

L'hiver arrive à grands pas à Varsovie. Alors que le froid se fait de plus en plus ressentir, pourquoi ne pas en profiter pour découvrir le cinéma polonais, bien au chaud chez soi ? LePetitJournal/Varsovie.com s'est intéressé aux ?uvres du grand écran polonais. Car une chose est sûre, la Pologne peut se targuer d'être un repère de cinéastes talentueux. Premier sur la liste : Andrzej Wajda. Voici une sélection de films à voir ou à revoir.
Des débuts très prometteurs avec Cendres et Diamants (1958)
Né en 1926, Andrzej Wajda affirme très tôt son coté contestataire. En 1940, alors qu'il n'est âgé que de 16 ans, il s'engage dans la résistance polonaise contre l'occupant nazi. Dès la fin de la guerre, il décide de s'adonner à sa passion et commence ses études à l'école des beaux-arts de Cracovie, avant d'intégrer la très prestigieuse école de cinéma de Lodz. A peine ses études finies, Wajda réalise son premier film Génération, en 1955. Dans ce premier film, Wajda s'intéresse à la vie des jeunes Polonais pendant l'occupation allemande. Mais c'est réellement avec le film Cendres et diamants (1958) qu'il s'impose comme grand réalisateur polonais. Ce film lui permet de se plonger au c?ur des problèmes bien connus de la Pologne. Le 7 mai 1945, jour de l'armistice, Maciek (Zbigniew Cybulski) et Andrzej (Adam Pawlikowski), jeunes étudiants nationalistes polonais, sont chargés d'assassiner le secrétaire général du parti communiste. Mais ils manquent leur cible, et tuent des civils par erreur. Commence alors une remise en question du système. Partagé entre la volonté de vivre une vie normale et le devoir patriotique, Maciek ne sait plus que choisir. Ce film rend compte de la curiosité de Wajda, qui fait de la Pologne et des problèmes liés à son pays son sujet de prédilection. En plus d'avoir été remarqué sur la scène internationale, ce film a également permis la découverte du jeune acteur Zbigniew Cybulski. Véritable héros national, ce « James Dean polonais » a marqué le cinéma polonais, malgré une courte carrière, finie brutalement en 1967, alors qu'il est victime d'un accident ferroviaire.
La Pologne et son histoire : une inspiration permanente pour le cinéaste
En 1974, Andrzej Wajda tourne le film La Terre de la Grande Promesse. Wajda, passionné par l'histoire polonaise, dresse dans ce long-métrage le portrait de la société mondaine de Lódz, grande ville industrielle de la fin du XIXème siècle. Entre rivalités économiques et sociales, le film montre comment les différentes classes sociales cohabitent, plus ou moins facilement. Trois amis, Karol, polonais catholique, Moryc, juif polonais et Max Baum, allemand, décident de monter leur propre usine. A travers leur projet, on découvre une image de la Pologne industrielle en plein boom économique. La société en est alors bouleversée. Les écarts se creusent entre une bourgeoisie qui s'enrichit, et des ouvriers qui commencent à se révolter. On peut noter que le réalisme du film n'est pas sans rappeler les romans de Zola.
Si le cinéma de Wajda est reconnu, c'est surtout parce qu'il parvient à aborder des thèmes importants et profonds, tout en y mêlant une vision esthétique qui lui est propre. Ses films sont des objets artistiques à part entière. L'image et la musique sont des éléments primordiaux. Son film Les demoiselles de Wilko (1979) dégage cet esthétisme si particulier. Ce film met en scène Wiktor Ruben (Daniel Olbrychski), quarantenaire en pleine crise. Il décide de retourner dans le village de son enfance. Il retrouve alors ses voisines, les demoiselles de Wilko. Mais les temps ont changé. Wiktor n'est plus ce jeune bourreau des c?urs, et les femmes qu'il a aimées sont maintenant mariées. Ce film, chargé de symboles, exprime toute la nostalgie du personnage. La musique signée Karol Szymanowski, grand compositeur polonais, joue également un grand rôle dans le film. Ce long-métrage valut à Wajda une nomination aux Oscars.
A 87 ans, Andrzej Wajda ne compte pas arrêter sa carrière de cinéaste, bien au contraire. À l'automne 2013, il sortait un biopic sur son ami Lech Walesa. Que nous réserve-t-il pour les années à venir ?
En attendant, rendez-vous demain pour lire notre sélection Wajda. A voir ou à revoir absolument !
Clémence Bragard (www.lepetitjournal.com/varsovie) - jeudi 12 décembre 2013







