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RENCONTRE – Erwan Davoux, candidat "Les Républicains" aux élections législatives pour la 9ème circonscription des Français de l'Etranger

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 11 janvier 2017, mis à jour le 10 janvier 2017

Erwan Davoux est chargé de mission des Républicains pour la 9e circonscription : Maghreb et Afrique de l'ouest. Il est également candidat aux élections législatives pour la 9ème circonscription des Français de l'Etranger. Nous l'avons rencontré à La Marsa où il donnera une réunion publique, à l'Agora, le 11 janvier à 18h30

Lepetitjournal.com/Tunis : Quel est votre lien avec la Tunisie ?

Erwan Davoux : 

La Tunisie est mon pays natal, et c'est à La Marsa que j'ai fait mes études. C'est toujours avec une émotion particulière que j'atterris à l'aéroport de Tunis Carthage avec un peu le sentiment que je rentre chez moi.

Quelle est l'importance des relations franco-tunsiennes ?

Nos destins sont liés : il est capital que la France entretienne des relations très étroites avec les pays de la rive sud de la méditerranée et, particulièrement la Tunisie. A peine plus de 800 kms séparent Marseille de Tunis, le monde méditerranéen et la Tunisie en particulier, constituent le lien naturel entre l'Europe et l'Afrique. Rester indiffèrent à ce qui s'y passe serait autant inapproprié que dangereux.

Nous devons relever des défis communs : la lutte implacable contre le terrorisme, la stabilisation de la région, particulièrement la situation en Libye qui constitue une source de préoccupation majeure.

Nous avons chacun besoin l'un de l'autre. Bien sûr, les raisons historiques, géographiques, sécuritaires hélas aujourd'hui, mais aussi économiques et humaines expliquent cette absolue nécessité.

Et sur le plan économique ?

Nos relations économiques sont intenses. la France est le 1er fournisseur de la Tunisie mais est également son 1er client.

Cependant, nous devons construire quelque chose ensemble sur les plans politique et humain et pas seulement développer encore davantage nos relations économiques. Ce serait réducteur.

Il y a une langue, le français, que nous partageons et qui n'est pas un simple outil de communication mais également, et même surtout, un vecteur de transmission de valeurs communes. Le président Bourguiba, l'un des quatre pères fondateurs de la francophonie, fut un précurseur. Au Niger, en 1965, il déclara « la langue, est un lien remarquable de parenté qui dépasse en force le lien de l`idéologie ». L'idée d'une francophonie culturelle et politique était lancée.

Je me réjouis que la Tunisie accueille en 2020 le sommet des chefs d'états et de gouvernement de la francophonie : c'est un signal fort et une reconnaissance adressée à la Tunisie qui ?uvre sans cesse au dialogue des cultures et des civilisations.

La Tunisie est un lien entre la France, l'Europe et l'Afrique. De nombreux Tunisiens ont un frère, une tante, un cousin ou un membre de leur famille en France. Il y a aussi une importante communauté française en Tunisie (25 000) certains ont la chance d'avoir deux nationalités : les binationaux sont une passerelle naturelle entre les deux pays. Ils sont une chance. Je me situe totalement dans la lignée de Jacques Chirac. Dans son dernier message aux Français, le 11 mars 2007, il déclarait : « le vrai combat de la France, le beau combat de la France, c'est celui de l'unité, c'est celui de la cohésion. Oui, nos valeurs ont un sens ! oui, la France est riche de sa diversité ! ».

Comment jugez-vous la politique étrangère actuelle de la France ?

La politique étrangère de la France est à la dérive.
Hélas, la France n'est plus leader sur aucun dossier diplomatique majeur. Sa voix n'est plus ni attendue, ni entendue dans le monde. La perte d'influence aura été colossale sur la scène internationale durant le quinquennat de François Hollande.
Dans une zone qui nous concerne plus directement, je pose la question : où est passée la politique arabe de la France ?
- vis-à-vis du Maghreb et, plus particulièrement de la Tunisie, la coopération est dense mais revêt souvent un caractère technique, alors que le partenariat avec la Tunisie devrait être stratégique. Je crois, en réalité que l'actuel pouvoir français connait peu ou mal la Tunisie :
- Manuel Valls qui écorche le nom du président Beji Caïd Essebsi, son hôte, lors de la dernière visite, et qui récidive dans ses maladresses en mettant sur un même plan, dans une même phrase, la situation de la femme en Tunisie et en Iran ! quelle méconnaissance honteuse de la Tunisie, de son histoire, de l'action du président Bourguiba dans ce domaine et de ce que prévoit l'actuelle constitution ! dès son indépendance sous l'autorité du président Bourguiba, la Tunisie a choisi d'accorder une priorité absolue à l'éducation, d'investir massivement dans ce domaine ; l'autre priorité a été de promouvoir l'Egalite homme-femme. un modèle de développement spécifique qui a permis à la Tunisie, depuis, d'être à la pointe de la modernité tout en étant fidèle a sa tradition. un modèle unique dans le monde arabe. La vraie richesse de la Tunisie, c'est son capital humain. 

Le proche orient est un autre triste exemple :
- souvent à l'avant-garde dans le conflit israélo-palestinien pour trouver des solutions audacieuses, la France est désormais à la remorque. ce conflit demeure central, rien dans la région ne sera possible tant que les Palestiniens n'auront pas leur état et Israël un droit effectif a sa sécurité. Il n'y a pas d'alternative à la solution des deux états vivant côte à côte, aucune, et pourtant la colonisation continue rendant les perspectives de paix de plus en plus improbables.

Je salue l'initiative prise par la diplomatie sénégalaise au conseil de sécurité, de rappeler que la colonisation est contraire au droit international. Je souhaiterais que la France retrouve le rôle moteur qui fut le sien, notamment sous Jacques Chirac, qui est aussi celui qui s'est opposé à l'aventure irakienne, non de manière isolée mais en entraînant la communauté internationale derrière lui, derrière la France. Cette aventure irakienne, nous continuons à en payer le prix et les conséquences : elle a déstabilisé tous les proche et moyen orients et a favorisé la prolifération du terrorisme. Quand il n'y pas d'état fort, alors le terrorisme se développe.
- en Syrie aussi, aussi la France n'a pas eu de stratégie. S'il est utile de dénoncer les massacres de Bachar al Assad contre son propre peuple, de dénoncer son aveuglement à refuser toute ouverture politique, cela ne fonde pas une politique. Quelle était la solution alternative ? pourquoi François Hollande a-t-il été lâché par tous ses alliés quand il s'est agi de répondre militairement à l'usage d'armes chimiques ? isolée, la France a été déconsidérée et n'est désormais plus dans le jeu pour rechercher les termes d'une sortie de conflit.

Etes vous satisfait du déroulement de la primaire des Républicains ?

La primaire des Républicains a été un grand succès :

- participation massive : plus de 4 millions de votants
- organisation parfaite par la haute autorité : aucune contestation
- les débats ont été de grande qualité ce qui n'est guère étonnant puisque l'on comptait un ancien président et deux anciens premiers ministres parmi les candidats.
- je m'étais engagé aux cotes d'Alain Juppé et je suis fier de l'avoir servi. Entré en politique derrière jacques Chirac, il était naturel que je suive Alain Juppé. Dans la 9eme circonscription des français de l'étranger, la nôtre, Alain Juppé est arrivé en tête, notamment en Tunisie, en Algérie et Maroc.
- la primaire a désigné, au niveau national, un vainqueur clair : François Fillon. Je le soutiens totalement. Il est le seul à même de faire triompher nos idées, faire barrage au Front National et battre la Gauche. Notre famille politique doit être rassemblée pour reconquérir l'Elysée. Toutes les sensibilités doivent pouvoir s'exprimer mais nous avons un devoir impérieux d'unité.

Que pensez-vous des dernières modifications des conditions des Français de l'Etranger ?

Le gouvernement actuel n'aura rien fait pour les Français de l'Etranger.
Je rappelle, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la prise en charge partielle des frais de scolarité, la création d'un secrétariat d'Etat aux Français de l'Etranger et 11 postes de députés pour les représenter.
Ce gouvernement n'aime pas les français de l'étranger :
- suppression de la prise en charge sans augmentation corollaire suffisante des bourses ce qui a eu pour effet d'accroître encore davantage la part des familles dans les frais de scolarité
- extension de la CSG/CRDS aux Français de l'Etranger qui pourtant ne cotisent pas au régime général de sécurité sociale.
Ce gouvernement considère les Français de l'Etranger comme des exilés fiscaux ou des nantis.
Aucune mesure n'est à mettre à son actif dans ce domaine.

Que proposeriez-vous pour améliorer cette situation ?

Je propose pour ma part trois priorités concernant les Français de l'Etranger :
1) Rétablir l'équité fiscale
Je propose de supprimer la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution pour la réduction de la dette sociale (CRDS) pour nos compatriotes à l'étranger. Puisqu'ils ne bénéficient pas du régime obligatoire d'assurance-maladie et de retraite, il est donc totalement anormal que le gouvernement leur impose cette dernière contribution.
Je propose que la résidence en France soit considérée comme une résidence principale et non secondaire. Il est naturel que tout Français de l'étranger dispose d'une résidence en France pour l'habiter lorsqu'il séjourne sur le territoire national. Pour nombre d'entre eux, c'est une seule solution de repli pour mettre leur famille à l'abri des risques encourus dans leur pays de résidence. Cette résidence doit être considérée comme une résidence principale et non secondaire. Elle ne doit pas subir une taxation différente que ce soit lors de la vente ou en termes d'impôts locaux.
2) Développer le lien culturel avec la France
Scolariser ses enfants à l'étranger ne doit pas être un luxe !
Depuis le début des années 90, c'est l'agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) qui a la charge du secteur éducatif français à l'étranger. Le nombre des demandes d'inscription dans les établissements de l'AEFE a progressé de 50% en 20 ans. Les taux de réussite au bac témoignent du haut niveau de qualité et d'attractivité de cet enseignement.
Néanmoins, le dispositif, aussi bien dans les structures centrales de l'AEFE que dans les établissements, a besoin de dynamisme pour moderniser son fonctionnement, élargir l'offre d'enseignement et alléger le poids de la scolarité dans le budget familial.
La gouvernance de l'AEFE doit être reformée pour associer davantage familles, entrepreneurs et élus. Localement la gouvernance des établissements, quel que soit leur statut, doit s'ouvrir à davantage de souplesse, d'initiative, d'autonomie de gestion, et au monde de l'entreprise.
Une plus grande équité dans l'appréciation de l'éligibilité des familles aux bourses scolaires (seules 5% des familles qui bénéficiaient de la prise en charge ont bénéficié d'une bourse), en révisant les critères d'attribution, en veillant aux effets de seuil pervers (familles dont les revenus sont trop élevés pour prétendre a une bourse et qui ne bénéficient pas de l'aide d'entreprises aux expatriés).
3) Réaffirmer la place des Français de l'Etranger dans la République
160 000 français sont immatriculés dans la 9eme circonscription : ce n'est pas rien ! Les Français de l'Etranger ont droit à une place entière et spécifique dans la République !
Le particularisme de la vie hors de France justifie l'élaboration d'une politique globale en faveur des Français de l'Etranger, avec la création d'un statut spécifique. Le but sera de préciser les droits et devoirs et d'atténuer les contraintes dues à l'éloignement géographique.

Parlez-nous de votre candidature aux Législatives

Je suis candidat dans la 9ème circonscription des Français de l'Etranger, 16 pays du Maghreb et de l'Afrique de l'ouest (4 et 18 juin). Elle est actuellement détenue par la gauche, plus précisément par Pouria Amirshahi. Je ne partage pas ses idées, mais j'ai du respect pour lui : c'est une personnalité qui n'a pas transigé sur ses convictions sincères et qui n'a pas hésité à prendre des positions inverses à celle du PS quand il l'estimait nécessaire ou juste.
Il a décidé de ne pas se représenter, il n'y a donc pas de sortant.

Le candidat du PS devra assumer totalement le bilan de François Hollande, et notamment, le projet calamiteux déchéance de nationalité !
- cet épisode restera une tache indélébile sur son quinquennat. Il a voulu inscrire dans la constitution, socle des valeurs républicaines, une différence entre Français, par pur opportunisme pour ne pas dire cynisme, pour tenter de retrouver une popularité évanouie? Ce n'est pas admissible. Chacun savait très bien que l'effet dissuasif serait nul : croit-on vraiment qu'un djihadiste aurait renoncé à passer à l'acte pour ne perdre sa nationalité française ?

- la suspicion a été jetée sur des millions de Français qui ont une double nationalité et qui ont été stigmatisés. Quelle aurait été l'étape suivante ? la suppression de la double-nationalité ? les regrets tardifs de François Hollande ne peuvent bien entendu pas suffire?.
- le rôle du responsable politique, de l'homme d'état ne doit pas être de suivre une opinion publique inquiète, légitimement marquée par les attentats tragiques qu'a connus notre pays. Il doit guider le pays, faire de vraies propositions qu'il estime utiles pour l'avenir et convaincre les Français. il doit être un précurseur, il doit contribuer à influencer l'opinion et non uniquement la suivre?. C'est en tout cas ma conception de l'action politique et c'est la même l'honneur du responsable politique que ne pas dire à chacun ce qu'il souhaite entendre toujours et tout le temps !

Lire ICI notre précédente interview d'Erwan Davoux

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) lundi 26 septembre 2016

 

 

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Publié le 11 janvier 2017, mis à jour le 10 janvier 2017

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