L'affaire des écoutes qui l'an dernier a secoué la vie politique polonaise ne finit pas de défrayer la chronique. Ainsi des révélations détaillées sur le contenu des écoutes, publiées sur Facebook, ont déclenché des démissions à la chaîne à la Plate-forme civique (PO, parti d'Ewa Kopacz). Nous revenons avec vous sur cette affaire et les derniers rebondissements qui modifient brutalement le paysage politique polonais.
Affaire des écoutes ? la saga continue
L'affaire des écoutes a éclaté en juin dernier, lorsque l'hebdomadaire Wprost révèle un extrait d'un enregistrement réalisé en juillet 2013 au restaurant Sowa i Przyjaciele à Varsovie. Le gouverneur de la banque centrale, Marek Belda, y demande la démission du ministre des finances de l'époque, Jacek Rotowski et commente dans un langage très cru la vie politique.
Depuis, c'est toute la vie politique polonaise qui est rythmée par les rebondissements de cette enquête et le dernier en date n'est pas des moindres : lundi 8 juin, l'homme d'affaires et blogueur Zbigniew Stonoga, publie sur sa page facebook l'intégralité du dossier judiciaire détaillant les enregistrements, à leur insu, de plusieurs personnalités proches de la Plate-forme civique (PO).
Démissions massives au sein du gouvernement
En réaction à ces révélations, Ewa Kopacz, Premier Ministre et présidente de Plate-forme civique (Po), a annoncé Mercredi 10 juin lors d'une conférence de presse la démission de six ministres et secrétaires d'Etat, ainsi que celle du président du Parlement et ancien ministre des affaires étrangères, Rados?aw Sikorski. Le Chef des services secrets, Jacek Cichocki a également été licencié pour ne pas avoir empêché que ces écoutes aient lieu.
Mme Kopacz a indiqué souhaiter la démission du procureur général Andrzej Seremet, dont les services ont été selon elle assez désinvoltes pour distribuer les actes de l'enquête à une bonne douzaine de personnes, soit des acteurs en personne de cette affaire des écoutes, soit leurs avocats. C'est probablement là que se trouverait l'origine des fuites. « Le seul résultat qu'a donné jusqu'ici une instruction qui dure depuis plus d'un an, c'est cette gigantesque fuite provenant des dossiers de l'enquête », remarque-t-elle. Mme Kopacz a conclu sa conférence de presse en présentant ses excuses aux Polonais : « Au nom de Plate-forme civique, je vous demande pardon. »
Les noms des ministres qui remplaceront les partants seront connus la semaine prochaine.
Une actualité qui tombe mal pour la Plate-forme civique (PO)
Le Président nouvellement élu, Andrzej Duda a exprimé sa déception de voir qu'une affaire révélée depuis plus d?un an ne produit de tels changement qu'aujourd'hui. "Malheureusement, cela montre aussi la qualité des politiciens actuellement au pouvoir" a t-il ajouté.
Ce dernier épisode intervient alors que le premier ministre Ewa Kopacz doit faire face à une chute de popularité de son parti, à quatre mois des élections législatives. Sa réaction, offensive, consistant à remanier de manière radical le gouvernement est selon l'éditorialiste de Gazeta Wyborcza, dans l'édition du 11 juin, une tentative de reprise de l'initiative politique après l'échec de la présidentielle et l'affaire des écoutes ; la volonté de Mme Kopacz de confirmer son leadership.
Le PiS, parti du président nouvellement élu trouve certainement dans ce dernier rebondissement une nouvelle favorable à sa victoire aux très prochaines élections législatives. Affaire à suivre?
La Rédaction (Le Petit Journal/Varsovie) - Vendredi 11 juin 2015
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