

Qui est-il ? Où va t-il ? Qu'y fait-il ?... lepetitjournal.com explore les m?urs méconnues du touriste polonais. [archive 2011]
En quelques années les Polonais ont doublé leurs dépenses de vacances, mais leurs pratiques touristiques révèlent les grandes inégalités qui divisent le pays. Précarité oblige, plus de 50% des Polonais ne partiront pas en vacances cet été. Et si 40% de Polonais passent leurs congés en Pologne, seuls 10% des Polonais partiront en vacances à l'étranger. Les révolutions arabes, les troubles en Grèce et en Espagne profiteront au tourisme local... (NB : Ces chiffres peuvent surprendre mais sont pourtant très similaires à la situation française).
Petite sociologie du vacancier polonais
35% des Polonais n'ont jamais quitté leur pays. Parmi eux, une majorité de femmes. Les populations rurales sont aussi largement exclues. Seulement 5% des agriculteurs partent en vacances. Et contrairement à l'Europe de l'ouest, les voyages à l'étranger ne sont pas en vogue chez les retraités polonais (souvent peu fortunés).
En Pologne, comme ailleurs, plus on est riche, plus on voyage fréquemment et plus on voyage loin. Pour les dernières élections présidentielles, le gouvernement avait d'ailleurs ouvert des bureaux de vote sur les lieux de vacances préférés des Polonais. L'abstention de ces vacanciers aurait pénalisé davantage le candidat des libéraux au pouvoir Bronis?aw Komorowski, que son rival conservateur Jaros?aw Kaczy?ski. Ce dernier est en effet soutenu par des électeurs souvent moins aisés, plus âgés et donc moins disposés à passer leurs vacances en bikini à Antalya.
Les Polonais adorent les séjours à la mer. Pour ses belles plages, sa proximité et une certaine tranquillité (un terrain connu et des soins médicaux gratuits), la Baltique est un choix naturel. Mais ces vacances restent chères et si les plages sont belles, elles manquent de cocotiers... Ceux qui restent en Pologne mais ne choisissent pas la mer optent généralement pour la montage (Zakopane, Karpacz, Muszyna, Szczawnica, Wis?a, Ustrzyki Dolne...) ou de plus en plus souvent pour un "repos sous le poirier" dans un agroturystyka.
Sous le communisme, les Polonais chanceux (ou proches du régime) pouvaient découvrir les joies du tourisme dans les zones les plus balnéaires du bloc de l'est (Bulgarie, Crimée ou même RDA). Héritage du paternalisme de la PRL, 7% de Polonais continuent d'ailleurs de choisir des vacances organisées par leur employeur.
Aujourd'hui si la Bulgarie est encore populaire, l'Allemagne de l'Est l'est déjà beaucoup moins. On lui préfère des destinations plus au sud : Espagne, Italie, Croatie, Grèce, Turquie, Tunisie, Egypte. Dans ces deux derniers pays, les Polonais représentaient déjà le 5e contingent de touristes avec respectivement 200.000 et 600.000 visiteurs. Les révolutions arabes n'ont pas changé durablement la chose, car les prix cassés proposés par l'industrie touristique ont eu déjà raison de nombreuses réticences...
Le point commun entre toutes ces destinations ? Des plages ensoleillées ! Leur proximité autorise aussi de perdre moins de temps en avion et de rentabiliser au mieux son séjour, même court. Le coût des billets d'avion (souvent low-cost) est aussi réduit. Les frais de séjour y sont également raisonnables. Enfin le développement d'un tourisme de masse autorise des économies d'échelle (vols charter, forfaits négociés au mieux par les tours opérateurs...).
Peu de safaris au Kenya, de treks en Argentine ou de bronzettes aux Seychelles donc. Et encore peu de séjours culturels dans les grandes capitales européennes... Trop souvent la gratuité du bar, le bronzage et la jalousie espérée des collègues au retour de vacances passent avant la découverte d'un peuple ou d'une région.
Contrairement aux touristes français ?blasés et râleurs? ou aux Italiens ?bruyants et grégaires?... le vacancier polonais, comme l'allemand, a la réputation d'être poli et docile. Il laisserait par contre encore moins de pourboire que son voisin teuton.
Faute d'argent et habitués aux pénuries du système communiste, les touristes polonais ont en effet gagné la réputation d'être pingres. Si aujourd'hui ils ne ramènent plus de pommes de terre (polonaises) dans leurs remorques, ils optent en revanche pour des formules tout compris qu'ils s'efforcent de rentabiliser en dévalisant les buffets. Beaucoup de Polonais ont développé un rapport consumériste au tourisme : ils ne voyagent pas mais consomment des vacances. Sur le sujet, un échange intéressant trouvé sur un forum tunisien:
-?Bonjour tout le monde. Les touristes polonais envahissent nos hôtels où ils prennent surtout des formules All Inclusive. Ils sont aux bars de l'hôtel depuis l'ouverture jusqu'à la fermeture. Ils sont saouls toute la journée et dérangent les autres touristes. [...]. Leurs comportements dégradent la qualité et la réputation du tourisme de notre cher pays la Tunisie. Mieux vaut avoir un hôtel à moitié plein avec des touristes de qualité qu'un hôtel archi-plein de la sorte.?
Une réponse -?La majorité des clients venant des pays de l'Europe de l'est sont de nouveaux touristes qui ont récemment commencé à voyager et sont surtout intéressés par les bas prix ! Donc c'est une clientèle plus ou moins modeste mais qui au moins rapporte des devises et réanime l'économie du pays. En plus de ça, ils ne sont pas aussi exigeants que les Anglais et les Espagnols avec le service dans les hôtels!!! [?] D'ailleurs, les tours opérateurs concentrent leurs clients dans peu d'hôtels de basse qualité donc on a moins de plaintes des clients des autres nationalités !?
A propos des exigences polonaises, elles sont en effet bien prosaïques... d'après une enquête TNS OBOP, à la question, qu'est-ce qui est le plus susceptible de gâcher vos vacances, les Polonais répondent en c?ur le mauvais temps (pour 72% des sondés) et les moustiques (67%), très loin devant les voyagistes malhonnêtes (14%), la mauvaise nourriture (18%) ou un hôtel décevant (30%)...
CQ (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) mercredi 20 juillet 2011
La Pologne boude un peu la première destination touristique mondiale. Trop chère, la France reste une destination de prestige réservée aux classes aisées. Si le savoir-vivre hexagonal attire les Polonais, ceux-ci se plaignent souvent de la non-maîtrise de l'anglais, des petits-déjeuner trop frugaux, de l'attente entre le déjeuner et le diner trop longue et du service médiocre dans les zones touristiques...
Pour amadouer le vacancier polonais, un guide à destination de l'industrie touristique française conseille d'éviter de lui servir de la viande saignante ou de la baguette (trop peu consistante), de ne pas évoquer l'abus d'alcool, de proposer à toute heure du thé avec une tranche de citron, de servir le café avec du lait ou de la crème, et de lui offrir un maximum de pommes de terre...







