

(article publié le 8 juin 2011)
Lepetitjournal.com s'intéresse aujourd'hui aux proverbes polonais. Dictons, aphorismes, préceptes, adages, sentences ou maximes, ne passez pas à côté de ces monuments linguistiques. Edifiants ou amusants, ils appartiennent au patrimoine culturel du pays !
(Jozef Pilsudski, Lech Walesa, Adam Malysz, 3 héros polonais moustachus, Wikicommons)
A l'origine populaires, les proverbes sont généralement très anciens, de transmission orale, et ne sont pas attribués à un auteur. Le mot est un terme générique, couvrant des concepts différents, parfois difficiles à classifier.
Le dicton constate plutôt un fait (Od ?wi?tej Anki zimne poranki : Après la Sainte-Anne - le 26 juillet - les matins sont frais). L'aphorisme résume une théorie, tire une conclusion de faits observés (Chcia?y ?aby króla, dosta?y bociana : Les grenouilles voulaient un roi, elles ont eu une cigogne). L'adage lui exprime un conseil pratique (Je?li nie potrafisz, nie pchaj si? na afisz : Si tu ne sais pas, ne te mets pas en avant ; Kuj ?elazo póki gor?ce : Bats le fer tant qu'il est chaud). Le précepte énonce un enseignement d'ordre artistique, scientifique, philosophique ou moral (Z?y to ptak, co w?asne gniazdo kala : Mauvais oiseau qui salit son propre nid). La maxime édicte une règle de conduite (Kochajmy si? jak bracia, liczmy si? jak ?ydzi, Aimons-nous comme des frères, faisons des affaires comme des Juifs). La sentence enfin émet un jugement moral, souvent de manière dogmatique (Komu w drog?, temu czas : Qui a de la route à faire doit partir maintenant).
Du bon usage des proverbes
Un proverbe est donc une formule contenant généralement une morale ou une vérité d'expérience que l'on juge utile de rappeler (Gdyby ciocia mia?a w?sy, by?aby wujaszkiem : Si tata avait une moustache, elle serait tonton). Alors qu'ils disent généralement tout et son contraire (en français, Qui ne tente rien, n'a rien ; mais Dans le doute, abstiens-toi...), on les utilise bien souvent comme des arguments d'autorité.
Les bonnes formules s'exportent bien et font peu de cas des frontières. Toutes les cultures occidentales (et leurs voisines) ont notamment largement puisé dans la bible et adopté les proverbes des Grecs et des Romains. Pa?skie oko pana tuczy (L'?il du maître nourrit le cheval), vient par exemple des Moralia de Plutarque.
Mais si les proverbes sont étonnamment proches d'une culture à l'autre, ils n'en appartiennent pas moins au patrimoine culturel d'un pays. Pour Samuel Adelberg dans son Livre des proverbes polonais (1894), ils sont même l'expression de la "philosophie et sagesse des peuples". Contrairement aux citation et aux tics de langage, sensibles à l'air du temps, les proverbes ont la peau dure et résistent aux années. Le thème des proverbes et la fréquence de leur usage surtout, en disent long sur le genre d'intérêts ou de problèmes que connaît une nation, et reflètent sa culture.
A cet égard, il est intéressant de comparer le paysage des proverbes polonais et français. Encore plus qu'en France, les proverbes polonais puisent leurs richesses dans la ruralité du pays. Ils sont souvent liés à la terre, à la météo, aux animaux, à l'agriculture et aux outils de travail. L'Eglise et les Saints sont de même souvent évoqués. Plus surprenant, l'amour est aussi en très bonne place. Les femmes, en revanche, sont nettement moins représentées en Pologne. Poids de l'histoire oblige, la liberté est par contre un thème très important. (La vérité mène partout, même en prison...)
Voici des exemple de proverbes savoureux, pleins de poésie, de cynisme ou de bon sens polonais, à méditer :
La femme pleure avant le mariage, l'homme après.
La louange et le chou ont bon goût, mais ils gonflent.
Un bon poisson doit nager trois fois, une fois dans l'eau, une fois dans le beurre et une fois dans le vin.
Si tu veux apprendre la vérité sur toi, dispute-toi avec un ami.
Quand on n'a pas ce qu'on aime, on aime ce qu'on a (Jak sie nie ma co sie lubi, to sie lubi co sie ma).
Un ours grogne quand une branche lui tombe sur la tête mais il se tait sous le poids d'un arbre.
Enfin un très bel apophtegme (une parole mémorable ayant valeur de maxime) de Kazimierz W?adys?aw Wóycicki : L'Amour sans jalousie est comme un Polonais sans moustache...
AK, CQ (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) mercredi 8 juin 2011
Pour en savoir plus :
Voici quelques proverbes, toujours usités. A caser avec un air entendu dans vos conversations polonaises pour épater votre prof /belle-mère/épicière...
Kupowa? kota w worku ? Acheter un chat en poche (dans un sac, sans l'avoir vu, au risque donc de se faire rouler)
Co kraj, to obyczaj ? A chaque pays ses m?urs
Nie od razu Kraków zbudowano ? On n'a pas construit Cracovie tout de suite (Paris ne s'est pas fait fait en un jour)
?wi?ta Barbara po lodzie, Bo?e Narodzenie po wodzie ? Gel à la Sainte Barbe, dégel à Noël.
Co ma piernik do wiatraka ? Du pain d'épice au moulin à vent (pour souligner l'absence de relation logique d'un énoncé)
Trafi?a kosa na kamie? ? La faux a rencontré la pierre (A bon chat, bon rat ou A malin, malin et demi)
Wolno? Tomku w swoim domku ? Chez soi on fait ce qu'on veut (Charbonnier est maître chez lui, ou Chacun est roi en sa maison...)
Staro?? nie rado?? ? La vieillesse n'est pas la joie
Gdzie diabe? nie mo?e, tam bab? po?le ? là où le diable ne peut aller, il envoie une bonne femme
A lire (en polonais) : Przys?owia polskie - przys?owia francuskie, Krystyna Stawi?ska, ed. Wiedza Powszechna, 1997.







