Édition internationale

RENCONTRE - Dans l'atelier d'Adel Akremi

Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 24 février 2025

Adel Akremi peint depuis son enfance. Après un parcours professionnel très éclectique, il expose pour la première fois sa passion au grand public, en 2006

Il attendra en effet l'âge de 50 ans pour dévoiler ses oeuvres lors de sa première exposition. Il commença sa vie professionnelle en 1975. Il interrompt ses études pour rejoindre ses frères en Belgique, et rentre à l'école foraine. Il travaillera dans ce milieu en famille.

Il devient ensuite serveur puis restaurateur. Toujours avec ses frères, il ouvre un restaurant de spécialités tunisiennes. Toujours avide de nouvelles expériences, il revient à Tunis et travaille avec son père dans le milieu de la mode. Il poursuit sa quête de création dans la bijouterie artisanale. En 1981, il rate son examen de poinçon de Maître, il ne pourra donc pas diriger une bijouterie. Parallèlement, il écrit pour des journaux d'opposition.

Plus tard, il décide de prendre une boutique d'antiquités, un autre de ses nombreux intérêts. Il pratiquera ce métier pendant 15 ans. C'est à la fin de cette période qu'il décide de s'adonner à sa passion : la peinture.

Lepetitjournal.com : Pourquoi ce parcours si éclectique ?

Adel Akremi : Parceque j'avais envie et besoin d'apprendre la vie, j'étais avide d'expériences. J'étais jeune et je me cherchais, j'avais l'opportunité de rejoindre mes frères installés en Belgique et j'ai foncé.

Quel est votre meilleur souvenir dans cette période ?

Tout est beau ! on ne peut qu'apprécier la vie quand on a eu la chance comme moi d'enchaîner rencontres et apprentissages de différents métiers.

Je ne regrette qu'une seule chose : à Namur, un ami Belge m'a proposé de faire le tour du monde avec lui, mais j'avais dans l'idée de faire carrière et de réussir. Si c'était aujourd'hui, je dirai oui tout de suite !

Quelle était la place la peinture à cette époque ?

Plutot omniprésente : elle m'a toujours équilibrée. A 14 ans, j'ai fait le portrait d'un martyr palestinien, j'étais influencé par l'histoire contemporaine et la politique. Je l'ai offert au bureau de l'OLP. Ils m'ont fait l'honneur en retour d'une décoration. C'était un très beau moment, j'étais très fier.

Vous avez commencé par quelle technique ?

Je suis autodidacte, j'ai travaillé pendant de nombreuses années uniquement avec des matières "pauvres" : la gouache, les emballages, le carton, les sacs de ciment qui restent mon support préféré.

Et aujourd'hui ?

J'utilise uniquement l'acrylique. Pour les supports j'aime aussi la toile classique et la toile de jute. Je suis toujours dans la recherche.

Vous avez des périodes stylistiques bien définies ?

J'ai eu trois périodes : la première c'est le naïf, la deuxième est "école de Tunis". Après la révolution, j'ai beaucoup travaillé sur ce style, mais également sur "l'engagement" et ça a porté ses fruits. J'ai participé au catalogue Art Tunis à Paris en 2011. Puis j'ai eu un blocage.

Dû à quoi ?

A la période de basculement. Après l'euphorie de la révolution partagée par tous, j'ai pu comme de nombreux artistes laisser exploser ma créativité ... Puis est arrivée la déception, les espoirs envolés ... Je ne pouvais plus travailler, mais je devais travailler, c'était vital ! alors toute la violence engendrée par cette descente aux enfers, je l'ai jetée sur la toile et travaillé l'abstraction.

Pourtant vos dernières toiles ne sont pas abstraites ?

Oui, j'ai pu enfin revenir à mon expression de la beauté tunisienne. Après avoir évacué tout ce stress grâce à l'abstrait, je me suis repris.

Ca m'a permis de pousser mon travail vers d'autres horizons. L'artiste est lié au quotidien, à son époque. Il reflète ce vécu dans ses oeuvres.

Votre atelier est surchargé de meubles, c'est une autre passion ?

Elle complète mon côté artistique, je suis toujours dans le design et la création. Je crée les meubles dans un style néo-tunisien, qui sont ensuite réalisés dans mon atelier puis je les décore : céramique, sculpture, peinture abstraite, collage ...

Quels sont vos projets ?

Je viens de réaliser l'illustration de la couverture d'un livre de Jacqueline Bismuth sur la gastronomie juive-tunisienne.

Actuellement, je prépare une exposition avec Khaled Lasram et Tahar Aouida Fatma Amara pour le centenaire de Paul Klee, qui aura lieu dans la Galerie Sémia Achour.

Je participe également à trois expositions internationales : la biennale de Dakar 2014, de Venise 2015 et également l'exposition IMAGO MUNDI.

Quand aura lieu votre prochaine exposition personnelle ?

Fin mai, Galerie Sémia Achour.

Plus de photos ICI

Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) vendredi 28 février 2014

 

logofbtunisie
Publié le 28 février 2014, mis à jour le 24 février 2025

Flash infos