

Dalila Fortin est candidate FN aux élections législatives 2017, pour la 9e circonscription des Français de l'Etranger
Lepetitjournal.com/tunis : Pourquoi avoir choisi de vous présenter aux législatives 2017, dans la 9e circonscription ?
Dalila Fortin : En 2010, après avoir vécu une année en Asie, je prends conscience de la dégradation profonde de mon pays. Ce qui me saute aux yeux avec la plus grande violence c'est d'observer à quel point la propagande médiatique alignée sur la pensée unique importée des Etats-Unis, a su à ce point altérer l'esprit critique français.
Le voile des apparences est tombé à ce moment-là pour moi, et il m'est apparu évident que le seul parti diabolisé, montré du doigt en France était en fait le seul qui ne soit pas responsable de la débâcle actuelle, et le seul authentiquement patriote. J'ai rejoint ce parti, injustement qualifié de raciste.
En 2016 je vois l'opportunité pour moi d'aller plus loin dans mon engagement et de porter un message. Je décide de représenter les Français de l'Etranger, sur une circonscription avec laquelle j'ai une proximité culturelle, puisque je suis française par mon père et marocaine par ma mère.
En tant que député je défendrai les intérêts des français qui vivent sur ma circonscription, mais j'aurai aussi un rôle à jouer sur les choix de la France qui auraient des conséquences sur la politique intérieure de pays de ma circonscription. J'y veillerai d'autant plus que notre premier ministre récemment nommé a sa part de responsabilité dans la déstabilisation de la zone sahélienne, alors qu'en 2008 il obtenait de faire signer un contrat d'exploitation de l'Uranium entre Areva et le gouvernement nigérien.
Je défendrai aussi la souveraineté des pays d'Afrique, car la bonne santé politique de ces pays conditionne la sécurité de mes compatriotes français.
Quelles sont selon vous les principales attentes des Français y résidant ?
Elles sont prioritairement axées sur des questions financières, et de facilitation des démarches administratives.
Je pense aussi que les expatriés pâtissent de la politique extérieure de la France depuis des années. Nicolas Sarkozy a complètement déstabilisé l'Afrique en jetant les armées françaises sur Muhammar Khadafi (que nous avions par ailleurs reçu en grande pompe à Versailles, en 2007). Voilà un exemple d'ingérence aux conséquences dramatiques qui fait augmenter le sentiment d'hostilité envers les français à l'étranger.
Le FN s'oppose totalement à ces dérives belliqueuses, c'est d'ailleurs l'une des raisons principales de mon engagement dans le parti, qui s'il est pour la souveraineté nationale en France, l'est aussi pour tous les pays.
Michèle Alliot Marie assistée d'Erwan DAVOUX (actuel candidat aux législatives) s'est quant à elle permise de proposer le « savoir-faire » de la police française pour mater le printemps arabe. Les franco-tunisiens ont de la mémoire et sauront au moins qui ne pas cautionner.
J'en profite pour dénoncer le choix du parti EM qui a investi Leila AICHI, ex-activiste pro-Polisario. L'annonce de sa candidature a aussitôt provoqué la colère au Maroc, et même la désolidarisation du bureau EM Casablanca. Les bureaux EM du Sénégal, de la Côte D'Ivoire, et de Tunisie ont d'ailleurs fait part de leur soutien au bureau de Casablanca. Ce positionnement diplomatique est de toute évidence un signal d'alarme.
Les conséquences de ces politiques font augmenter l'insécurité pour mes compatriotes vivant à l'étranger, et je me pose la question de savoir si cela fait objectivement partie de leurs attentes.

Quel est votre parcours et votre implication passée auprès des Français de l'étranger ?
Je suis issue de la société civile et ne suis pas un vieux routard de la politique en quête systématique d'un portefeuille.
Mon parcours idéologique a débuté en 2010 et 2017 est l'année du premier engagement politique concret. J'ai choisi ma circonscription en fonction de ma plus forte capacité à comprendre mon électorat. Depuis que j'ai commencé ma campagne, j'ai rencontré de solides appuis, et sympathisants.
J'ai des soutiens très marqués au Maroc, en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Je sors un peu du cadre de la question, mais j'aimerais vous en parler, au-delà des soutiens français de ces deux pays, j'ai aussi le soutien d'ivoiriens et de sénégalais qui ont parfaitement compris que l'arrivée aux affaires du FN pourrait remettre en question la domination qu'ils subissent par l'existence du Franc CFA et les accointances établies entre le gouvernement français et les leurs.
Quels sont les sujets que vous comptez défendre en priorité devant le Parlement ?
Les Français de l'Etranger sont les oubliés de la nation, la preuve en est, pas de ministère des Français de l'Etranger dans le gouvernement d'Emmanuel Macron.
Ma priorité est avant tout fiscale, il est nécessaire d'obtenir la gratuité de la scolarité pour les élèves français qui sont les faire-valoir du système AEFE. Une baisse des impôts évidente, il faut abroger immédiatement l'imposition CSG/CRDS des revenus du patrimoine des français résidant hors de l'UE. Nous voulons aussi défendre les entreprises françaises (grands groupes, TPE/PME, indépendants) créatrices d'emploi.
Quelles attentions particulières méritent les pays de la 9e circonscription ?
Les Français de l'Etranger méritent au moins un ministère et le gouvernement EM les en a privés. C'est dire le combat à mener pour que les Français de l'Etranger demeurent une priorité nationale.
Comment pensez-vous gérer vos permanences dans les différents pays de votre circonscription pour être au plus près des Français basés dans la région ?
Avec les moyens de communication actuels. Je suis dès à présent connectée à mes électeurs via facebook, whatsapp. La politique a changé. Nous devons être au niveau de notre siècle.
Par l'intermédiaire de cette interview, que souhaiteriez-vous dire à la communauté française de votre circonscription et particulièrement celle de Tunisie ?
Je débute en politique, je ne viens pas de ce milieu, et je n'ai pas fait le choix opportuniste de m'engager derrière le parti En Marche, ou le parti Socialiste qui était en 2012 le parti gagnant de ma circonscription.
Mes choix sont fait en droite ligne avec mes convictions : plus de justice fiscale pour les français, moins de pression sur les classes moyenne, retour à plus de souveraineté nationale, respect de la souveraineté des autres pays dans le monde, sécurité face à la menace terroriste, et points uniquement abordés par le FN, renouer des liens avec le continent africain (francophonie), et être un acteur de soutien au développement pour le continent, par l'éducation et l'agriculture. Voilà donc autant de gages pour mes électeurs de l'authenticité de mon engagement.
BIOGRAPHIE
Née le 27 Avril 1984 à Varages, dans le Var, je suis française par mon père et marocaine par ma mère qui est née et a grandi à Meknès. J'ai moi-même grandi dans le Gard près d'Avignon, entre la Drôme, les Cévennes et l'Ardèche.
A l'âge de 18 ans je quitte ma région pour étudier les Arts Appliqués à l'école Olivier de Serres à Paris. Je fréquente à cette époque un groupe de jeunes écologistes. Je ne m'engage pas dans le parti ne percevant pas la cohérence des combats qui y étaient menés. Je m'en éloigne d'ailleurs assez rapidement.
Je découvre à Paris l'art contemporain, et décide de devenir artiste et pour cela fais un rapide passage par la Sorbonne en Arts Plastiques, et passe ensuite le concours d'entrée aux Beaux-Arts de Paris, que je réussi. La cohérence du milieu artistique m'échappe aussi, je traverse ces années avec beaucoup de mélancolie.
Invitée en 2010 à Bangkok pour produire une exposition personnelle, je pars vivre près d'un an en Asie. Mon sursaut politique s'opère dès mon retour, et je rejoins le Front National à cette époque. À l'autre bout du monde, grâce au recul, j'ai pris conscience de la dégradation profonde que subit mon pays qui fût à des sommets, que cela concerne le niveau d'éducation moyen, le niveau de la recherche scientifique et technologique, la qualité de l'équilibre social, la finesse des rapports diplomatiques, la profusion d'?uvres artistiques et littéraires, allant jusqu'au rayonnement culturel qui forçait le respect de par le monde.
En 2012 je termine les Beaux-Arts. Le diplôme en poche je poursuis alors mon expérience professionnelle en travaillant pour un palace parisien, puis à mon compte avec une activité de vente en ligne, et en tant que graphiste auprès de particuliers.
Quotidiennement préoccupée par l'affaissement de toutes les structures de mon pays et l'accélération de ce processus, je décide en 2017 de devenir l'un des artisans de la refonte à venir. Parce que je connais la vie d'expatrié, et forte de mon double héritage culturel, je choisis de représenter les français vivant en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest.
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Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) mardi 23 mai 2017













