

Depuis fin novembre, la question de la liberté d'expression (et de ses limites) s'est de nouveau invitée dans l'espace public polonais. Ressurgissant habituellement pour des cas de diffamations ou d'offenses aux valeurs chrétiennes, elle est liée cette fois à des symboles homophobes et fascistes.
Le 25 octobre, la NOP (Renaissance nationale de la Pologne) demande au Tribunal de Varsovie d'enregistrer les signes qu'elle arbore habituellement : le logo "interdiction de pédaler", la croix celtique et la phalange. La demande est acceptée. Propriétaire de ces images, le parti ultranationaliste peut maintenant poursuivre en justice tous ceux qui les utiliseront, notamment pour les ridiculiser.
Un mois plus tard, le 28 novembre, devant le tollé provoqué par cette décision, le Procureur de la République décide de faire appel. Lepetitjournal.com revient sur cette affaire
Sur cette affiche, la NOP se vante d'être pire que le fascisme
Vous avez dit NOP ?
Majoritairement skinheads, les membres de ce parti sont le fer de lance de la droite ultranationaliste en Pologne. Ouvertement négationniste, antisémite, raciste et homophobe, la NOP a aussi en son sein des éléments néo-nazis. Elle a été impliquée dans de nombreux cas d'agressions physiques contre des minorités ethniques, religieuses ou sexuelles. Et plusieurs lieux vandalisés ont été retrouvés "décorés" de swastikas et des symboles de la NOP. Ceux-là mêmes que voulait protéger le tribunal.
Entre indignation...
"Ces symboles se réfèrent directement à la tradition d'intolérance fasciste, néonazie et xénophobe", s'est emporté Robert Biedron, le premier député ouvertement gay de la Diète polonaise. Il a appelé le nouveau ministre de la Justice à agir contre cette légitimisation de l'homophobie. Selon lui, rien n'empêcherait par exemple l'affichage de ces signes lors de l'Euro 2012. Est-ce vraiment l'image que la Pologne souhaite donner ? Incrédules ou consternées, la presse et les organisations européennes ont d'ailleurs largement commenté cette décision.
"On ne peut accepter ce genre de symboles", a aussi réagi Grzegorz Schetyna, l'un des leaders des libéraux au pouvoir. "Le juge (qui a enregistré les symboles) n'a pas été à la hauteur de sa fonction".

M. B?aszczak de Droit et Justice, lui, semble surpris par l'ampleur que prend l'affaire. Il admet que le signe est obscène mais de là à y voir du fascisme... Pour lui l'opinion publique devrait plutôt condamner la présence de "symboles communistes" en Pologne plutôt que de voir le mal là où il n'y en a pas.
De leur côté, les deux experts dont l'avis a été requis par le tribunal au moment du dépôt des symboles, expliquent ? avec une franchise désarmante ? qu'ils ne se sont pas rendu compte des implications de leur décision. Pour eux la croix nimbée est d'abord un symbole celtique. Quant au panneau "défense de pédaler", ils le trouvent certes "obscène" mais "il en résulte seulement qu'il est interdit d'avoir des relations homosexuelles dans les lieux publics, ce qui est vrai". Et donc "on ne peut pas accorder à ces symboles un sens directement lié aux contenus totalitaires, nazis, fascistes, racistes ou semant la haine entre communautés", comme le condamne la Constitution polonaise.

Anna Riondet (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) mercredi 7 décembre 2011







