 2018

Comme on l’a vu précédemment, le taux de pauvreté relative en Pologne a augmenté, passant de 13,4% en 2017 à 14,2% en 2018. C’est la première fois que ce taux a augmenté depuis 2008. En effet, en 2008, il était à 17,6% et il a baissé constamment jusqu’en 2017.

Quant au taux d'extrême pauvreté, il a aussi augmenté. Passant de 4,3% en 2017 à 5,4% en 2018. Plus d’un Polonais sur 20 vit avec moins de 20 PLN par jour (moins de 5 euros), ça glace un peu le sang… Ce taux d’extrême pauvreté n’a pas suivi la courbe du taux de pauvreté relative. Il a augmenté de 2008 à 2013 passant de 5,6% en 2008 à 7,2% en 2013 puis a diminué fortement jusqu’en 2017 avant de remonter l’année dernière.

C’est dans les villes entre 200.000 et 500.000 habitants où le taux d’extrême pauvreté est le plus bas avec 1,1% en 2018, puis dans les villes de plus de 500.000 habitants avec 1,5%. C’est dans les campagnes où il est le plus élevé avec 9,4% et où son augmentation est la plus forte car il n’était « que » de 7,3% en 2017. Après, comme nous l’avons souligné plus haut, c’est sûrement pire d’avoir 700 PLN par mois à Varsovie que 500 PLN par mois à la campagne.

 

500+ ?

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, le gouvernement PiS (Parti Droit et Justice) a mis en place en 2016 juste après son élection le programme 500+, les allocations familiales pour faire simple, qui étaient jusqu’à présent inexistantes en Pologne. Ce programme s’appelle 500+ car lors des élections de 2015, le PiS avait comme mesure phare de son programme de donner à toute famille ayant au moins 2 enfants 500 PLN (120 euros) par mois et par enfant à partir du deuxième enfant jusqu’à sa majorité. Les familles bénéficiant de très faibles revenus pouvaient également en bénéficier dès le premier enfant. La promesse électorale est entrée en vigueur le 1er avril 2016. Depuis le 1er juillet 2019, la mesure a été étendue même au premier enfant sans condition de ressources.  Cette mesure était censée augmenter le taux de fécondité très faible en Pologne (1,32 enfant par femme en 2015 – données Banque Mondiale) et en baisse quasi-constante depuis 1983 où il était de 2,42. Mais cette mesure était aussi censée faire baisser l’extrême pauvreté.

Le taux d’extrême pauvreté a fortement baissé entre 2014 et 2017 passant de 7,4% à 4,3% mais 500+ n’est effectif que depuis le 1er avril 2016. Le taux d'extrême pauvreté avait déjà fortement baissé en 2015 à 6,5%. Puis il a continué sa baisse, 4,9% en 2016 et enfin 4,3% en 2017. S’il est raisonnable de penser que 500+ a joué un rôle, il est plus difficile d’en estimer son réel impact. Et puis, pourquoi le taux de pauvreté a à nouveau bondi à 5,4% en 2018 ? Surtout que c’est dans les familles de 3 enfants et plus que le taux d’extrême pauvreté a le plus augmenté passant de 7,6% en 2017 à 9,7% en 2018. Rendez-vous compte, un couple avec trois enfants sur dix dépense moins de 2500 PLN (600 euros) par mois pour toute la famille…

 

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