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ELECTIONS CONSULAIRES - Interview de Madame Gloria Giol

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 21 mai 2014, mis à jour le 21 mai 2014

Dans le cadre des élections consulaires, nous avons interviewé chaque candidat tête de liste. Nous publions les interviews dans l'ordre chronologique de réception des réponses par mail. La quatrième interview reçue est celle de la liste "Français de Tunisie - Agir ensemble", conduite par Gloria Giol

Lepetitjournal.com : Merci de vous présenter succinctement :

Gloria Giol : Née en 1963 à Paris, ayant une formation de juriste, je suis mère de 3 filles qui sont ou ont été scolarisées dans nos établissements français en Tunisie. Chargée d'études à l'Association des Maires de France durant 11 ans lorsque je vivais en France, j'ai assumé la fonction d'expert juridique au Consulat Général de France à Tunis dès mon arrivée en 1997. Mon engagement militant ( associatif, syndical ou politique) date de mes années de lycée où déjà j'étais très active. Alors, tout naturellement, en Tunisie, je me suis investie très vite au sein des structures associatives ou syndicales. En 2008, avec nombre de compatriotes, nous avons souhaité nous engager plus en avant, participer plus activement à la vie de la communauté française et offrir une autre alternative, plus indépendante pour représenter les français de Tunisie dans toute leur diversité, en fondant l'association « Français de Tunisie ?Agir Ensemble ».
Elue Conseillère à l'Assemblée de Français de l'étranger en juin 2009, pour représenter les français de Tunisie et de Libye, j'exerce pleinement mon mandat depuis cette date.

Pouvez-vous présenter brièvement les candidats de votre liste ?
Notre liste est représentative de la diversité des français de Tunisie.
Salariés, retraités, chef d'entreprise, professeur? nous sommes, comme tout un chacun, immergés dans la vie en Tunisie et confrontés à ses difficultés de tous les jours.

Issus de la société civile, militants associatifs de longue date, nous sommes nés en Tunisie ou y résidons depuis de nombreuses années.

Les candidats :
2- Régis GODET - Docteur vétérinaire et enseignant (Sousse)
Docteur vétérinaire et Enseignant, il est né à Nantes et réside à Sousse depuis 14 ans, marié et père de 2 garçons de 11 et 13 ans scolarisés dans le système français. A exercé en France en tant que vétérinaire et enseignant tout en poursuivant sa formation en aviculture, en microbiologie, en assurance qualité et en musique. En Tunisie, il poursuit ses activités vétérinaires, enseigne les SVT et l'Education musicale et est organiste des Grandes Orgues de la Cathédrale de Tunis.
Il a été trésorier et membre de plusieurs associations en France et en Tunisie.
3- Virginie BOUSLAMA - Auto-entrepreneur (La Marsa)
D'origine alsacienne, elle est née à Strasbourg en 1972 et décide de s'installer en Tunisie il y a 12 ans avec son époux. Mère de 3 enfants, elle décide de cesser son activité professionnelle pour se consacrer à leur éducation.
Néanmoins, très active dans différentes associations notamment de parents d'élèves, elle a créé depuis près d'un an une activité de pâtisserie à domicile.
4- Karim BEN SMAIL - Editeur (Tunis)
Né à Tunis en 1961, il poursuit des études scientifiques en Tunisie, en France (Paris) et aux USA (Minnéapolis). Editeur, il dirige aujourd'hui les éditions Cérès, une des principales maisons d'édition au Maghreb, avec plusieurs centaines de titres au catalogue, dont la majorité est en français. Cérès a été l'éditeur le plus prolifique depuis la révolution tunisienne.
5- Samia CHINE - Assistante en communication (Tunis)
Née à Tunis en 1962, elle est mère de 3 enfants. Militante dans différentes associations depuis de nombreuses années et notamment membre fondatrice de « Français de Tunisie ? Agir Ensemble » elle est actuellement, assistante en information et communication dans un organisme international à Tunis. Elle est passionnée de photos et de nature.
6- Jacky CORREARD - Retraité (Jerba)
Né a Montélimar (Drôme) en 1949 et père de 2 enfants. Réside à Djerba depuis 2004. Impliqué très jeune dans la vie sociale et syndicaliste par ses parents. Après une intense activité professionnelle en France et à l étranger, il profite de la douceur du climat djerbien. Amateur de rugby, de sport mécanique et de désert.
7- Muriel SIALA - Professeur (Sfax)
La cinquantaine, enseignante, résidente à Sfax. Milite à titre personnel dans plusieurs associations françaises pour défendre des valeurs telles le droit à l'information, la liberté d'expression, le respect de l'autre dans sa diversité, le droit d'asile, le racisme, l'accès aux soins pour des enfants défavorisés d'Afrique, l'éducation pour tous, la préservation de notre planète. En Tunisie, milite essentiellement avec la société civile pour le droit à une éducation de qualité, à l'égalité des chances et pour un développement durable.
8 - Salem HAOUAR - Responsable Marketing (La Soukra)
40 ans, né à Paris et résident à la Soukra. A étudié et travaillé dans le secteur de la grande distribution dans le domaine de l'électronique en France. Il est aujourd'hui : Responsable Marketing chez BEE Prod sur la chaine de télévision Ettounsia.
9 - Basma FARHOUD - Ingénieur (Tunis)
40 ans, Ingénieure, née à Tunis et résidente à Mutuelleville. Après une expérience de 7 ans dans la Recherche et le Développement dans une société, leader mondial dans les outils d'aide à la décision à Paris, a travaillé pendant plus de 4 ans dans une société éditrice de progiciel RH à Tunis. Depuis 2012, membre actif dans la société civile au sein de l'A.T.U.G.E sur les thèmes de l'employabilité. Elle gère actuellement en tant que consultante un projet d'aide à l'insertion des jeunes.
10 - Claude MEYER - Gérant de Société (La Marsa)
Né à Carpentras en 1946, marié depuis 44 ans, père de 3 enfants et grand-père. Après avoir travaillé dans le secteur social en France et milité dans de nombreuses associations, il s'est installé en Tunisie en 1998 avec son épouse. Il réside à Raoued et gère aujourd'hui une société d'hygiène à Tunis.
11 - Faten TELLISSI - Conseillère Export (La Marsa)
Née en 1980 à Tunis, elle poursuit ses études en économie en France. Gestionnaire en Systèmes d'Information elle travaille actuellement à UBIFRANCE, en qualité de Conseillère Export pour les sociétés françaises désireuses de se développer en Tunisie.

Quelles sont les particularités et la couleur politique de la liste que vous conduisez ?
« Français de Tunisie ? Agir Ensemble », est un mouvement citoyen indépendant de tout parti politique, qui a pris la forme juridique d'une association en 2008.

Nous considérons, que ce clivage gauche/droite, lorsqu'il s'agit de la défense des intérêts de la communauté française à l'étranger, est réducteur et qu'il est nécessaire de dépasser les « idéologies », quelques fois stériles, pour s'attacher à résoudre concrètement les difficultés de nos compatriotes.

C'est donc sur cette base, pour offrir une autre alternative, pouvoir faire entendre d'autres voix, dont celle des binationaux peu représentés, que nous avons alors décidé de présenter une liste aux élections des conseillers en juin 2009 et avons été élus.

C'est aujourd'hui bien évidemment sur cette même ligne que nous nous représentons.

A l'assemblée des Français de l'étranger, faisant partie du groupe des indépendants conformément à mon engagement, je me suis efforcée de faire entendre notre voix et donner corps à notre groupe.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
INFORMER nos compatriotes quel que soit leur lieu de résidence.

Dès 2008, nous avons constaté que les français résidant sur l'ensemble du territoire tunisien sont, pour la grande majorité, loin du Consulat général et des services français, lorsqu'ils ne se trouvent pas complètement isolés, ce qui est beaucoup plus fréquent qu'on ne pourrait l'imaginer.
Ils manquent pour la plupart du temps d'information dans tous les domaines et ne savent pas toujours où la trouver.

C'est la raison pour laquelle, nous avons créer dès 2008, le 1er site internet d'information complet aux services de nos compatriotes www.françaisdetunisie.com, de nombreuses rubriques sont mises a jour, une newsletter est envoyée régulièrement et des articles pratiques mis en ligne souvent.

SOUTENIR nos compatriotes dans leurs démarches et répondre a leurs questions ou difficultés.

Nos compatriotes français peuvent nous contacter directement via notre site internet, nous exposer leurs difficultés, leurs questions juridiques ou techniques et nous leur répondons.
L'adhésion est gratuite, c'est une volonté que nous avons eu dès le départ, afin de permettre a tout français en difficulté, et quelque soit ces moyens financiers, de pouvoir trouver une aide ou une réponse à ses questions.

DEFENDRE nos compatriotes dans leurs droits de citoyens français et ceci dans tous les domaines qui les concernent, de manière particulière et générale comme notamment sur :
- l'accès a la scolarité et la lutte contre la hausse des frais de scolarité
- l'accès et le maintien du niveau des aides sociales
- la sécurité
- l'emploi
- les biens immobiliers,
- les formalités administratives?.

Si vous êtes élue, comment voyez-vous votre mandat de conseiller consulaire?
L'Assemblée des français de l'Etranger ( AFE) qui a ?uvré durant 10 ans à défendre spécifiquement les droits de nos compatriotes expatriés sur des questions très diverses (allant de la sécurité à l'éducation, de la fiscalité à la protection sociale ou encore le rayonnement culturel de la France à l'étranger) vient d'être brutalement réformée.

Allant à l'encontre d'une demande unanime de transformer cette assemblée en collectivité territoriale dotée de plus de moyens et de pouvoirs pour représenter les français de l'étranger, le gouvernement actuel s'est soigneusement attaché à la ramener au rang d'un simple Conseil dont les v?ux, pieux, s'amoncelleront au sous-sol d'un ministère des affaires étrangères omniscient. Et tout ceci pourquoi, pour un ou deux sénateurs de plus !
Et oui, les conseillers consulaires ont l'immense ou triste avantage d'élire des sénateurs, 6 en septembre prochain. Majorité étroite, conjoncture politique difficile, l'enjeu est donc la prise du Sénat et cela vaut bien d'étouffer la voix des 2 millions de français résident à l'étranger.
Des fonctions actuelles du conseiller à l'AFE, seule son activité strictement locale a été maintenue. Elle sera menée par ces nouveaux "conseillers consulaires" que nous allons élire le 25 mai prochain.
Alors, ce nouveau mandat, il faudra, dans le cadre des textes qui le régisse, en déterminer les contours, voir en repousser les limites pour répondre aux exigences et demandes de nos compatriotes.
Mon expérience de Conseillère, sera dans ce contexte à la fois utile et indispensable. Je m'attacherai, comme je le fais depuis 5 ans déjà, à défendre nos budgets, nos droits et à faire des propositions concrètes dans l'intérêt de tous.

Quelles sont vos motivations, pourquoi cet engagement au niveau de la vie locale ?
Mon engagement tant dans la vie associative que syndicale n'est pas récent. J'ai commencé à militer très jeune en France, au lycée, à la faculté, dans la vie civile, politique et professionnelle. J'ai continué naturellement en Tunisie à participer de différentes manières à la vie de la « cité », m'impliquant au sein des associations de parents d'élèves ou d'organisations syndicales.
Ayant longtemps côtoyé, en France, de part mon métier, les élus locaux, j'en ai gardé leur dévouement et leur pugnacité à défendre les intérêts de leurs concitoyens, leur attachement à faire vivre leur cité.
Mon engagement local est la mise en application, de manière très concrète, de ce que je crois devoir être une vie citoyenne.

Sur quelle expérience vous appuyez-vous pour valoriser votre liste et vos propositions ?
La mienne et celle de mon équipe, acquise tout au long de ces 5 dernières années. Car depuis notre élection en 2009, nous nous sommes attachés, de part nos compétences et grâce à nos recherches a cerner, approfondir les différents sujets qui préoccupent les français de Tunisie, afin de les assister au mieux dans leurs démarches ou leurs difficultés.

Quelle est votre position sur l'enseignement français en Tunisie, son accessibilité et son organisation ?
Le 1er constat est qu'aujourd'hui, un bon nombre de français, ni riches, ni pauvres, ont des revenus insuffisants pour payer la scolarité de leurs enfants dans les établissements scolaires français, sans pour autant pouvoir bénéficier de bourses scolaires.
Nos écoles accueillent donc désormais majoritairement les enfants issus de classes sociales très favorisées ainsi que ceux de quelques familles françaises aux revenus très modestes qui bénéficient d'une aide financière par le biais des bourses scolaires.
Les classes moyennes vont être, à terme, totalement exclues du système, si elles ne le sont pas déjà en partie et c'est la mixité sociale de nos établissements et la mission de service public de l'éducation qui est en péril.

Le 2ème constat est que les frais de scolarité augmentent de manière exponentielle (En 11 ans : + 200% pour le primaire, + 195 % pour le collège, + 166% pour le lycée) sans aucune mesure avec l'augmentation des revenus des familles. Frais auxquels il faut rajouter bien sûr: manuels scolaires, transport, voyages scolaires, demi-pension? etc.

Le 3eme constat est que les systèmes d'aide à la scolarité mis en place tant par la droite (PEC) que par la gauche (bourses scolaires) ont montré leurs limites. La PEC s'est limitée aux années de lycée et le nouveau mécanisme des bourses scolaires, dans sa dernière réforme, a eu pour effet de faire baisser considérablement les quotités pour de nombreuses familles.

Si nous voulons que tous nos enfants français puissent avoir accès a l'école de la République, je considère qu'ils doivent pouvoir, comme tous les élèves résidant en France, être pris en charge directement par le Ministère de l'Education Nationale (dont le budget représente près de 20% du budget global de l'Etat) et non plus par le Ministère des affaires étrangères via l'AEFE (dont le budget ne représente que près de 1% du budget global de l'Etat).
Doit-on rappeler qu'un élève scolarisé en France coûte 7000 euros par an à l'Etat français alors qu'il ne coûte dans un établissement français à l'étranger que 4000 euros par an !

La France gère aujourd'hui l'un des plus important réseau d'établissements scolaires à l'étranger. La question est de savoir si elle a encore les moyens budgétaires de maintenir ce réseau, d'entretenir les établissements et les mettre aux normes (et ils en ont réellement besoin !) tout en maintenant des tarifs accessibles à toutes les familles et en assurant la qualité du service public de l'enseignement?

C'est un débat que nous devons avoir rapidement, car nous constatons tous que le système s'essouffle et paraît de moins en moins viable. Faut il continuer seul, ou par une mutualisation avec nos partenaires européens ?
En tous cas des solutions doivent être recherchées rapidement.

Et sur la CFE ?
Les tarifs pratiqués par la Caisse des Français de l'Etranger sont aujourd'hui prohibitifs pour nombre d'entre nous. La CFE ne répond plus à son objectif initial : donner la possibilité à tout français de l'étranger de pouvoir bénéficier d'une bonne couverture médicale française.

Même en 3ème catégorie aidée, la plupart des français de Tunisie n'ont plus les revenus suffisants pour pouvoir régler les cotisations.
Par ailleurs, le droit d'entrée qui correspond à près de deux ans de cotisation est également prohibitif.

Cette garantie de couverture minimale à un prix accessible est pourtant une attente forte des français de l'étranger à laquelle il va falloir répondre. Ce principe d'une couverture médicale pour tous doit être sauvegardé.

Depuis 1978, date de la création de la CFE, le monde de l'assurance a énormément évolué et l'offre globalement s'est diversifiée.
La CFE est elle la seule solution ? Ne peut-il y avoir d'autres offres de couverture médicale au niveau national ou encore au niveau européen ?

C'est une question dont l'assemblée des français doit pouvoir s'emparer !

Qu'est-ce qui différencie votre liste et vous -même des autres candidats ?
Notre réelle indépendance, qui nous assure une liberté de parole en dehors de toute contrainte idéologique.
Nos réseaux professionnels en Tunisie mais également en France composés d'experts dans de nombreux domaines.
Nos relais associatifs, culturels, administratifs en Tunisie et en France, maillage indispensable à l'accomplissement de notre mandat.

NB : Dans le cadre des élections consulaires, lepetitjournal.com publie l'interview de chaque tête de liste de la circonscription Tunisie-Libye. Afin de respecter l'équité et l'égalité entre chaque liste, nous avons soumis cette interview à chaque candidat tête de liste en posant les mêmes questions à chacun. Ces interviews sont publiées avec l'accord du candidat concerné, dans l'ordre chronologique des réponses reçues, à raison d'une interview par jour de parution et d'envoi de la newsletter du journal (du lundi au vendredi). Les questions sans réponse ne sont pas publiées.

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) mercredi 21 mai 2014

 

 

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Publié le 21 mai 2014, mis à jour le 21 mai 2014

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