

Sur proposition de la Commission européenne à Bruxelles, Madrid va engager une vaste étude sanitaire pour mesurer le taux de contamination alimentaire dans sa chaîne de production et rassurer les consommateurs espagnols. Les souvenirs des scandales de la bactérie E.coli, de la peste porcine ou du poulet à la dioxine restent encore vifs dans la mémoire des Espagnols.
(Photo Creative Commons ljcybergal)
Le cheval à l'épreuve du flacon. Non, il n'est pas question de contrôles antidopage chez les équidés-stars des paddocks, mais bien de crise alimentaire qui couve dans les supermarchés et atteint désormais les laboratoires. Depuis ce week-end, l'affaire des "lasagnes à la viande chevaline", qui a éclaté en France la semaine dernière et a conduit au démantèlement d'un trafic de 750 tonnes de produits frauduleux, provoque des remous dans la plupart des pays européens. Vendredi, la Commission européenne a lancé une grande enquête sanitaire en demandant à ses États membres de pratiquer des tests ADN afin de détecter une présence illicite ou non de viande de cheval dans des plats préparés vendus à la consommation (lasagnes, raviolis, hamburgers). L'Espagne est l'un des pays les plus concernés par la mesure : Madrid devra réaliser 150 examens cliniques courant du mois de mars, dont les résultats devraient être rendus publics à la mi-avril. Objectif avoué : "tranquilliser le consommateur."
L'UE dicte le pas
La Commission européenne, par l'intermédiaire de son commissaire à la Santé et à la Consommation Tonio Borg, avait initialement proposé cette mesure mercredi, à destination des pays les plus touchés par la crise de la viande chevaline, comme la France et le Royaume-Uni. Son plan a trouvé un plus large écho vendredi quand il a été approuvé par une majorité des Vingt-sept États membres, en réponse à la traînée de poudre que suscite cette polémique en dehors des frontières de la France. Selon Europa Press, qui s'appuient sur des sources internes, seule l'Italie, principal producteur de viande dans l'UE, a voté contre cette mesure.
2.250 tests ADN en Europe
L'Espagne, avec 150 tests ADN demandés par Bruxelles, est logée à la même enseigne que la France, le Royaume-Uni, l'Italie, la Pologne et l'Allemagne. La Belgique, les Pays-Bas et le Portugal devront réaliser une centaine de tests. L'Irlande et quatre autres pays européens s'en sortent avec 50 examens cliniques. D'autres États membres pratiqueront une petite dizaine de contrôles. Le poids du marché de consommation et de vente de viande dans chaque pays ainsi que ses capacités d'importation auraient influé ainsi sur cette politique préventive échelonnée. Au total, 2.250 tests ADN seront réalisés, pour un coût estimé à 3 millions d'euros.
Pas de produits frauduleux, selon Findus Espagne
Vendredi 8 février, Findus, première marque de grande consommation concernée par ce trafic de viande chevaline frauduleuse, avait affirmé qu'aucun de ses produits commercialisés en Espagne n'étaient concernés par cette affaire, comme l'a rapporté à l'époque le journal espagnol ABC. Ses centres de production, confiés à des sous-traitants, étant localisés en territoire espagnol, n'auraient "aucun lien" avec ceux incriminés, situés en Angleterre ou en France (la société Spanghero, basée à Castelnaudary dans l'Aude, a été confondue par les autorités françaises, qui lui ont retiré puis rendu - hier - son agrément sanitaire au titre de "préserver l'emploi", selon les mots du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll). L'inquiétude demeure Malgré toutes ces précautions, l'inquiétude demeure chez les consommateurs espagnols. Si le Ministère de la Santé espagnol avait écarté, en début de semaine dernière, tout risque de contamination alimentaire ("la viande chevaline est comestible", avait-il indiqué dans des propos rapportés par le journal spécialisé Invertia), l'affaire des "étiquettes maquillées" a fait ressurgir de douloureux souvenirs dans la mémoire collective. La bactérie E.coli et l'histoire du concombre contaminé avaient causé beaucoup de dommages à l'industrie agro-alimentaire espagnole, qui avait été accusée à tort comme source du problème (relire l'article consacré à l'affaire en page 28 de notre Almanach 2011).
Les intoxications alimentaires et l'Espagne, une longue histoire
Dans la presse espagnole, l'affaire des "lasagnes au cheval" a fait remonter un petit historique des dernières contaminations alimentaires : dernier cas majeur, la peste porcine. En juin 2001, un cheptel d'animaux fut infecté. 100.000 bêtes furent sacrifiées au titre du principe de précaution. La Catalogne avait été la région la plus affectée. Deux années auparavant, en 1999, le scandale du poulet à la dioxine avait aussi touché l'Espagne. La plus sombre affaire de produits alimentaires toxiques pour la santé humaine remonte à l'année 1981 en Espagne : de l'huile de colza frelatée avait provoqué rapidement la mort d'un enfant de 8 ans originaire d'une ville de la région madrilène. 4.537 personnes perdirent la vie au total. À l'époque, l'origine du scandale sanitaire avait été localisée... en France.
Damien LEMAÎTRE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 19 février 2013
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