

Ali Batrouni enchaîne les expositions, souvent en binôme avec son épouse Nahla Weslati. Il n'a de cesse d'explorer les techniques mixtes pour sublimer sa muse éternelle : la femme
Lepetitjournal.com : Quels sont vos premiers souvenirs artistiques ?
Ali Batrouni : Je suis né dans une famille modeste de taouzneit, un petit village à 40 km au sud de Tataouine. Comme la plupart des enfants dans les années 60, je fabriquais des petits jouets avec ce que je trouvais dehors : la terre glaise, les fils de fer ou les boîtes de conserve. Je façonnais des petites voitures en fil de fer, et avec la terre glaise, de petits animaux. J'avais déjà le besoin de créer. Mon milieu rural, la nature farouche et l'absence de distraction ont influencé mon attirance vers la création. Je reste persuadé que chaque être humain est pré-disposé à créer, ce sont ensuite l'instinct, l'espace et le temps qui ont une influence.

Le métier d'artiste était-il une évidence ?
Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire, même après le bac. J'ai continué mes études à GABES et j'ai failli m'inscrire en droit pour faire plaisir à mes parents. Je sentais que j'étais dans l'erreur et sur un coup de tête, je suis parti en Italie pour intégrer l'Accademia di Belle Arti de Rome pour 5 ans. J'ai fait des petits boulots pour pouvoir vivre et j'ai progressivement plongé dans le monde de l'art qui m'attirait de plus en plus. Le soir, j'étais portraitiste dans les bistrots, et dès que je pouvais me libérer, je courais visiter toutes les expositions, comme assoiffé d'art.

Pourquoi vous être installé à Hammamet à votre retour d'Italie ?
Influencé par un ami italien qui m'avait dépeint Hammamet comme la ville des artistes, je m'y suis installé directement à mon retour d'Italie et j'ai créé la Galerie 33, en 1993. Elle m'a permis de continuer à vivre cette ambiance artistique dans laquelle j'avais baigné à Rome, de faire de belles rencontres artistiques et amicales.

Après les techniques mixtes, vous tournerez-vous vers une nouvelle discipline ?
Je mélange les techniques mais ma démarche est classique je commence toujours par un dessin, je dessine énormément. Je pense que je suis loin d'avoir exploré toutes les possibilités du dessin et des techniques mixtes. Je veux donc continuer à expérimenter en profondeur tous les aspects des techniques mixtes, les possibilités sont infinies.
La révolution a-t-elle changé votre vie ?
Pour moi, il n'y a pas de révolution sans révolution culturelle. Il y a tout à faire et tout à changer, de l'enseignement jusqu'à l'apprentissage de la démocratie.
Propos recueillis par Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis.html) lundi 19 mars 2012
Ali Batrouni exposera début avril à la Galerie Bel Art, Menzah 6













