

Les corps du soldat et de l'infirmier tués samedi à Ghazni sont arrivés hier à Varsovie. 24 polonais sont morts en Afghanistan depuis 2007. 2630 militaires participent à la mission de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) sous commandement de l'OTAN. Comme en France, cet engagement n'est que peu débattu en Pologne, son coût humain et financier le rend pourtant impopulaire.
(1 Rosomak en opération, 2, 3 et 5 Province de Ghazni, 4 Irak - wikicommons)
Marcin Pastusiak et Marcin Knap sont morts lors d'une patrouille de routine. Les insurgés afghans ont fait exploser une mine artisanale au passage de leur blindé. Le Rosomak polonais est pourtant un véhicule dont la solidité a fait ses preuves, mais la quantité d'explosif utilisée est toujours plus importante.
Une opération coûteuse
2.630 soldats polonais sont basés dans la province de Ghazni. Ils tentent notamment de sécuriser la dangereuse route Kaboul-Kandahar et entraînent les forces de sécurités afghanes. Pour aider le gouvernement et se faire accepter de la population, ils participent aussi à la reconstruction du pays et à des opérations humanitaires. A titre de comparaison, la France ne déploie "que" 3.850 soldats et déplore 53 morts. Son budget militaire est pourtant 5 fois plus important que celui de l'armée polonaise.
Un engagement symbolique
L'effort du pays est pourtant modeste au regard de l'énormité des opérations de l'ISAF. Les 2.630 polonais comptent pour moins de 2% des 140.000 soldats de la coalition internationale présents en Afghanistan. Leurs 24 morts représentent 1% des 2.300 pertes de l'ISAF.
Mais
En novembre, lors de la visite du président polonais à la Maison Blanche, Obama déclarait d'ailleurs : ?Les Polonais ont cette chose qui fait d'un homme le meilleur des alliés. Ils ont une aspiration à défendre leur liberté et celle des autres".
L'expérience irakienne
En 2003 la Pologne est avec l'Australie, le Royaume-Uni et les Etat-Unis l'un des 4 pays à envahir l'Irak. La population polonaise est partagée sur cette participation, mais le gouvernement y place de grands espoirs. Un diplomate basé à Washington pavane: « Les représentants de petits pays comme la Norvège bavent en voyant qui je peux rencontrer ». Ces considérations de politique étrangère sont doublées d'espoirs économiques : juteux contrats sous-traités par les américains mais aussi recouvrement de sa dette (700 millions de dollars). La Pologne avait été très présente dans les années 1970 et 1980 sur les chantiers irakiens.
Mais Varsovie déchante rapidement : elle se met à do
"Just kind of hanging around"
En décembre un article du magazine Time crée une polémique en Pologne. Le journaliste cite des officiers américains qui critiquent l'inefficacité des soldats polonais. Ils se plaignent des patrouilles polonaises inutiles qui n'arrivent justement pas à sécuriser les routes et ne font que se "balader". Le commandement américain s'est rapidement excusé. Un général polonais à la retraite en avait alors profité pour dénoncer le manque de soutien financier et politique du gouvernement polonais pour son armée.
Annus Horribilis
La situation ne s'améliore pas en Afghanistan. L'année 2010 a même été la plus meurtrière depuis le début du conflit pour les forces de la coalition : 711 de ses soldats sont morts, majoritairement des américains. Mais ce chiffre doit aussi être comparé aux 10.000 morts afghans cette même année : insurgés bien sur, mais aussi forces gouvernementales et civils. L'année 2011 commence sous de meilleurs auspices, ?seulement? 27 morts pour l'ISAF en janvier.
Les guerres sont rarement populaires. L'éloignement des combats, leur but incertain, le défilé des cercueils et le manque de résultat, voire la dégradation de la situation afghane n'arrangent rien. En 2010, la participation polonaise jusque là peu débattue devient un thème de la campagne présidentielle.
La Pologne ne s'est jamais sentie particulièrement concernée par la guerre contre la terreur. Mais elle doit plaire à son allié américain et montrer son engagement actif au sein de l'OTAN. Varsovie veut une organisation militaire forte et mobilisée. Plus que les talibans, c'est le bellicisme de Moscou qui l'inquiète.
Peut-être justement en réponse au « lâchage » de Barack Obama dans le projet de bouclier antimissile, Donald Tusk déclare en juin dernier: « Nous sommes suffisamment engagés en Afghanistan pour pouvoir discuter d'un retrait le plus rapide possible ». Le tabloïd polonais FAKT titre alors: « Nous avons perdu assez de sang pour défendre l'Amérique qui nous a trahis ». Des sondages montrent que 75% des polonais sont favorables au retrait.
Mais l'OTAN a insisté et les forces polonaises devraient finalement continuer leur mission de terrain jusqu'en 2012. Elles se consacreront ensuite uniquement à la formation de la police afghane jusqu'en 2014, date probable de leur départ.
CQ (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) mercredi 26 janvier 2011







