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VISITE AVEC VARSOVIE ACCUEIL - Pałac Kultury i Nauki (PKiN)

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 11 février 2015, mis à jour le 24 février 2015

Salles d'exposition, cinéma, école, bars, piscine, théâtres, bureaux d'entreprises? sont autant d'activités prenant place aujourd'hui dans le Pa?ac Kultury i Nauki (PKiN) qui consomme l'énergie d'une ville de 30.000 habitants ! Edifié en seulement trois ans et symbole de la grandeur du communisme, ce gratte-ciel (le plus haut de Varsovie) mesure 237 mètres, compte 42 étages et 3288 salles. Peu apprécié des Polonais, ce témoin de la période communiste renferme une histoire riche en anecdotes que Varsovie Accueil nous a dévoilées?

Un monument construit sur les vestiges du ghetto de Varsovie

Le palais de la culture et de la science a été construit sur les restes du ghetto de Varsovie présent de 1940 à 1943. On retrouve aujourd'hui près du bâtiment communiste quelques témoins de ce passé douloureux. En vous promenant autour du palais, vous apercevrez au sol la délimitation du ghetto où se trouvait autrefois le mur séparant la population juive de Pologne des non-juifs.

A la place de l'actuel théâtre Lalka du palais se trouvait l'orphelinat de Janusz Korczak, précurseur dans le domaine des droits de l'enfant, considérant que ces derniers devaient être traités comme des adultes et, de ce fait, bénéficier des mêmes droits d'expression. Ses écrits sont aujourd'hui présents dans les textes de l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'Éducation, la Science et la Culture). Homme de convictions, il a refusé à plusieurs reprises de s'enfuir du ghetto et d'abandonner l'orphelinat. Avec les enfants juifs, il fut déporté et tué le 5 ou 6 août 1942 dans le camp d'extermination de Treblinka. Un monument en son hommage a été édifié en 2006 dans l'allée principale du parc du palais, près de l'ancien emplacement de l'orphelinat.

Les influences architecturales du Palais

Au lendemain de la guerre, les polonais veulent reconstruire la capitale. Staline donne son accord mais consulte l'architecte russe, Lew Rudniew, afin qu'un monument à la gloire du communisme et surplombant tous les autres soit édifié. Influencé par de supposés voyages à New-York avant la seconde guerre mondiale, Lew semble notamment s'inspirer du Manhattan Municipal Building et de la Penn Station dans l'élaboration des plans du palais, le tout empreint du style communiste de l'Université de Lomonossov. Les lanternes et bancs caractéristiques du métro de Moscou, construit durant la même période, jalonnent également les salles du PKiN. 

Józef Sigalin, responsable polonais de la reconstruction de Varsovie, rencontre en juillet 1951 Viatcheslav Molotov, le bras droit de Staline, qui lui fait part du projet de construction d'un gratte-ciel sur le modèle des buildings staliniens qui fleurissent à la même époque à Moscou. Mis en garde par Hilary Minc, responsable de l'économie et de la planification dans la République populaire de Pologne, Sigalin devait, quoi qu'il en pensât, se montrer optimiste envers ce projet. Face à Molotov, il parvint simplement à répondre "pourquoi pas" en guise d'acceptation de ce projet sans lien avec la capitale d'avant-guerre.

Néanmoins, lors d'une visite à Moscou, Sigalin propose aux dirigeants communistes de visiter la Pologne afin de pouvoir s'inspirer, quelque peu, du style architectural polonais. Avant d'entamer les travaux, Lew Roudniew se rend donc à Cracovie, Sandomierz, Zamo??, Toru?, Che?mno et P?ock dont l'influence se retrouve aujourd'hui à travers certains détails décoratifs comme les plafonds à caissons en bois inspirés du château de Wawel de Cracovie. De même, les attiques terminant les tours du Palais rappellent l'architecture polonaise de la Renaissance, dans un style cependant plus robuste. Qualifié par les habitants d'"éléphant habillé dans une culotte en dentelle", le palais revêt des éléments architecturaux mêlant tradition polonaise et références communistes. C'est le cas de l'emblème des aristocrates, présent dans la salle de Kisielewski, adapté à la "nouvelle aristocratie" du communisme, à savoir les travailleurs. Tournevis, règle et rapporteur remplacent ainsi les symboles du blason traditionnel !

 

Un bâtiment exempt de toute connotation religieuse

Le palais, qui portait le nom de Staline jusqu'à la fin du communisme, consacre aujourd'hui les sciences et la culture. Devant l'entrée principale, vous reconnaîtrez les statues d'Adam Mickiewicz, écrivain polonais et de Nicolas Copernic. Autour du palais, les autres figures représentent les différentes nations du monde. Néanmoins, cette sécularisation n'a pas été comprise par tous les polonais lors de l'inauguration du palais en 1955. Les fresques murales personnifiant la paix, la science et la culture ont été interprétées comme une représentation de la Sainte Famille par certains visiteurs qui entamaient alors une prière, au grand comble de la doctrine communiste ! 

Varsovie aux pieds du PKiN

Depuis la terrasse panoramique du palais, située au 30ème étage à une hauteur de 114 mètres, vous pourrez, si le ciel est dégagé, contempler Varsovie sous un très bel angle tout en épatant vos amis avec quelques petites anecdotes ! Peut-être vous demandez-vous pourquoi d'imposantes grilles de protection, qui altèrent votre champ de vision, ont été installées ? C'est en 1956, suite aux suicides de huit personnes (un français et sept polonais) que les autorités ont aménagé ces infrastructures. Mais en septembre dernier, elles n'ont pas empêché quatre hommes de se jeter dans le vide? en parachute ! Ces fans de base jumping se sont introduits dans le palais déguisés en prêtres, tenue idéale pour dissimuler leur matériel sous leurs robes. Ils ont escaladé les barrières et, sous le regard de quelques personnes, se sont élancés pour un saut hors du commun au c?ur de la capitale polonaise !

La vidéo de leur exploit est disponible sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=3yDsMOA9wLs#t=49

La météo n'était pas au beau fixe lors de notre visite mais nous avons tout de même distingué l'hôtel Intercontinental, dont la forme architecturale résulte de l'application d'une loi toujours en vigueur à Varsovie. Cette loi garantit aux habitants de la ville l'accès à la lumière dans leurs appartements. Avant la construction de l'hôtel, un bâtiment (jaune derrière l'hôtel sur la photo) datant de la période communiste était déjà habité. La forme initiale de l'hôtel devait être carrée mais un tel immeuble aurait privé certains habitants du précieux accès à la lumière. En particulier, une vieille dame a refusé tout dédommagement financier pour la concession de ce droit, souhaitant simplement vivre les derniers instants de sa vie dans son appartement lumineux. C'est ainsi qu'a été repensée la forme architecturale de l'hôtel Intercontinental.

Et pour finir, un petit mot au sujet de l'église de Tous les Saints, possédant la plus grande capacité d'accueil de Varsovie avant que celle-ci ne soit rasée. Très chère aux yeux des habitants, elle fut reconstruite après la guerre mais "camouflée" par une série d'immeubles communistes. En effet, Staline ne voulait pas que ce monument, qui plus est religieux, ne concurrence le PKiN. De la terrasse, vous distinguerez ses trois pinacles bleus terminés par un épi final en forme de croix? et les immeubles qui encerclent le reste de l'édifice !

Merci à Varsovie Accueil, à notre guide Katarzyna Kacprzak pour la visite et à Sandrine Ormancey pour les photos !

Pour en savoir plus sur le palais, retrouvez un second article du Petitjournal.com en cliquant sur ce lien: http://www.lepetitjournal.com/varsovie/a-voir-a-faire/180392-visite-avec-varsovie-accueil-le-palais-de-la-culture-et-de-la-science

Clémentine Geoffray (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mercredi 11 février 2015

lepetitjournal.com varsovie
Publié le 11 février 2015, mis à jour le 24 février 2015