PAROLES D'EXPAT - Christine Rossi : je suis définitivement liée à la Tunisie
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Christine Rossi n'est pas tout à fait une expatriée. Elle est née en Tunisie où son père était en poste à l'Ambassade de France. Partie en France en 1973, elle est revenue en 1990 s'installer en Tunisie
L'histoire de Christine Rossi est marquée par la Méditerranée. Son père était un grand pêcheur, très connu au port de Sidi Bou Saïd. Elle a passé une partie de son enfance sur son bateau et travaille avec son mari dans sa poissonnerie au marché de la Marsa, "la nouvelle vague"
Pourquoi être revenue ?
Je suis revenue en Tunisie pour être aux côtés de mon père, et aussi parce que la Tunisie me manquait.Au départ, j'avais pris une année sabbatique mais je suis restée. J'ai donc démissionné de mon poste de gérante d'un restaurant italien à Chalon sur Saône, et j'ai commencé à donner des cours de Français.
Qu'est ce qui vous plait en Tunisie ?
Tout d'abord, c'est mon pays natal. J'y aime la vie en général ... La vie est plus douce, et même si je travaille beaucoup j'ai presque toujours l'impression d'être en vacances. Le rythme est très différent de celui de la France, beaucoup moins stressant. Ici, on sait donner du temps au temps.
L'hospitalité, l'accueil, leur spontanéité, toujours un petit mot gentil, ça ajoute à la douceur de vivre. La nature est aussi très belle, les senteurs, les épices ...
Ensuite, je voulais retrouver la Méditerranée que j'adore qui a marqué mon enfance. Mon père, Henri, était un grand pêcheur de gros, je suis très attachée à la mer qui est "omniprésente" ici.
J'ai de magnifiques souvenirs de grandes pêches avec lui : les gros oursins avec du pain frais et du vin blanc sur le bateau, les dizaines de kilos de pagres, limons, dorades et parfois des langoustes. C'était une grande passion que j'avais en commun avec mon père, qui a gagné beaucoup de concours avec le "Pluvier 2" , son bateau. Il était très connu au port de Sidi Bou Saïd, aussi pour sa générosité, car il offrait beaucoup de sa pêche.
Oui ça me plaisait beaucoup et mon mari qui a hérité de la boutique de son père, a choisi cette voie. C'est d'ailleurs comme cela que je l'ai rencontré !! je suis définitivement liée à la mer je crois !
Comment avez vous vécu la révolution ?
Sereinement. J'ai participé aux gardes du quartier, je m'occupais du thé et de la nourriture. Bien sûr j'ai eu quelques frayeurs, mais j'ai trouvé une solidarité que je n'avais jamais ressenti ailleurs. J'étais très fière des Tunisiens, de cet engouement, de leur courage.
Quel est votre sentiment après les premiers résultats des élections législatives ?
Je suis très heureuse. C'est un premier pas vers la démocratie et pour un changement positif. Le chemin va être long, les Tunisiens comme les résidents devront être courageux et persévérants ...
Pensez-vous un jour revenir en France ?
Depuis quelques mois, ma nouvelle vie me donne encore plus envie de rester en Tunisie et m'a enlevé définitivement toute hésitation à rejoindre la France.
Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) jeudi 30 octobre 2014
