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INTERVIEW – Bernard Soulier, vice-PDG de Diálogo : "Sans changement, l’axe transpyrénéen sera complètement saturé en 2020"

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 20 avril 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

(Photo Brian Toussaint)
La seconde édition du forum sur les transports sera organisée le 22 avril à Madrid. La première édition avait permis de remettre aux gouvernements français et espagnol un livre blanc, destiné à regrouper les principales données du sujet. Un mois avant le sommet franco-espagnol de 2009, Diálogo apportait donc sa contribution à un débat "ancien et répétitif, qui n'a guère avancé au cours des décennies"

Lepetitjournal.com : Pourquoi l'association Diálogo a-t-elle décidé de se charger de l'organisation du Forum des transports, pour la deuxième année consécutive ?
Bernard Soulier : La problématique des transports et des infrastructures transpyrénéennes est une problématique ancienne, répétitive et qui n'a guère avancé au cours des décennies. Qui mieux que Diálogo, dont la mission est de faciliter les relations franco-espagnoles, pouvait se charger de ce dossier ? Il s'agit là d'une question essentielle concernant la relation bilatérale, qui depuis des années n'avance pas et sur laquelle il est maintenant urgent de trouver des solutions. La mission de Diálogo, c'est d'aider à débloquer ce type de dossiers, justement.

La situation est-elle donc si compliquée ?
Le problème se pose de façon beaucoup plus accrue dernièrement, puisque des embouteillages très sérieux ont lieu quotidiennement au Perthus et à la Jonquera, que les prévisions indiquent qu'en 2020, l'axe transpyrénéen sera complètement saturé et la situation ingérable. Il faut donc rapidement faire passer une partie du transport de marchandise effectué par la route sur d'autres moyens de transport, tels que le chemin de fer ou le maritime. Aujourd'hui, 93% du transport de marchandise est réalisé par la route.

Qu'est-ce qui bloque pour réaliser ce changement ?
Peut être simplement le courage politique, car il s'agit d'engager de gros investissements, pour créer des lignes ferroviaires, notamment. Au niveau espagnol, l'espacement des voies n'est pas aux normes internationales : il est donc nécessaire de refaire tout le réseau. C'est un investissement conséquent, même s'il y a des solutions moins onéreuses et plus rapides, comme terminer l'axe E9 (Toulouse - Barcelone, en passant par Foix et le tunnel de Puymorens).

Qu'est-ce qui explique que l'espacement espagnol ne soit pas le même que celui que nous avons en France ?
La raison est historique et militaire : les Espagnols craignaient une invasion française et ont donc volontairement construit leur réseau de telle manière que cette invasion ne puisse pas avoir lieu. Aujourd'hui que les relations entre nos deux pays sont au beau fixe, cette décision ancienne n'est pas sans conséquences en termes de coûts !
Récemment, un plan d'infrastructure de 17 milliards d'euros a été adopté par le gouvernement espagnol, dont 60% sont destinés au ferroviaire. C'est le début d'une véritable politique de voies ferrées en Espagne, permettant de connecter correctement le pays à la France.

Il est aussi question d'une troisième voie routière?
Oui, il s'agit de l'axe Zaragoza-Toulouse. C'est une demande de l'Espagne, qui est complètement justifiée, du fait de l'engorgement des deux autres axes. Cette troisième voie requiert cependant la construction d'un tunnel, aussi long que celui du Mont Blanc. Un accord vient d'être signé entre la France et l'Espagne, pour réaliser des études concernant le creusement de ce tunnel. Un premier budget de 6,7 millions d'euros a été débloqué pour ces études.

Quel est votre bilan concernant le forum transports de 2009 ?
La première édition du forum nous a permis de rédiger un livre blanc qui a été remis aux gouvernements espagnol et français. Nous avons ainsi regroupé les principales données du sujet, juste avant le sommet franco-espagnol, qui s'est tenu 1 mois après. Diálogo a servi en quelque sorte d'aiguillon dans ce débat, en faisant du lobbying auprès des deux gouvernements. Nous allons donc, le 22 avril, faire le point sur les acquis de l'édition précédente, mais aussi continuer à faire progresser les avancées obtenues lors de l'édition antérieure.

Quelles seront les nouveautés de ce nouveau forum ?

Les débats seront particulièrement centrés sur le transport de marchandise. On parlera notamment beaucoup d'intermodalité, puisque c'est au centre de tous les discours politiques dernièrement.
Dans ce cadre, les tables rondes sur le transport aérien ont été supprimées : concernant la connexion franco-espagnole, il était surtout question de transport de passagers.
La grande nouveauté de l'édition de cette année, c'est également la présence d'institutionnels. Si les entrepreneurs sont les acteurs les plus intéressés dans l'avancement de ces dossiers, la présence de ces institutionnels permettra de transmettre de façon plus efficace leurs messages aux instances politiques concernées.
Nous compterons donc par exemple avec la présence de Jean-Louis Chauzy, président de la région Midi-Pyrénées, ou encore celle de, président de la région Aragón, mais aussi avec la présence de Jean-François Brou, président de la CCI de Toulouse, ou celle de Bruno Lavielle, chargé de mission au Conseil Régional de l'Ariège. Carlo Secchi, coordinateur des transports à l'Union Européenne, fera l'ouverture du forum... si les conditions aériennes le permettent!

 

Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) mardi 20 avril 2010

II Forum Inter-Entreprises "France Espagne : vision des entreprises sur les infrastructures de transport" - "Intermodalité entre l'Espagne et la France: défi ou réalité?"

MADRID
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Publié le 20 avril 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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