Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

RENCONTRE - Moncef Ben Rejeb : c’est le moment d’entreprendre en Tunisie

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 1 février 2016, mis à jour le 16 octobre 2023

Moncef Ben Rejeb est un jeune entrepreneur, qui a eu l'idée, à peine ses études en France terminées, de créer un nouveau concept de plateforme e-commerce, « Qartaj », afin de valoriser les créateurs, artisans et designers en Tunisie comme à l'international. Pour lui, c'est le moment d'entreprendre en Tunisie

 
lepetitjournal.com/tunis : Pourquoi pensez-vous qu'il faille entreprendre aujourd'hui en Tunisie ?
 
Moncef Ben Rejeb : Parce que nous avons beaucoup de problèmes. Et les entrepreneurs cherchent toujours à résoudre les problèmes et donner des solutions efficaces pour améliorer la vie de la collectivité. Si on compare la Tunisie avec des pays développés sur l'aspect entrepreneurial, nous trouvons par exemple qu'aux USA les entrepreneurs cherchent des marchés potentiels pour bouleverser leurs activités et trouver des failles dans ses systèmes afin de créer un besoin ou résoudre un problème ?X', notamment, nous pouvons par exemple citer Uber qui a su mettre à profit un grand marché qui n'a pas connu de grands changements, celui des taxis.
 
Quels sont les problèmes spécifiquement tunisiens ?
 
En Tunisie il y a de vrais problèmes qui ne demandent pas spécialement une grande intelligence pour être résolus, mais beaucoup de travail et moins de freins bureaucratiques. De plus en plus de jeunes se lancent dans l'aventure entrepreneuriale. De plus, des organisations internationales et des personnes expérimentées sont prêtes à aider et les accompagner pour les amener à réussir. D'après mon expérience à l'étranger et mes lectures, je sais qu'une telle aventure demande un souffle et de l'investissement personnel, une équipe et un travail sur le long terme.
 
Quelles sont les aides financières dédiées au « jeune entrepreunariat » ?
 
On découvre régulièrement via les médias ou les institutions de nouvelles formules de financement et d'aide à la création, mais quand on y est concrètement ? on trouve surtout des critères de sélection, des conditions ridicules et des interlocuteurs qui ne comprennent pas votre vision.
Cela fait certainement partie du jeu, on continue quand même parce qu'on y croit.
 
La motivation est donc primordiale ?
 
Oui il faut y croire et s'accrocher avec énergie. Il faut aussi intégrer des cercles. Il y a noyau intéressant de gens qui m'inspirent et m'encouragent. Des rencontres avec des jeunes de la communauté de partage comme celle des coworking spaces, visiter l'atelier d'un créateur et écouter son histoire ? Quand on est sur le terrain, tu trouves des personnes comme madame Fatma Sfar qui peut te communiquer un carnet riche d'adresses et donner du temps parce que le temps, c'est très important. Tu rencontres des entrepreneurs qui te fournissent des feedbacks constructifs sur ton travail comme Laurent Hanout, Jonathan Winandy, Camille freisz, Welid Naffeti, madame Leila Ben Gacem qui a créé sa maison d'hôte, et qui partage son expérience avec vous. Quand vous êtes aussi dans ce cercle, vous pouvez rencontrer des personnes généreuses comme la créatrice de Mahleha Tounes! qui saisissent bien ton énergie, ta volonté et t'apportent de l'enthousiasme.
Ces rencontres sont riches de conseils et d'expériences et donnent du sens a ce que je suis en train de faire. Quand tu fais partie de ce monde et tu es encore petit, ceux qui peuvent vous donner des valeurs, c'est ceux qui ont déjà des valeurs claires et fondamentales.
 
Comment vos études vous ont-elles amené à créer Qartaj ?
 
J'ai fait trois ans de licence fondamentale en Informatique à l'ESTI et j'ai été sélectionné dans un concours sur dossier pour continuer mes études en France : mon master Web Intelligence à l'université de Jean Monnet et l'école nationale supérieur des mines de Saint Etienne m'ont permis d'avoir des connaissances solides dans le domaine du Web de donnée " Web Of Data, Semantic Web ", la recherche d'informations, l'automatisation et des nouvelles technologies du Web.
 
L'esprit du monde des Start-Up, s'est intégré dans ma vie depuis mon premier stage à l'étranger dans une Start-Up à Paris Stample.co : un réseau social professionnel de stockage, rangement et d'échange d'un contenu structuré. Durant 6 mois, j'étais supervisé et épaulé par deux architectes hautement qualifiés : Henry Story créateur du WebID et Jonathan Winandy, centralien expert en Scala.
 
Suite à cette expérience, j'ai conçu en parallèle avec mes études avec un co-fodateur, PiSharing, une plateforme d'échange, de partage d'idée (projet) et de crowdfunding, qui n'a pas abouti.
 
Vous aviez déjà choisi de vous lancer sur le marché du travail ?
 
J'ai terminé mes études en Web Intelligence. Mon objectif était clair : créer ma propre société. J'avais besoin de compétences en management et gestion de projet, du coup, j'ai entamé un autre master qui regroupe de profils d'ingénieurs, designers et architectes intitulé Master Culture et management du design dans lequel j'ai appris à travailler en groupe sur des différents projets ainsi que toute la partie liée à la stratégie de l'entreprise, la gestion, l'innovation, la finance ?
 
Comment est venue l'idée de Qartaj ?
 
Nous avons constaté qu'il y avait encore trop de freins au e-commerce en Tunisie. Nous sommes donc partis en quête d'un moyen efficace qui permettrait aux petites entreprises de faciliter leurs ventes et d'accéder à l'international, tout en préservant leur image.
 
Pourquoi ce nom ?
 
Le commerce, souvent florissant, est omniprésent dans l'histoire de Carthage. Nous avons choisi ce nom pour la symbolique et pour faire revivre ce savoir ancestral.
 
Quelle est la différence entre Qartaj et un site classique d'e-commerce ?
 
Le site classique achète les produits des fournisseurs pour les revendre à des clients, notre marketplace propose aux créateurs de s'adresser directement à ses clients. Qartaj se positionne alors comme l'interface numérique pour faire le lien entre les deux parties, mais aussi comme tiers de confiance. Notre système permet au clients de trouver en un lieu unique de nombreuses références avec une grande diversité entre les marques.
 
Est-ce que le but du site est uniquement la vente ?
 
Non, Qartaj permet aussi aux artisans, designers et créateurs de communiquer leurs savoir-faire et leurs histoires à travers notre blog, et de faire visiter leur atelier !
 
Vous imposez un nouveau concept ?
 
Oui, il est basé sur l'histoire et le savoir-faire tunisien, et particulièrement sur le rayonnement ancestral de Carthage. Qartaj s'inspire des Carthaginois chaque jour et nous oblige à évoluer dans notre vision, et à améliorer sans cesse nos produits et nos services. Nous ne sommes pas tout simplement en train de créer une interface Web pour vendre des produits en ligne, clairement parce qu'aujourd'hui avec les nouvelles technologies et internet, une interface Web ou une boutique en ligne peut être créée en quelques clics sans besoins de connaissances approfondies ou techniques.
 
Quels sont vos atouts majeurs ?
 
Grâce à notre expérience, nous avons créé une plateforme interactive qui améliore l'expérience utilisateur et garantie un service client excellent
La convivialité de notre concept permet de résoudre une partie des problèmes liés à la méfiance de l'achat en ligne en Tunisie
Nos abonnés sont créatifs, nous leur proposons une autre alternative pour commercialiser leurs produits et augmenter leur visibilité, sans frais excessifs ni connaissances particulières
Nous travaillons autant en local qu'à l'international pour faire connaitre au grand public des marques créatives, au savoir faire spécifique
 
Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) lundi 1er février 2016
logofbtunisie
Publié le 1 février 2016, mis à jour le 16 octobre 2023

Flash infos