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FEMME EXPAT - Charlotte Prieto, la passion des animaux

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 1 octobre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

Charlotte Prieto a ouvert en Tunisie la première pension canine familiale. Arrivée en 2009, son pays d'accueil lui a offert la possibilité de vivre pleinement sa passion pour les chiens

Comment êtes vous arrivée en Tunisie ?

Suite à des problèmes de santé, j'ai rejoint mes parents qui vivaient en Tunisie pour ma convalescence, le 3 septembre 2009. Je ne suis jamais repartie !

Pourquoi êtes vous restée ?

Le pays m'a plu, mes parents étaient là, l'environnement et les tunisiens étaient agréables, je m'y sentais bien. J'ai ensuite rencontré le père de mon fils en 2010 et je me suis définitivement installée.

Mes parents ont quitté la Tunisie pour Istanbul en 2011, au moment où j'ai emmenagé avec le père de mon fils. C'est là que j'ai pris la décision de créer la pension, selon un concept qui n'existait pas en Tunisie : la pension familiale, sans box.

Quand vous est venue la passion des animaux ?

Depuis mon plus âge, j'étais passionnée par les chiens et les chevaux. Petite, j'ai toujours eu des petits chiens. Lorsque j'ai pris mon premier logement seule, j'ai eu un berger des pyrénées puis un caniche moyen, un croisé fox griffon, un irish terrier avec laquelle j'ait fait des concours et expositions en compagnie de mon père.

Et la décision d'en faire votre métier ?

En visitant l'exposition canine de Toulouse, j'ai eu le déclic, j'ai voulu joindre passion et études en même temps. J'ai donc poursuivi mes études dans ce sens : j'ai obtenu le BEPA Elevage canin et fait un BAC + 2 gestion administrative

En France, à Gennevilliers, j'étais gestionnaire à la Fourrière : je travaillais sur quatre postes en roulement, pendant 2 ans.

Comment avez vous vécu la révolution ?

A l'époque j'habitais juste à côté de la fameuse maison des Trabelsi à Gammarth, qui a été pillée et taguée.

Le 13 janvier, nous avions une soirée prévue à la Soukra, mais nos amis nous ont prévenus qu'il se passait quelque chose de bizarre dans le pays, et qu'il y avait une atmosphère tendue et inquiétante. Jusuqu'à ce jour d'ailleurs, nous n'avions pas remarqué que la révolution se préparait.

Ne comprenant pas les infos en arabe, nous étions plotôt sereins en attendant d'en savoir plus. Nous sommes donc restés à la maison et avons commencé à entendre les hélicoptères au dessus de la maison, ça commencait à devenir angoissant. Puis nous avons reçu un message d'urgence du consulat.

Comme nous n'avions jamais fermé les portes avant ce fameux 13 janvier, la grille était rouillée, et elle est finalement restée ouverte ! ensuite, nous avons eu les gardiens qui nous protégeaient. Notre participation était de 1 DT et 1 bouteille d'eau par jour, puisqu'ils refusaient la nourriture venant de non musulmans.

Nous avons assisté plus tard au pillage de la maison Trabelsi. Comme nous ne savions pas à qui elle appartenait, nous sommes allés avec les chiens parler aux jeunes qui nous ont dit "c'est la maison Trabelsi. On reprend ce qu'on nous a volé";

Pour ce pillage comme pour les autres les pilleurs étaient autant riches que pauvres, il y avait des enfants, des chants, les gens tapaient dans leurs mains, c'était un mélange de vengeance et de fête

Finalement nous n'avons pas vraiment souffert des émeutes. J'ai travaillé une seule journée depuis chez moi pour des raisons de sécurité.

Comment s'est passée la création de la pension ?

A l'époque je travaillais dans un centre d'appel et j'ai eu beaucoup de mal à trouver cet emploi.
J'y suis restée un an. Au bout de 3 mois je suis passée responsable plateau.

Pendant la fermeture d'été du centre d'appel j'ai commencé à garder des chiens puis j'ai préféré démissionner pour me consacrer totalement à la garde.

C'est grâce à Tunis Accueil que j'ai eu mes premiers clients, et le bouche à oreile a fait le reste
J'ai loué et aménagé une maison à Gammarth village pour pouvoir accueillir 4 pensionnaires maximum, en plus de mes chiens.

Quelles sont les règles de la maison ?

J'ai suivi les normes européennes, à savoir 4 chiens de moins de 15 kilos à la fois ou 2 gros chiens.
Je n'accepte pas les femelles en chaleur et les mâles quand ma chienne est en chaleur !

J'accepte toutes les races et tailles à codition que l'animal soit vacciné, traité, sociable et non agressif, éduqué et habitué à voir d'autres chiens. Et bien sûr leur carnet et affaires dont laisse et collier pour être promenés dans la forêt. Le propriétaire décide ensuite de la nourriture et des détails de promenade ou autre.

Quelles sont les difficultés inhérentes à la Tunisie pour votre pension ?

Le tarif tout d'abord : généralement il ne choque pas les européens en raison du rapport qualité / prix, mais ne passe pas toujours très bien chez les tunisiens.

L'éducation des chiens en général pose plus de problèmes qu'en France, où il est naturel d'éduquer un chien pour qu'il ait au moins "les bases".

D'autre part, le marché de Moncef Bey devrait à mon avis, être beaucoup plus contrôlé : il n'est pas structuré ni légal, les chiots ne sont ni sevrés ni vaccinés, avec des origines douteuses. C'est assez catastrophique, et même dangereux au niveau des molosses qui y sont de plus en plus nombreux.

Quels sont vos projets ?

J'aimerais agrandir la pension et avoir un espace plus pratique près de La Marsa, mais je n'ai pas trouvé mon bonheur.

Est ce que la France vous manque ?
Oui bien sûr c'est mon pays, mais c'est vrai que la Tunisie offre des conditions de vie bien meilleures, pour le moment.

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) jeudi 2 octobre 2014

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Publié le 1 octobre 2014, mis à jour le 6 janvier 2018

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