

Sainte-Nitouche ? La langue polonaise n'est en tout cas pas une fille facile. Elle se courtise et se mérite. Lepetitjournal.com vous offre ici quelques conseils avisés pour conquérir cette belle slave...
Que tous ceux ? hormis ces quelque 50 millions d'époux légitimes ? à qui la belle aux charmes bruissants a tourné la tête (zawróci?a w g?owie), arrêtent de se leurrer : elle ne se laissera pas prendre (nie da si? posi???) sur un coin de table dans une salle de classe désertique, elle résistera aux charmes de la conversation à domicile et demeurera de glace, ou plutôt de pierre (pozostanie z kamienia) devant vos promesses de liaison durable. Non : ce qu'elle veut, ce n'est pas une nuit d'amour, mais une vraie communion du corps et de l'esprit ; et là, précisément, les problèmes commencent.
Car l'esprit de la langue polonaise, souvent obscur pour ses propres fils que cela ne perturbe d'ailleurs nullement (dans la famille, on raffole de tout ce qui dépasse l'entendement - co si? nie mie?ci w g?owie), se laisse encore moins approcher par un francophone féru de clarté et de sens logique, pour qui la langue constitue avant tout un instrument de communication.
"Esprit, es-tu là ?", demande anxieusement notre prétendant tout en récitant, d'une voix monotone, ses déclinaisons tandis que, de nature méfiante et extrêmement économe de ses moyens, l'esprit du polonais retient sa langue (trzyma j?zyk za z?bami) ; commence alors un vrai dialogue de sourds où tout le monde est forcément perdant. Que faire ? Jak nie wiesz, co masz robi?, to dzieci rób (Si tu ne sais pas quoi faire, fais des enfants), dit une expression populaire pas très élégante mais, après tout, peut-être efficace ?
Avant toutefois de lui faire subir les derniers outrages (cette expression n'a pas d'équivalent en polonais qui, dans le domaine sexuel, a toujours préféré les actes aux paroles), essayons la manière douce et caressons notre dulcinée dans le sens du poil (en polonais : bra? pod w?os ce qui est déjà une sorte de possession, bra? signifiant prendre).
Allez-y doucement, et surtout n'y perdez pas votre latin (nie zapominajcie j?zyka w g?bie). Au contraire, il s'agit de rafraîchir vos connaissances de cette langue belle bien que morte, car le latin ayant conservé l'étrange manie de décliner tout ce qui bouge (wszystko co si? rusza), même les substantifs, il peut servir d'intermédiaire pour mieux aborder la déclinaison polonaise. De là à admirer la force du caractère du polonais, il n'y a qu'un pas. A travers les âges, il a su se passer de l'autorité des prépositions pour garder à ses noms une liberté exceptionnelle, celle de changer de terminaison kiedy dusza zapragnie (quand bon leur semble). Król Karol kupi? królowej Karolinie korale koloru koralowego : le pouvoir des terminaisons est sans frontières (bez granic).
Anna Kryst (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) jeudi 23 juin 2011
Pour en savoir plus, nos articles :
- IMPOSSIBLE N'EST PAS POLONAIS (1) - Kostki zosta?y rzucone !
- IMPOSSIBLE N'EST PAS POLONAIS (2ième partie) - Jasne jak s?o?ce ?
- IMPOSSIBLE N'EST PAS POLONAIS (3) - Wszystko w swoim czasie !
- APPRENDRE LE POLONAIS - Un doux supplice ?
- PARAMIOLOGIE ? Ce que les proverbes nous disent de la Pologne
Cet article est paru initialement dans feu Le Courrier de Varsovie. Nous le republions avec l'aimable autorisation de son ancienne rédaction.







