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PARC ŁAZIENKI- Une promenade historique au sein du parc et de ses pavillons (1ère partie)

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 26 juin 2016, mis à jour le 27 juin 2016

Habitant à Varsovie, vous connaissez forcément le parc ?azienki. Plus grand espace vert de la capitale, lieu de visite incontournable avec la vieille ville pour les touristes, il est considéré comme l'un des plus beaux endroits de Varsovie et même l'un des plus beaux parcs d'Europe. Que vous l'ayez parcouru une fois ou que vous y soyez un promeneur assidu, nous vous proposons d'y faire une balade qui vous permettra de réviser vos connaissances historiques sur la Pologne. (Re)découvrez aujourd'hui une partie du parc et du palais sur l'île tandis que demain, les dernières pièces du plus grand pavillon du parc, la maisonnette blanche et la vieille orangerie vont révèleront leurs secrets !

Monument du Roi Jean III Sobieski

Avec son immense superficie de 76 hectares, le parc dispose bien entendu de nombreuses portes d'entrée et sortie. Nous vous proposons de pénétrer dans le jardin par celle située rue Agrykoli, ce qui vous fera passer devant le monument du roi Jean III Sobieski. Celui-ci fut dévoilé en 1788, 100 ans après la mort du roi, alors que la construction du palais ?azienki touchait à sa fin. Tout comme le palais, le monument a été érigé à l'initiative du roi Stanis?aw August Poniatowski, pour indiquer qui était son modèle. Stanis?aw August Poniatowski voulait en effet prendre exemple sur les rois qui l'ont précédé et en particulier sur Jean III Sobieski, réputé pour avoir remporté plusieurs batailles importantes, notamment celle de Vienne gagnée contre les Turcs en 1683. Jean III Sobieski est devenu un héros en Pologne après cette victoire mais aussi à l'international, le Pape ainsi que d'autres dignitaires étrangers le qualifiant de « Sauveur de Vienne et de la civilisation occidentale ».  C'est lui qui a fait construire le palais Wilanow, beaucoup plus petit à l'époque. Il y habitait avec son épouse, une Française : Marie-Casimire. 

Le parc ?azienki  

A l'origine, il se trouvait à l'écart de la ville. Les rois y chassaient au XV et XVIème siècles. C'était ensuite une forêt sauvage, avec un petit lac, des sources d'eau naturelles, où le maréchal Lubomirski édifia une petite maison de campagne, de style baroque, qui comprenait deux chambres. Il y venait pour prendre son bain et se reposer ce qui a donné son nom au parc, ?azienki signifiant en polonais « salle de bain ». Sachant qu'il allait devenir roi, quelques mois avant son couronnement, Stanislaw Poniatowski rachète au maréchal le pavillon et le terrain autour et entreprend des travaux pour y établir sa résidence. 

Savez-vous pourquoi tous les rois de Pologne choisissaient une seconde résidence et délaissaient le Château royal situé place Zamkowy, pourtant en bon état et de grande taille (les Vasa l'avaient élargi au début du XVIIème siècle) ? Car à la place de l'actuelle terrasse panoramique d'où s'étend une belle vue sur la Vistule, se trouvait une décharge publique appelée « montagne de Fumier » qui dégageait une odeur guère plaisante ! Jean II Casimir Vasa fut le premier à se faire construire une résidence en dehors de la ville en 1641 (le palais Kazimierzowski aujourd'hui situé dans le campus de l'Université de Varsovie) et ses successeurs fuirent également le Château royal.

 

Le roi Poniatowski a fait venir des architectes d'Italie, d'Autriche, d'Allemagne, ainsi que de Flandre pour créer l'île artificielle sur laquelle se trouve le palais. Le pavillon de bain originel a été agrandi avec l'ajout d'un étage. Sur le toit, se trouvent 4 statues représentant les différentes saisons.    

Le palais sur l'île

Découvrons désormais l'intérieur du palais. Mais attention avant de franchir le seuil, il faut être bien disposé. Un texte inscrit en latin sur le bâtiment par le prince Lubomirski, avertit en effet le visiteur : «  Cette maison déteste la tristesse, adore la paix, offre le bain, recommande de bien vivre et souhaite que ses hôtes soient heureux ». 

Les premières pièces que l'on peut voir ont conservé leur aspect d'origine : le roi Poniatowski y a simplement ajouté des tableaux. La première salle était une chambre de repos, la « chambre de Bacchus ». Si ce dernier n'est désormais plus visible, du fait des pillages et de l'incendie dont a été victime le palais pendant la Seconde Guerre mondiale, un tableau montre en revanche son maître Zéphyr en train de manger du raisin. Une ?uvre dépeint le maréchal Lubomirski, le créateur du pavillon ; une autre peinture représente le roi ayant précédé Poniatowski : Frédéric-Auguste de Saxe dit « le Fort ». Excepté une partie en haut, le carrelage n'est pas d'origine : détruit lors de l'incendie du palais, il a été reproduit à l'identique et à la main. Les sculptures dans les angles de la pièce sont des allégories des différents continents.  

La pièce suivante est l'ancienne salle de bain. Si la baignoire n'est plus là, on peut le deviner à la décoration : les sculptures, fresques murales et tableaux sont tous liés au thème de l'eau. Les références mythologiques sont toujours nombreuses avec par exemple une fresque représentant des Danaïdes en train de remplir leur tonneau percé.  

Passons dans la salle de bal ! De stylé néo-classique, c'est la plus grande salle du Palais sur l'Ile où se déroulaient les bals, concerts et réunions. On peut y voir le blason de la Pologne (toujours très présent dans les décorations des bâtiments du parc ?azienki notamment à l'intérieur des cheminées), qui interroge sur le devenir du pays : les anges sont-ils en train de découvrir le blason pour annoncer son développement ou de le recouvrir signalant la fin de la Pologne ?

Deux aigles sont présents, symbole du pays. Les vertus royales sont représentées avec la statue d'Hercule régnant sur les forces de la nature et l'enfer et celle d'Apollon dominant Midas, figurant la stupidité, et Marsyas, l'orgueil. Car Midas est le roi à qui Dionysos offre d'exaucer un v?u pour le remercier de son hospitalité, et qui demande à ce que tout ce qu'il touche soit transformé en or. Quand à Marsyas, il a pêché par orgueil prétendant qu'il jouait de la lyre aussi bien qu'Apollon. Ce dernier le défia dans un concours et Midas ayant des talents de musicien en fut juge : tranchant en faveur de Marsyas, des oreilles d'âne commencent à lui pousser, pour sanctionner son manque de jugement. 

Les murs sont également ornés de grotesques, toujours riches en significations. Par exemple, dans cette salle, les 4 éléments y sont représentés, les périodes de la vie (enfance, adolescence, vieillesse) également.   

La pièce suivante est une petite chambre où nous pouvons admirer les tableaux préférés du roi Poniatowski, notamment le tableau représentant une poule. Plus bas, l'?uvre représentant une femme qui fait la lessive était inscrite en premier sur la liste des tableaux à voler établie par les nazis. La table avec le dessin d'un taureau au centre (symbole de la famille Poniatowski), a été offerte par le pape au roi.

Nous arrivons ensuite dans la salle de Salomon. Pourtant nulle trace de ce dernier dans la pièce : les deux grands tableaux qui étaient là avant la Seconde Guerre mondiale le représentaient peut-être mais ils ont malheureusement brûlé. Le roi Poniatowksi souhaitait ainsi prendre exemple sur les grandes personnalités du passé : pas uniquement les rois de Pologne mais aussi les figures de la mythologie ou de la Bible. Cette pièce diffère beaucoup de son état d'origine : le parquet remarquable, avec ses 8 types de bois composite, n'est par exemple pas d'époque. 

Les tableaux sont nombreux dans le Palais sur l'Ile : le roi Poniatowski était un grand mécène de l'art. Il avait des peintres à la Cour qui travaillaient pour lui mais il achetait aussi beaucoup de tableaux à l'étranger. Nous pouvons voir dans la pièce suivante, par exemple, un tableau dans un cadre avec le numéro 100 : tous les tableaux de la collection royale du roi Poniatowski étaient ainsi ornés de cadres très décorés avec un numéro et le blason du roi (avec les trois lettres SAR pour Stanislas Augustus Rex). Sa collection comptait à peu près 2300 tableaux : il n'en reste aujourd'hui que quelques centaines. Des institutions polonaises surveillent le trafic, les ventes aux enchères d'art afin de retrouver éventuellement les peintures et autres ?uvres (sculptures, etc.) de la collection royale. Tous les tableaux du palais sur l'île proviennent de cette collection. 

Nous voyons ensuite une entrée du palais. Les valets y venaient avec de la nourriture : il n'y avait pas de cuisine dans le palais pour qu'il n'y ait pas d'odeur. Les invités entraient également par là et voyaient directement la chapelle. Chacun pouvait ainsi prier avant d'aller voir le roi. La chapelle comporte un balcon à l'étage ; il est fort probable que le roi s'y cachait pour écouter les prières de ses invités !

A l'étage, nous continuons de découvrir les tableaux de la collection royale. Un tableau montre le roi Poniatowski à la fin de son règne avec une symbolique très forte : une clepsydre au milieu de la couronne montre que le temps passe et que son règne se termine. Le roi regarde vers le haut, peut-être vers Dieu, et semble s'interroger sur l'avenir. Se demande-t-il combien de temps il lui reste en tant que roi ? Son règne s'achève en 1795 après l'invasion de l'Allemagne, la Russie et l'Autriche qui se partagent la Pologne. Bien que le roi ne pût prévoir cet événement, la situation politique et économique pendant son règne ne laissait pas présager le meilleur. La noblesse était totalement divisée, le pays avait des dettes lourdes et avait conclu de mauvaises alliances militaires et politiques. 

Nous déambulons ensuite dans des chambres, notamment celles où les invités attendaient la visite du roi. Si aujourd'hui, nous pouvons voir majoritairement les ?uvres de peintres flamands, à l'époque les tableaux accrochés au mur devaient montrer la grandeur de la Pologne, sa puissance, représentant notamment des grandes batailles. 

La chambre suivante a été créée après le partage de la Pologne pour héberger les tsars de Russie qui y venaient parfois en visite. Un tableau représente le tsar Nicolas Ier, un autre la tsarine Catherine II dont Stanislaw Poniatowski était amoureux et qui fut sa maîtresse.

Nous rentrons ensuite vraiment dans la zone privée du roi en pénétrant dans son bureau. La très belle vue qui se déploie permettait à ce dernier d'apercevoir depuis son bureau l'amphithéâtre, l'eau, les jardins soit tout ce que ce roi, féru de culture et amoureux de la nature, aimait. Un tableau le représente au début de son règne. Poniatowski a été élu en 1764, à l'âge de 32 ans. Il est mort en 1798 à Saint-Pétersbourg, après que la Pologne eut perdu son indépendance. Le roi, qui voulait renforcer la puissance de son pays entreprit de grandes réformes mais malheureusement trop tard. Malgré tout, il fit de la Pologne le premier pays en Europe à proclamer une Constitution. Novatrice, cette dernière ne put cependant suffire, face aux divisions de la noblesse, à empêcher le démembrement du pays.

La pièce suivante est celle où le roi s'habillait chaque jour. Si choisir vos vêtements le matin est pour vous un casse-tête, vous devez toutefois êtes bien plus rapide que le roi qui mettait entre 2 et 4 heures pour se vêtir ! Son habillage était l'objet d'une véritable cérémonie avec la présence de musiciens, de comédiens parfois, et de nombreuses personnes venant raconter les derniers ragots. 

Nous passons ensuite dans la chambre du roi, puis celle de ses parents et de son valet de chambre, Franciszek Ryx, le seul à avoir le privilège de vivre au palais. Plus qu'un valet, celui-ci avait un rôle de conseiller auprès du roi et d'administrateur de ses finances. Aucune femme n'habitait dans le palais : la maîtresse du roi, après la tsarine Catherine II, résidait dans la maisonnette blanche.   

La visite du palais sur l'île n'est pas terminée : plus grand bâtiment du parc, ses salles sont nombreuses ! Découvrez dans un prochain article les dernières pièces du palais sur l'île, la maisonnette blanche et la vielle orangerie ! 

© Photos : creative commons Wikimedia, Hélène Sancey-Dodivers

Hélène Sancey-Dodivers (lepetitjournal.com/Varsovie)- Lundi 27 juin 2016

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Publié le 26 juin 2016, mis à jour le 27 juin 2016