« Le seul habitant heureux de Varsovie est le gardien du palais de la Culture... car quand il se met à sa fenêtre, il est le seul à ne pas le voir »racontent les Varsoviens. En polonais « Palac Kultury i Nauki » (PKiN), le Palais est un cadeau du chef soviétique Joseph Staline au peuple polonais. Construit au début des années 1950, dans une ville de Varsovie totalement dévastée par la guerre, ce bâtiment a toujours été controversé. Varsovie Accueil nous en a ouvert les portes...
Une construction inscrite dans un vaste projet soviétique
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la construction de ce gratte-ciel monumental n'a duré que trois ans. Édifié selon les plans de l'architecte soviétique Lev Roudnev, le Palais de la Culture et de la Science a été inauguré à l'été 1955. Son style architectural est caractéristique des gratte-ciel staliniens. En effet, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Staline a décidé de faire construire huit gratte-ciels à Moscou, symbolisant les huit cents ans de la ville. Seuls sept ont été édifiés, les « Sept s?urs de Moscou », mais le PkiN est considéré comme la huitième.
La construction mobilisa des ressources matérielles et humaines considérables. Entièrement financée par l'URSS, elle a été réalisée par 3500 ingénieurs et ouvriers soviétiques, dont treize ont perdu la vie sur le chantier. A l'époque, il était le second gratte-ciel le plus haut d'Europe après l'Université de Moscou, il est aujourd'hui au seizième rang. Mais le PKiN, ce sont surtout des chiffres impressionnants ! Construit sur un espace de 3,3 hectares, il mesure 231 mètres au bout de l'antenne, ce qui en fait le plus haut building de Pologne. Il compte 3288 pièces réparties sur 42 étages, dont certaines sont immenses, à l'instar de la Salle des Congrès, des cinémas, des deux théâtres, des salles de réception, exposition ou encore de la piscine (et la liste est encore très longue !). La terrasse au trentième étage offre un panorama imprenable sur Varsovie. Juste après l'inauguration, plus d'une dizaine de personnes se sont suicidées en se jetant de la terrasse, à commencer par un Français. Depuis, des grillages de protection ont été installés.
? qui n'en finit pas de faire parler de lui
La déportation d'un million d'élites et l'exécution de 4.000 officiers polonais à Katyn par l'Union Soviétique entachent encore de nos jours les rapports entre Moscou et Varsovie. Depuis la chute du communisme, des voix se sont élevées en Pologne pour réclamer la destruction de ce symbole de l'oppression soviétique, puisque celui qui en a fait « don au peuple polonais » a « les mains tachées de sang ». Malgré des années de réflexion, les gouvernements polonais qui se sont succédés au pouvoir au cours des vingt dernières années ont choisi de conserver le bâtiment, une ?uvre dont l'architecture est unique en Europe.
Remerciements à Varsovie Accueil
Mathilde TÊTE (www.lepetitjournal.com/varsovie) ? Jeudi 27 mars 2014