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Focus sur les élections européennes

Pologne élections européennesPologne élections européennes
Écrit par Félix Fier
Publié le 21 mai 2019, mis à jour le 21 mai 2019

Perdu dans ces élections dont vous ne comprenez pas toujours le fonctionnement ni les enjeux ? Si cette grande messe s’apparente pour vous plutôt à une grande cacophonie, Lepetitjournal.com/Varsovie vous propose un bref état des lieux de la situation en Pologne pour mieux vous y retrouver.

 

Comme dans d’autres pays de l’Union européenne, les Polonais et les résidents étrangers inscrits sur les listes électorales de leur municipalité sont appelés à voter le 26 mai. Ils choisiront à cette occasion les 51 députés européens qui les représenteront au Parlement européen. C’est l’unique institution européenne dont les membres sont directement élus au suffrage universel, tous les cinq ans. Il dispose de pouvoirs législatifs, budgétaire et de contrôle politique.

 

La question européenne est une problématique majeure de la vie politique du pays puisque la Pologne est le premier bénéficiaire des subventions européennes. Par ailleurs, c’est un sujet qui suscite l’intérêt chez les électeurs, plus de 80% d’entre eux se disent satisfaits de l’Union et gardent un œil attentif sur trois points sensibles du débat : les politiques d’immigration, les subventions de l’Union ainsi que les politiques de libre-échange.

 

Un taux de participation élevé

Malgré cet intérêt, le taux de participation à ces élections n’a jusqu’ici jamais dépassé les 25%. Cela pourrait bien évoluer cette année puisque 50% de la population souhaiterait se déplacer aux urnes selon un sondage IBRIS pour Rzeczpospolita.

La raison de cet engouement ne serait pas forcément due à un regain d’intérêt pour ce scrutin, mais plutôt au caractère national des questions abordées par les différentes forces politiques et qui fait office d’échauffement pour les élections législatives de novembre. Ce sont surtout des thématiques de politique intérieure qui l'ont dominé comme le programme social "5+", la charte LGBT, la vidéo sur la pédophile dans l'Eglise. 

Ce vote sera avant tout un moyen pour le gouvernement de droite ultraconservatrice (PiS – Droit et Justice) de consolider sa position durant cette période de tensions avec Bruxelles. Le gouvernement dirigé par Andrzej Duda, affilié au groupe européen CRE (Groupe des conservateurs et réformistes européen) , a en effet fait l’objet de plusieurs procédures et mises en garde de la part des instances européennes. Notamment concernant la réforme de la justice qui limite l’indépendance de cette dernière ainsi que le refus des quotas d’immigration.

 

PiS et Coalition européenne au coude à coude

Le parti reste toutefois majoritaire en Pologne, et leader dans plusieurs sondages même s'il est au coude à coude avec la Coalition européenne (KE). Et ce malgré les déconvenues électorales rencontrées dans les grandes villes du pays aux municipales 2018. D'après un sondage publié par Polska the times le PiS bénéficierait de 38,7% de soutien, le sondage de Gazeta Wyborcza annonce 36% et d'après le sondage de Dziennik gazette Prawna le PiS rassemblerait 37,9% des voix.

 

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Face à lui, d'autres listes sont candidates, la plus sérieuse d’entre elles est incarnée par l’Union des partis de gauche libérale et du centre : la Koalicja Europejska soit la « Coalition européenne ». D'après les mêmes sondages elle est créditée respectivement de 37,1%, 35% et 34,7% des intentions de vote. Cette coalition pro-européenne rassemble entre autres la PO (Centre libéral-conservateur), le SLD (Sociaux-démocrates), les verts (Ecologistes), le PSL (Parti agricole, démocratie chrétienne).

Cette union des partis de centre-gauche inédite formée pour l’occasion, exploite notamment les risques liés à la politique de fronde menée par le PiS au Parlement européen, qui pourrait selon eux mener à une singularisation de la Pologne.  

Cette coalition représente un potentiel danger pour le parti au pouvoir. Pourtant, disputant une partie de son électorat au PiS, il sera difficile pour la Koalicja Europejska de jouer la carte du renouveau. Une fraction non négligeable de leur cible électorale, plutôt conservatrice semble en effet globalement satisfaite de la politique menée par le PiS. La coalition devra également composer avec les différentes sensibilités de ses membres, répartis dans différents groupes européens. Les partis représentés dans l’union d’opposition sont en effet dispersés entre les différents groupes européens qui sont le PPE (le groupe du Parti populaire européen), le S&D (l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen), l’ALDE (l’Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe) et les Verts/ALE au parlement européen.

 

Vient en troisième position avec environ 10% des suffrages, le parti « Printemps » de Robert Biedron qui incarne le renouveau de la gauche polonaise. Auto-qualifié de progressiste, il milite pour une libéralisation des mœurs tout en reconnaissant les bénéfices de la politique sociale menée par le PiS. Il propose notamment une séparation accrue de l’Eglise et de l’Etat, une libéralisation du droit à l’IVG ou la reconnaissance de l’union de personnes du même sexe. Il s’adresse plus particulièrement aux jeunes et à la fraction plus libertaire de la société qui ne se retrouve pas toujours dans les valeurs conservatrices des partis traditionnels. Le caractère proportionnel des élections européennes ne lui permettra pas de venir jouer les troubles fête, cependant elles présentent une bonne opportunité de jauger sa popularité au niveau national en vue des prochaines échéances.

 

Un week-end marqué par la campagne éléctorale

Le Premier ministre Mateusz Morawiecki, a annoncé à Cracovie que le gouvernement prévoyait une allocation supplémentaire de 500 PLN (par mois) pour les handicapées adultes (à la veille d’une manifestation prévue le jeudi). Le président du PiS, Jarosław Kaczyński, a évoqué de nouveau, lors d’un meeting à Łódź, la question de l’euro en soulignant que la monnaie polonaise « est une sorte de forteresse et de barrière » protégeant l’économie polonaise et les ménages. Il a par ailleurs reparlé des réfugiés en affirmant que « les relocalisations forcées des migrants forceraient la Pologne à voir s’installer des zones de charia » si le PiS ne remportait pas des élections. Cependant, la KE a organisé samedi une importante marche de l’opposition pro-européenne à Varsovie qui a rassemblé 45 000 participants selon les organisateurs avec la participation du Président du Conseil européen Donald Tusk qui a appelé les Polonais à voter aux élections européennes pour l’opposition afin de « ne pas laisser le destin de vos enfants et de vos petits-enfants dans leurs mains » (du gouvernement actuel).    

 

 

 

 

 

 

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Publié le 21 mai 2019, mis à jour le 21 mai 2019
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