

Mercredi 28 novembre, à l'occasion d'une conférence de presse, nous nous sommes entretenus avec Jean-Pierre Bel, président du Sénat, Jean-Pierre Sueur, président de la Commission des Lois et du groupe d'amitié France-Tunisie du Sénat, ainsi que François Gouyette, ambassadeur de France
Lepetitjournal.com : Quel était le programme de votre visite ?
Jean-Pierre Bel : Accompagné de Monsieur Jean- Pierre Sueur, j'ai rencontré tout d'abord Mustapha Ben Jaafar, puis Hamadi Jebali et enfin Moncef Marzouki.
Nous avons également pu échanger avec les présidents de groupe de tous bords lors d'un déjeuner formel et cordial au Dar Djeld, à l'invitation de Mustapha Ben Jaafar.
Nous nous sommes entretenus avec l'ancien président de l'ISIE Kamel Jendoubi, ainsi que les représentants de la défense des droits de l'homme, dont bien sûr Abdessatar Ben Moussa, président de la LTDH.
Ces rencontres nous ont permis de mieux comprendre le vécu, le travail, les difficultés et les attentes de chacun dans cette phase de transition.
Précision de Jean Pierre Sueur :
Lors du déjeuner, nous avons pu remarquer une forme d'entente entre les différentes parties, d'opposition ou non. Leurs responsables ont, pour la plupart, vécu l'oppression et la prison. C'est donc normal que ces personnes se rapprochent car ils ont beaucoup en commun.
Quel était l'objet de votre visite à Menzel Bourguiba ?
Il était très important pour nous de rencontrer des personnes qui ne sont pas des institutionnels. Il est bien sûr normal que des parlementaires s'intéressent aux questions posées à l'ANC, mais nous souhaitons aller sur le terrain à la rencontre de la société civile et des citoyens pour mieux comprendre les problématiques actuelles.
Nous avons visité les quartiers nécessitant une réhabilitation et un centre de formation géré par l'ASAD (association de soutien pour l'aide au développement). L'ambassade a débloqué 15.000 euros pour ce projet.
Nous avons également rencontré l'agence de réhabilitation et de rénovation urbaine, qui mettra en place un projet financé par l'AFD et la commission européenne.
Précision de François Gouyette :
Le budget total de coopération de l'ambassade de France en Tunisie est de 6 millions d'euros. Il permet de soutenir les échanges culturels, scientifiques, universitaires, techniques, etc. Depuis la Révolution, les volets du soutien à la gouvernance et à la société civile ont été particulièrement renforcés : l'Ambassade a ainsi consacré près de 2 millions d'euros au soutien de près de 120 associations, dans les domaines des droits et santé des femmes, de la citoyenneté, de l'environnement, de la micro-finance ou encore de la culture. L'Ambassade a par ailleurs créé avec des associations françaises et tunisiennes un dispositif unique, le BAC (Bureau Associations Conseil), qui accueille des volontaires français du service civique dont la mission est d'aider les associations tunisiennes à monter leurs projets.
Quel est le positionnement de la France en matière d'accompagnement ?
La volonté d'accompagnement, tout en restant à notre place, a pour objectif de manifester notre intérêt et notre attention envers la Tunisie, et de la soutenir dans la transition démocratique.
Nous développons également la distribution territoriale en matière d'aide. La révolution est née dans les provinces du centre et de l'ouest principalement, et il est donc normal que les aides profitent directement à ces régions. C'est un choix fait après une réflexion menée particulièrement après la révolution, mais qui avait été mis en place auparavant.
Comment vont évoluer les relations bilatérales ?
Les tunisiens sont extrêmement sensibles à l'attention que la France apporte à la Tunisie, et une partie souhaite une attention plus grande encore.
Compte tenu de l'histoire entre la Tunisie et la France et du travail mis en place pour soutenir la Tunisie dans cette période délicate, un agenda d'échanges est prévu entre les personnalités politiques des deux pays.
Jean-Pierre Bel est le deuxième personnage de l'Etat et sa venue est hautement symbolique. Au sénat nous avons toujours reçu les opposants tout en entretenant des relations normales avec les officiels.
Le groupe France Tunisie est composé de sénateurs appartenant à tous les groupes politiques, et a toujours soutenu la révolution.
Quelles sont vos impressions sur le préambule de la constitution ?
Tout d'abord, nous sommes dans un contexte de d'assemblée constituante que nous n'avons jamais vécu, c'est donc passionnant pour nous d'en observer la mise en oeuvre.
Il y avait des solutions plus faciles pour mettre au point cette nouvelle constitution, comme reprendre la précédente constitution ou s'en inspirer. Ils ont choisi, malgré le manque d'expérience, de partir d'une feuille blanche.
C'est un choix courageux et difficile, ils sont maintenant à la recherche du consensus, des lois électorales, et de la définition exacte du régime
Ils souhaitent proposer un modèle de constitution original, qui soit adapté aux particularités de la Tunisie et qui pourrait servir de modèle aux pays similaires.
La Tunisie joue un rôle central, si la Tunisie réussit, cela aura une répercussion énorme sur le monde arabe et donnera la voie pour instaurer une nouvelle démocratie, adaptée aux pays arabes.
Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis.html) jeudi 29 novembre 2012
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