

On le sentait en pleine forme physique et morale à son départ, avec une envie de jouer presque vitale. Il a quitté Valence cet été avec la rage au ventre. Il est aujourd´hui champion d´Europe ! Juste après avoir décroché le titre, et avant de reprendre l´entrainement dès ce week-end dans son nouveau club à Nancy où il a signé pour trois saisons, Florent Pietrus (photo DR), sollicité par tous les médias, à la Une de l´Equipe, dans le Monde, et sur les plateaux télé, n´a pas oublié Valence et a une nouvelle fois consacré une interview pour les lecteurs du Petitjournal.com. Loin des yeux, mais pas loin du c?ur.
Le sentiment de prendre une revanche face à l´Espagne : "J´ai prouvé que je sais encore jouer au basket"
"Je suis bien content d´avoir bien joué contre l´Espagne, surtout dans un match au scénario fantastique. C´est un des plus beaux matchs de ma carrière. Cette demi-finale a été une finale avant l´heure. Je me suis certainement encore plus donné contre l´Espagne que contre n´importe quelle autre équipe. Par rapport à un pays où j´ai évolué pendant 10 ans, dans le meilleur championnat européen, face à des joueurs qui sont très bons, j´ai un profond respect pour eux. Et ça, ça m´a sur-motivé. En plus, je suis ami avec un certain nombre d´entre eux, donc c´était une rencontre spéciale". Si Rafa, son ancien coéquipier de Valence s´est empressé de le féliciter après la victoire, sur le terrain aussi, l´amitié est forte. À l´image de l´échange entre Florent et Victor Claver qui a eu cette parole à la fin du match : "Je suis déçu pour mon pays, mais même si on a perdu, un ami reste un ami. Félicitations. Tu as super bien joué". Malgré une dernière saison difficile à Valence, le joueur dit ne garder aucune ranc?ur : "Je n´ai pas tout compris, mais c´est du passé. Ce serait inutile aujourd´hui d´essayer de comprendre. Ça ne m´intéresse pas. En tout cas, j´ai prouvé que je sais encore jouer au basket, et aujourd´hui, je suis dans les étoiles".
Il fait partie du "clan des irréductibles"
Sur le parquet lors de la demi-finale contre l´Espagne, ce sont six joueurs qui ont fait une partie de leur carrière au Valencia Basket. Du côté français, Nando de Colo parti maintenant en NBA, ainsi que Joffrey Lauvergne, Mike Gelabale et pour l´Espagne, Claver et Aguilar fraichement arrivé pour "remplacer" Pietrus pour la petite histoire. On l´avait quitté en larmes, ému dans les bras de "Rafa", Rafael Martinez, à la conférence de presse en juillet dernier, on le retrouve en pleurs, fier et triomphant dans les bras de Tony Parker. "Avec Parker, Mike Gelabale et Boris Diaw, on a trimé pendant 13 ans pour en arriver là. Quand le coup de sifflet final a sonné, il était naturel qu´on se tombe dans les bras. Tous les 4, on se comprenait. C´est spécial entre nous. On est les anciens qui attendaient ça depuis des années. Même si c´est toute l´équipe qui a gagné, c´est forcément particulier pour nous. C´est un aboutissement de 13 ans d´efforts, de souffrance. Une consécration".
"Je rentre en France en étant champion d´Europe. C´est le timing parfait"
Quand, lors de notre dernier entretien, il nous confiait : "Je pense que c´est le bon moment pour rentrer", il ne pensait pas si bien dire. Gonflé à bloc, Florent Pietrus effectue un retour au pays triomphal, et fidèle à l´abnégation qui le caractérise, il tient à partager son bonheur : "Enfin les Français se rendent compte qu´il y a une bonne équipe de France de basket. Le titre appartient à la France entière et à tous". Élément prépondérant dans cet Euro, avec un jeu exceptionnel qui lui a valu des Unes exclusives de la presse ("Florent Pietrus : l´âme des Bleus" ou encore un nouveau surnom : après "Le gladiateur" en Espagne, il est devenu "Le ministre de la défense") l´aîné des Pietrus ne s´arrête pas là : "Je suis conscient du rôle majeur que j´ai à jouer pour promouvoir le basket. Nous sommes trois de l´équipe de France à jouer maintenant dans des clubs français, mais je suis le seul à rentrer en France. Ce statut, en plus de celui de champion d´Europe me confère un rôle majeur que je suis prêt à tenir. Je le ressens comme un devoir. Il faut surfer sur la vague. Il y aura forcément un effet 'coupe'." Premier signe, France Télévisions vient d´acheter des matchs de pro A, alors que ça faisait longtemps que le basket n´était plus diffusé sur les télés françaises. "Le basket doit profiter de ce titre. Le foot est le sport numéro 1 parce qu´il est surmédiatisé, mais les médias français doivent parler plus du basket".
"J´ai un rôle à jouer envers les enfants"
"C´est important de commencer par les gamins. Il faut les toucher et leur donner envie de faire du basket. Cette coupe, elle est aussi pour eux, elle est à eux. Je joue pour eux. Je n´oublie pas mes filleuls du Lycée Français de Valence. La médaille est pour eux aussi. Je les remercie de leur soutien". Après avoir été parrain l´année dernière de l´équipe de basket du Lycée Français, pourquoi Pietrus ne jouerait-il pas un rôle en particulier auprès des plus jeunes en France ? Son fils Illan a repris lui aussi l´entrainement dans son nouveau club. Très fier de son papa, il a pu montrer la médaille à ses nouveaux coéquipiers : "Je suis allé les voir à l´entrainement dès mon retour de Slovénie. Tout le monde est fier. Je suis heureux". Il est certain qu´il est prêt à partager l´amour de son sport et ses valeurs : "Je veux être une sorte d´ambassadeur du basket".
"La page de Valence est tournée, du point de vue sportif et professionnel?"
Les Pietrus prennent facilement leurs marques à Nancy d´où est originaire Christelle : "C´est un bon club et les enfants sont contents. Ils ont leurs grands parents. C´est bien pour la famille". Florent parle aussi du climat, différent d´ici bien sûr, mais il a réalisé son rêve : "Je n´oublierai jamais ma vie à Valence. J´y reviendrai. Mais au niveau sportif et professionnel, la page Valence a été tournée dès que j´en suis parti. Aujourd´hui j´ai réalisé mon rêve de toujours ; je suis champion d´Europe avec l´équipe de France". Florent Pietrus aime ce pays où il a vécu presque 10 ans : "Je remercie tous ceux qui m´ont soutenu. J´ai été très touché par les très nombreux messages que j´ai reçu de Valence. Je vous dis juste à bientôt".
Cécile PANISSAL (www.lepetitjournal.com- Espagne) Lundi 30 septembre 2013







