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LA DAME A L'HERMINE - Le célèbre portrait du Musée Czartoryski révèle ses secrets

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 octobre 2014

Une découverte majeure permet de réécrire l'histoire de l'une des toiles les plus célèbres de Léonard de Vinci, La Dame à l'hermine, exposée au Château Royal de Wawel, apportant un éclairage nouveau sur le cheminement créatif du grand maître.

La Dame à l'hermine (peinte entre 1489 et 1490) est un portrait de Cecilia Gallerani, jeune aristocrate, maîtresse de Ludovico Sforza, Duc de Milan. Pascal Cotte, ingénieur opticien du laboratoire parisien d'expertises Lumière Technology, a passé trois années à étudier ce célèbre portrait de la Renaissance, en utilisant une nouvelle technique appelée "Layer Amplification Method" (LAM), permettant de numériser le tableau en utilisant 13 types de longueurs d'onde de lumière, chacun avec des taux de perméabilité différentes. Cotte réussit ainsi à créer les images des différentes couches de peinture se trouvant en dessous de la surface, révélant trois versions successives du célèbre portrait.

Les doutes de Vinci
La version initiale serait un portrait traditionnel, dans la même veine que  La Belle Ferronière ou La Joconde. Alors qu'au départ l'hermine n'existait pas, les photos des différentes couches de peinture sous-jacentes montrent qu'elle fait son apparition lors d'une étape intermédiaire. La position du bras de Cecilia Gallerani est alors modifiée, et un voile bleu est ajouté sur son épaule gauche. Enfin, dans la version finale, la main qui tient délicatement l'animal devient plus charnue et l'animal change totalement d'aspect et de couleur. De frêle petite bête grise, il se mue en une curieuse espèce, plus forte, d'une teinte presque blanche, tenant du lion avec des pattes de chien.

 

 

Cette découverte a donné naissance à différentes théories: de Vinci aurait ajouté l'hermine pour symboliser l'amant de Cecilia Gallerani (l'hermine comme symbole de noblesse), avant d'en modifier l'aspect et la couleur pour flatter son mécène, Ludovico Sforza étant surnommé "le maure Italien, hermine blanche", et louer le courage de cet homme de guerre. Une autre théorie voudrait que Gallerani ait demandé à l'artiste d'ajouter l'animal afin de rendre notoire auprès de la court milanaise sa relation avec le duc. Ainsi, la jeune aristocrate tient le duc de Milan dans ses bras.

Mais cette découverte met à jour, selon Cotte, un Leonard de Vinci qui "hésite, efface des éléments, en ajoute, change sans cesse d'avis". C'est aussi un riche enseignement sur la façon dont Léonard envisageait son travail, et une explication à la difficulté qu'il avait à achever ses ?uvres. 

Pérégrinations d'un tableau à travers l'histoire
La peinture a été acquise par le prince Adam Jerzy Czartoryski en 1798 et intégrée dans les collections de la famille en 1800, mais ce chef d'oeuvre subira les vicissitudes de l'histoire du pays. Le portrait a d'abord été clandestinement transporté à Paris par les Czartoryski à la suite de l'insurrection anti-tsariste de 1830 à 1831. Plus d'un siècle plus tard, il est saisi en 1939 par les nazis et envoyé à Berlin, puis restitué au musée de Cracovie en 1940, pour être enfin retrouvé par les troupes alliées en Bavière. Le portrait revient en Pologne en 1946 et est exposé depuis le 12 mai 2012 au château du Wawel à Cracovie en attendant la réhabilitation du musée Czartoryski. 

Informations sur les visites: http://www.wawel.krakow.pl/en/
Tel: +48 12 422 51 55 - ext. 219

Laura Giarratana (Le Petit Journal/Varsovie) - Mercredi 15 octobre 2014

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Publié le 20 octobre 2014, mis à jour le 21 octobre 2014
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