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HISTOIRE - Ariana, prestigieuse banlieue de villégiature

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 24 novembre 2015, mis à jour le 31 janvier 2024

Réputée, depuis la nuit des temps, comme une ville de jardins et de vergers à la production agricole prospère, l'Ariana est célèbre pour ses roses au parfum suave, lesquelles sont capables, suivant un dicton bien connu, de "réveiller les morts des cimetières".

C'est dans cette prestigieuse banlieue résidentielle, lieu de villégiature et de vacances printanières pour les aristocrates et les riches propriétaires terriens de Tunis, qu'Al Moustancir Billah, souverain de la dynastie hafside, avait accueilli la colonie aristocratique (musulmane et juive) des migrants d'Andalousie, au 13ème siècle, avant d'y installer sa cour, les notables de son royaume et les commandants de son armée. Il y a amené l'eau de Zaghouan, par le biais des aqueducs romains, irriguant ainsi une prospérité à laquelle il destinait cette cité miraculeuse.

D'illustres personnages, à l'image d'Ibn Khaldoun, résidaient ainsi une partie de l'année à l'Ariana, devenue capitale culturelle et festive, où les "mouachahates" andalouses berçaient le gratin de l'époque. Sidi Mehrez Ibn Khalaf, marabout reconnu comme le "protecteur de la ville de Tunis" est né à l'Ariana. C'est de là qu'il se rendait à Carthage dont il décrit admirablement les sites et monuments dans ses poèmes.

Quant à la colonie andalouse aristocratique, elle va vite déborder sur la Soukra où elle va édifier de belles demeures dans les vastes vergers fleuris, dont beaucoup résistent à ce jour à l'épreuve du temps.

Parmi les lieux de culte et de recueillement les plus courus à l'Ariana, on peut citer le mausolée de Sidi Ammar Maâroufi, protecteur de l'Ariana contre la croisade menée par Saint Louis en l'an 1270, à l'époque du même sultan Al Moustancir Billah, père de l'essor prodigieux qu'a connu la cité. On peut également citer le mausolée de Sidi Amor Boukhtioua situé sur le plus haut mont surplombant à la fois la ville de l'Ariana et la plage de Raoued.

C'est dans la ville de l'Ariana que les habitants de Tunis se sont réfugiés fuyant la terrible répression de l'armée espagnole conquérante. Une expédition qui a vu la destruction du magnifique bassin d'eau construit par Al Monstancir au verger Abou Fehr, là où se trouve aujourd'hui la Cité des Sciences.

La ville de l'Ariana comporte plusieurs châteaux et palaces d'époque qui témoignent de son passé glorieux et de son faste. Le Château Ben Ayed abrite actuellement le siège de la municipalité, le Palais Zaouche . Ksar Snoussi et Ksar Mestiri restent des références en matière de faste, de mode de vie et d'architecture.  Ksar El Baccouche, dans le quartier du Borj qui porte son nom, abrite à l'heure actuelle le Centre national de la danse. Mais il y a aussi le Palais des Roses et Bir Belhassen.

Durant le 18ème et le 19ème siècle, l'Ariana a poursuivi son essor urbanistique et est restée une station prospère où les familles aisées n'ont cessé de s'installer, prenant pour modèle  les somptueuses demeures et les châteaux célèbres.

Aujourd'hui, autour de Ksar Tej, jadis enfoui dans la verdure luxuriante et entouré de vergers fleuris ont été édifiés des villas formant el Menzah 5 et se sont élevées des tours et des immeubles d'habitation gigantesques donnant naissance aux Menzah 6, 7 ,8 et à la Cité Ennasr, symbole de la modernité tunisienne, avec ses restaurants, ses salons de thé, ses boutiques dernier cri et son tissu de villas cossues.

Mais l'Ariana, désormais chef-lieu de gouvernorat, n'a plus cet aspect unique de refuge des riches, elle a également connu une expansion populaire dans des cités coincées entre la Soukra et la Sebkha (lac salé asséché), symbole d'exode rural et de précarité, et qui forment aujourd'hui un tissu dense s'étendant jusqu'à la plage de Raoued où font trempette les milliers de citoyens des quartiers périphériques du Grand-Tunis.


Mohamed Jaïbi (www.lepetitjournal.com/tunis) mardi 24 novembre 2015

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Publié le 24 novembre 2015, mis à jour le 31 janvier 2024

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