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RENCONTRE - Michela Margherita Sarti, passionaria du Pop Surréalisme

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

Nous avons rencontré Michela Margherita Sarti, la créatrice du salon des arts "Efesto" à la Marsa, à l'occasion du lancement d'un thème qui lui est cher, le "Pop surréalisme"


Crédits photos : Karim Kamoun / Michela Margherita Sarti

Lepetitjournal.com : Comment est né EFESTO ?

Michela Margherita Sarti : J'avais envie de créer un endroit dédié à l'art et à la création, et où tout le monde puisse se sentir "chez lui".

Efesto, que j'ai voulu appeler à juste titre le salon des artistes, est un lieu où tous les artistes peintres, écrivains, poètes, hommes de théâtre ? peuvent se réunir pour discuter de culture, lectures de livres, critique d'?uvres d'art, récitation de poésies etc.

Le but de cet espace est de mettre le visiteur à l'aise dès qu'il franchit le seuil de la porte. Il doit donc se sentir chez lui, dans le salon de sa maison, confortablement assis dans une ambiance familière.

Chez Efesto, dieu grec du feu protecteur des forgerons et des artisans, tout ce qu'on voit est à vendre. L'abat-jour qui éclaire la page de votre livre, le fauteuil où vous êtes assis, le tableau accroché au mur et ainsi de suite. De vieux objets oubliés revivent chez Efesto. Des pièces parfois uniques vous accompagnent tout au long de votre visite.


Vous êtes italienne, depuis quand et pourquoi vivez-vous en Tunisie ?

Je suis italienne de naissance et tunisienne d'adoption vue que je suis en Tunisie depuis 1996 (presque 17 ans). Je suis tombée amoureuse folle de cet Pays, Je me rappelle encore la première fois que je suis venue ici, tout a commencé par des super vacances avec ma fille. L'atmosphère, les gens, les paysages ? étaient tellement fantastiques qu'après 6 mois j'ai décidé de changer de vie et m'installer définitivement ici !!!

 

Comment avez-vous vécu la révolution ?

Mal et bien en même temps comme tout le monde? au début je me suis dit : enfin nous nous sommes libérés du Tyran, la dictature est terminée et la liberté d'expression l'a remplacée, c'est enfin la démocratie !!! Les gens enfin sont libres d'exprimer leur point de vue sans la peur d'être arrêté? mais après je me suis rendue compte qu'une autre dictature risquait de s'installer et malheureusement plus forte et plus angoissante que l'ancienne ?


Quel est le caractère particulier d'EFESTO ?

Chez Efesto tout est « Cosy » et c'est un lieu où rien n'est programmé !!! La spontanéité est la patronne de mon salon? Notre particularité est aussi la façon de lancer nos expos, à travers des appels à candidature sur Facebook. Ce sont souvent des expos collectives avec un thème bien déterminé.
J'ai essayé d'offrir mon espace aux artistes de tout bord, connus et inconnus, peu importe? l'unique chose vraiment importante pour moi est de partager le même amour pour l'ART.



Comment choisissez-vous les artistes qui exposent chez EFESTO ?

En général, c'est l'artiste qui me choisit et c'est ça la réussite pour moi !!! Ils se sentent chez eux.



Pourquoi une expo "Pop surréaliste" ?

Parce que c'est le seul courant artistique qui me provoque de vrais frissons et auquel je sens appartenir aussi avec mes peintures.  Je suis complètement absorbée par cet univers étrange, underground comme si j'avais le syndrome de Stendhal !!!


Quelle sera la prochaine expo ?

Cette année J'ai décidé de développer le Pop surréalisme et faire d'Efesto le « lieu » POP  par excellence, donc la thématique sera toujours autour de ce mouvement mais le support de travail changera à chaque fois.

Pour la prochaine exposition "THE POP BOX" qui débutera normalement en novembre, les artistes délaisseront les toiles et utiliseront des boîtes en carton qui seront suspendues ou posées à terre.



Vous êtes vous-même artiste ?

Je sus autodidacte, depuis toute petite j'aime la peinture mas malheureusement, venant d'une famille bourgeoise, faire les beaux arts était impensable. Je peignais même en cachette à partir de 10 ans, pour ne pas contrarier ma mère qui pensait que c'était une perte de temps.

J'étais toujours dans un monde fantastique imaginaire, où les fleurs parlaient grâce aux lèvres que je leur peignais, je me créais des univers pour interagir avec.

Je faisais aussi des copies pour mon plaisir, en particulier Botero car j'ai toujours aimé les rondeurs et les couleurs.

Peindre m'est devenu indispensable, la peinture est une thérapie, une compagne.



Pourquoi et comment sont nés vos fameux personnages ?

Je ne le comprends pas vraiment. Comme pour Efesto je ne programme jamais rien ; j'ai toujours un cahier avec moi, et quand me vient une idée je commence à écrire et à dessiner, et parfois un personnage sort tout seul. Ensuite je le peaufine et lui donne son caractère. C'est quand je pose les couleurs que le personnage commence à vivre.

Ils sont nés avec Efesto, ils me représentent. La première est Poupa une femme très ronde, très sensuelle, toujours en porte jarretelles. j'étais très attachée à ma grand-mère qui me racontait son époque formidable, c'est pour cela que mes personnages sont très années 1930 : rouge à lèvres, porte jarretelles, corset ...

Avec Poupa j'ai voulu réinterpréter les fables classiques : j'ai confié chaque tableau à des amis qui ont chacun raconté leur histoire. C'est ce qui a donné mon livre "Le fiabe erotiche di Mimi", en 2009.

Ensuite, avec Polifema, j'ai démarré un voyage dans les tableaux des autres artistes : je dessinais Polifema en situation par rapport à chaque tableau puis je la collais dans le décor.

Grâce à ce "voyage", j'ai raconté une histoire où Polifema voulait devenir une star et commence à parcourir le monde et rencontrer des artistes.

L'idée a beaucoup plu aux artistes, car c'était une expo perso-collective, un genre peu exploité.

Polifema est mon personnage préféré, très vivant qui ne peut pas rester enfermé. Je l'ai donc utilisée aussi pour faire des bijoux.

Mon dernier personnage, Lipsi a une allure féminine mais elle n'a pas de seins et un petit coeur à la place" du sexe. Tout le monde pense que c'est une femme, mais cela reste incertain.

Pour elle, j'ai recommencé la peinture à l'huile et je la fais évoluer et interagir dans les dessins animés de Walt Disney, dans les jeux Facebook comme Farm Ville, Hungry birds, Monopoly ... j'avais peut-être besoin d'un retour à l'enfance tout en restant dans le présent ... c'est une sorte de feed back de mon enfance

Elle sera aussi présente à l'exposition 1PRO noir, à la Galerie l'Aire Libre à partir du 9 octobre, où elle investit la famille Adams !


Quels sont projets ?

j'aimerais beaucoup exposer à l'étranger, j'ai l'impression qu'ici mon travail risque de stagner. Le style "pop surréaliste" n'est pas encore très bien considéré, le public et même certains artistes le trouvent amusant et attrayant, mais cela s'arrête là.

Par exemple, quand je lance un appel à candidature, certaines personnes veulent participer sans pour autant être dans la style pop surréaliste, et ne pensent pas s'y investir.

C'est pour cela que j'aimerais évoluer dans cet univers qui est bien ancré maintenant en Europe, j'ai peur d'être étouffée si je me limite à la Tunisie.

Si je veux m'améliorer je dois me contenter des livres et d'internet car je ne peux pas échanger avec des artistes de cette mouvance.

J'ai beaucoup de considération pour l'art, avec un passion particulière pour ce style que je veux développer, mais il y a beaucoup de superficialité dans le milieu artistique. Parfois, une exposition,  un happening deviennent des lieux où on doit se montrer, et non pas où l'on vient s'enrichir et découvrir.


Pour finir, êtes-vous optimiste pour l'avenir de la Tunisie ?


En réalité OUI, très optimiste? Il faut passer par des périodes des crises pour arriver à trouver un équilibre. C'est comme après une tempête, le soleil revient toujours !!! La Tunisie a toujours été un Pays ouvert et avec un islam modéré et tolérant envers les autres communautés, et nous devons tous être vigilants pour qu'elle reste comme cela. Nous sommes les auteurs de notre destin !

 

Crédits photos : Karim Kamoun / Michela Margherita Sarti

 

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis.html) lundi 8 octobre 2012

logofbtunisie
Publié le 8 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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