FRANCOPHONIE - Yamina Benguigi à Tunis

A l'invitation de M. Touhami Abdouli, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes qu'elle avait reçu à Paris le mois dernier, Yamina Benguigui, ministre déléguée française à la Francophonie, était en visite officielle en Tunisie du 18 au 20 novembre

Elle s'est rendue aux Journées cinématographiques de Carthage, évènement culturel majeur de la scène euro-afro-arabe, où elle a présenté notamment le nouveau fonds français de soutien aux cinématographies du monde, cofinancé par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée, ainsi que par le ministère des Affaires étrangères.

Madame Yamina Benguigui a ensuite rencontré, à l'Assemblée Nationale Constituante, Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaafar.

A l'issue de son entretien le 19 novembre avec le chef du gouvernement Hamadi Jebali, Mme Benguigui a annoncé le lancement d'un programme de formation de la langue française, qui mobilisera une équipe de 100.000 professeurs sur toute l'Afrique francophone, et permettra de "soutenir les ambitions et consacrer la volonté commune d'instaurer une langue égalitaire, solidaire et économique. La Francophonie est avant tout un espace francophone où nous devons évoluer ensemble en ayant comme socle la langue française".

Elle a également réaffirmé l'engagement du gouvernement français à appuyer la Tunisie dans son processus démocratique. Ce soutien se manifeste par une aide bilatérale accrue par le biais de l'Agence française de Développement ainsi que par un rétablissement des contacts politiques dans le dialogue et la confiance, avec toutes les parties prenantes au processus de transition.

Yamina Benguigui a convié la presse à la Résidence de France à la Marsa, en compagnie de Monsieur l'Ambassadeur François Gouyette, afin de relater ses échanges et engagements durant ses deux jours de visite officielle.

Pendant le point presse, elle s'est exprimée en ces termes :

"Je suis la première ministre du gouvernement Hollande à être en visite officielle en Tunisie, c'est la volonté du président et j'en suis très honorée. Je suis ici avec deux "casquettes" : représentante du président de la République et ministre de la francophonie. J'ai rencontré de nombreux ministres ainsi que Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar et Hamadi Jebali. J'ai également rencontré beaucoup d'artistes et des acteurs de la société civile. Le plan de relance que j'ai entrepris au sein de la francophonie est radical et portera bientôt ses fruits.

Vous êtes aux balbutiements de la démocratie, nous sommes là depuis 6 mois, et avons déjà avancé à grands pas, mais il faut que les choses se mettent en place.  Aujourd'hui cette langue est solidaire, égalitaire et économique. Nous voulons agir en gardant une posture centrale dans cette espace francophone : le Français doit être une langue de partage, efficace, qui permettra de circuler dans cet espace francophone et avancer ensemble.

Le programme de relance prévoit la formation de formateurs, dans certains pays où le français a été en perte de vitesse pour des tas de raisons : mauvaise pratique, manque de cours, enseignement trop léger.  Nous nous devons d'aider 100 000 professeurs pour l'Afrique entière, tout en évitant l'ingérence et en privilégiant l'autonomie des nations.
Aujourd'hui nous comptabilisons 220 millions de locuteurs français. En 2050 nous serons 750 millions dont 80 % en Afrique.

Nous avons un programme très ambitieux qui comprendra un deuxième volet : celui des femmes, avec un forum mondial femmes et francophonie, qui est inédit aujourd'hui. L'ONU FEMMES, présidé par Michèle Bachelet, fera partie de ce programme, et à partir de 2013, nous allons savoir où nous en sommes avec les femmes et mieux les appuyer, comme en République du Congo où elles subissent viols et violences.

Les femmes sont toujours à la tête de leur combat, et les paroles des femmes dans ce forum francophone doivent être mises en avant, car c'est elles qui donnent l'éducation, la santé, qui entreprennent avec des micro crédits ... Nous devons aussi mettre les différents pays en relation sur le modèle du Commonwealth.

La langue française n'appartient pas à la France mais aussi à la Tunisie, au Maroc, à l'Algérie ...
C'est une force qui véhicule des valeurs, c'est une langue de culture et qui appartient à cet espace,  c'est un socle. Aujourd'hui, nous étudions aussi un moyen de faire circuler les livres, sans mainmise de la France, avec des éditeurs libanais par exemple, car cela reste un produit cher et indispensable à la culture.

Nous sommes conscients qu'il y a un recul du Français dans le monde, en raison du chinois et de l'anglais, et qu'il y a beaucoup de travail à faire, long mais indispensable : le pays qui parlera français sera forcément dans une croissance économique."

La Rédaction (www.lepetitjournal.com/tunis.html) mercredi 21 novembre 2012