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Conférence de Carlos Ghosn : après l’évasion, les explications

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Écrit par Elena El Meliani
Publié le 9 janvier 2020, mis à jour le 9 janvier 2020

Carlos Ghosn s’est exprimé ce mercredi lors d’une conférence de presse  à Beyrouth, Liban. Après avoir tenté de  justifier sa fuite à plusieurs reprises, il a soutenu la théorie d’un coup monté entre Nissan et le parquet japonais. 


Visé par une notice rouge d’Interpol à la demande du Japon et accusé de malversations financières, l’ex-PDG du groupe Renault-Nissan a pris la parole en public pour la première fois depuis son évasion. Cependant, beaucoup de questions restent sans réponses. 


C’est dans le bâtiment de l’ordre des journalistes de Beyrouth, sur le bord de mer, qu’avait lieu la conférence de presse. Quant aux journalistes japonais massés devant le bâtiment, seuls trois ont pu y pénétrer. 


Carlos Ghosn l’a dit lui-même : « Je ne suis pas là pour parler de la façon dont j'ai quitté le Japon, je suis ici pour dire pourquoi, je suis ici pour faire la lumière sur un système qui viole les [droits humains] les plus fondamentaux, je suis ici pour laver mon nom. » Tous les journalistes présents s’attendaient à des explications sur les circonstances de son arrivée au Liban, mais ce n’était pas le sujet de cette conférence. 


L’attaque est la meilleure des défenses 


Il a assené le parquet japonais et l’entreprise Nissan d’accusations, car,  d’après lui, sa chute a été organisée, car ce qu’on lui reproche est totalement faux. Durant une partie de son allocution, des éléments ont défilé derrière lui pour soutenir ses propos. 


Alors qu’il fait l’objet de quatre poursuites judiciaires à Tokyo, il explique que ses conditions de détention étaient inhumaines : « J’ai été interrogé huit heures par jour, de jour comme de nuit… J’avais droit à trente minutes de promenade par jour et deux douches par semaine. » 


Il nie avoir fui la justice et se dit même prêt à comparaître devant elle. « Je pourrais me présenter à un procès, n'importe où, du moment qu'il est équitable ». Il reproche  le fonctionnement de la justice du Japon et justifie son évasion par ces mots : « J’ai échappé à l'injustice et à la persécution » ; il ajoute même que ses avocats lui auraient fait comprendre qu'il risquait d'attendre cinq ans avant le verdict de son procès, une manière pour lui de justifier encore son statut de fugitif. Ses avocats auraient même ajouté qu’il n’aurait eu aucune chance lors de son procès au Japon en avril 2020. 


« Non ce n’était pas pour faire comme Louis XVI » 


Il est revenu sur la soirée qui s’est tenue au château de Versailles et qui lui vaut d’être la cible d’enquêtes en France pour « abus de biens sociaux » ainsi que pour des faits de « corruption ». 


Le soir des 15 ans de l'alliance Renault-Nissan, mais aussi de son soixantième anniversaire, Carlos Ghosn avait invité plus de deux cents personnes, dont treize uniquement avaient un lien avec l’entreprise Renault-Nissan. Coût estimé : 636 000 euros, entièrement payés par une société néerlandaise du nom de Renault-Nissan BV. Ses explications n’ont guère convaincu.


Le résumé de l’affaire : rappelons-le, Carlos Ghosn est accusé de malversations financières, en d’autres termes d'abus de biens sociaux et de fraude fiscale. Il a été arrêté et incarcéré  fin 2018 ,puis l’homme d’affaires a été libéré sous caution au début de l’année 2019. S’en est suivi un chassé-croisé entre nouvelles inculpations et libérations sous caution. 


Tout s’est accéléré lorsque les Etats-Unis ont divulgué la date du début de son procès, initialement prévu en avril 2020 par le tribunal de Tokyo. En octobre 2019, l’ère Ghosn se termine par le renvoi de Thierry Bolloré, ancien second du directeur de Renault-Nissan Japon. 


Enfin, le 30 décembre, des médias libanais révèlent que Carlos Ghosn a quitté le Japon et est arrivé au Liban. Une information confirmée à l’AFP par une source locale. Toujours selon les mêmes médias, l’ex-PDG aurait atterri à Beyrouth à bord d’un avion privé en provenance de Turquie. Ce n’est qu’un jour après que M. Ghosn confirme sa fuite au Liban, soit le 31 décembre.

 

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