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Réfugiés, vapotage précoce, comptes gelés, la presse française parle de la Thaïlande

La Thaïlande vit des situations compliquées à ses frontières avec le Cambodge et la Birmanie. La presse française enquête. Elle s’inquiète aussi du vapotage des jeunes et du gel des comptes bancaires. Sans oublier de saluer les performances des joueurs de pétanque thaïlandais.

Réfugiés sur drapeau du Cambodge Réfugiés sur drapeau du Cambodge
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 22 septembre 2025, mis à jour le 23 septembre 2025


 

Le Cambodge accuse la Thaïlande d’empêcher des familles de rentrer chez elles à la frontière

 

Le Figaro reprend les mots de l’AFP qui rapporte que « le dirigeant cambodgien Hun Manet a accusé mercredi la Thaïlande d'empêcher une vingtaine de familles de retourner chez elles à la frontière, dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Les forces thaïlandaises ont « élargi la zone de conflit en érigeant des barbelés et des barricades » depuis le mois dernier, selon Hun Manet, et expulsé « de force » des civils cambodgiens de leurs « terres occupées de longue date » dans deux villages frontaliers de la province de Banteay Meanchey, au nord-ouest du Cambodge.

 

300.000 personnes déplacées le long de la frontière

 

Le récit se poursuit ainsi : « Vingt-cinq familles ont déjà été empêchées d'accéder à leurs maisons et à leurs champs », peut-on lire dans le document daté de mercredi. L'armée thaïlandaise a tiré le même jour des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène lors d'une escarmouche avec des Cambodgiens le long de leur frontière disputée, Phnom Penh faisant état de plus de 20 blessés. » Pour rappel : «  les affrontements de juillet, les plus meurtriers depuis des décennies, ont déplacé 300.000 personnes le long de la frontière. »

 

Reportage chez les réfugiés birmans de Mae Sot

 

Enfants réfugiés birmans dans une école thaïlandaise

 

France 24 s’est intéressée à une autre frontière de la Thaïlande. Celle qui la sépare de la Birmanie. Son reportage s’intitule : « Little Burma », le pays clandestin : l'exil thaïlandais des réfugiés birmans. Il est présente ainsi : « Depuis 2021 et le coup d’État contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, la guerre civile est de retour en Birmanie. Des centaines de milliers de Birmans se sont réfugiés en Thaïlande pour fuir les violences et une économie en ruine. Cet afflux massif, que les autorités thaïlandaises tentent de gérer tant bien que mal, pose beaucoup de problèmes au royaume, notamment dans les zones frontalières. »

 

Une école illégale fréquentée par des enfants réfugiés de Birmanie

 

Les correspondants de la chaîne se sont rendus à Mae Sot, ville thaïlandaise à la frontière birmane surnommée « Little Burma ». « Une petite rivière sépare la Thaïlande de la Birmanie. Dans cette école côté thaïlandais, tous les enfants sont des réfugiés birmans. Créée par des professeurs birmans sans diplômes thaïlandais, cette école est illégale. » Ainsi débute leur récit. Ils expliquent ensuite que les autorités, sur cette rive du cours d’eau, veulent fermer l’établissement, qui doit régulièrement changer de locaux. Un professeur l’explique les larmes aux yeux. Les enfants doivent fournir un certificat de naissance souvent impossible à trouver et, s’ils ont le droit d’être scolarisés, ils doivent reprendre leur parcours à la maternelle, même s’ils sont adolescents. Les reporters de la chaîne rappellent que les réfugiés birmans seraient aujourd’hui plus de quatre millions en Thaïlande. Un adolescent raconte qu’entre la pandémie et le coup d’état, il a passé cinq ans à ne rien faire. Il essaie aujourd’hui de rattraper son retard.

 

ONG et hôpitaux dépassés, on craint des épidémies

 

Le reportage se poursuit. « Les Birmans sont tolérés en Thaïlande car ils sont indispensables pour faire face à la grave pénurie de main d’œuvre que connaît le royaume. Mais suite à l’afflux récent, ceux qui n’ont pas de papiers s’entassent dans des camps insalubres le long de la frontière. » Les problèmes de santé se multiplient eux aussi. Les ONG et les hôpitaux sont dépassés et, côté thaïlandais, on craint des épidémies. Bien que la junte birmane a promis de nouvelles élections en décembre 2025, elles pourraient ajouter au chaos, concluent les journalistes.

 

Les jeunes Thaïlandais en danger pour cause de vapotage précoce

 

Jeune vapotage

 

générationsanstabac.org s’inquiète. « En Thaïlande, des associations de santé alertent sur l’augmentation de l’usage de la cigarette électronique chez les enfants et adolescents. Une enquête nationale menée par le Département des services de santé (DHSS) en 2025 auprès de 40 344 jeunes Thaïs a révélé que le groupe le plus important d'utilisateurs de cigarettes électroniques est celui des 19-25 ans, qui représente 37,62 % du total. Viennent ensuite les 16-18 ans avec 29,26 % et les 13-15 ans avec 22,39 %. Des cas isolés d’enfants beaucoup plus jeunes, y compris un utilisateur âgé de six ans, ont marqué l’opinion publique. »

 

Addiction et troubles de l’apprentissage

 

« Les experts de santé soulignent que la nicotine nuit au développement cérébral et pulmonaire des jeunes, favorisant l’addiction et des troubles de l’apprentissage. Le Haut-Commissariat thaïlandais aux droits humains a rappelé au Premier ministre les dangers liés à l’exposition précoce à la nicotine. Des études récentes, notamment à l’hôpital Ramathibodi, estiment que les maladies associées au vapotage ont coûté environ 306 millions de bahts (8,2 millions d’euros) au pays en 2024, certaines étant liées à l’utilisation de substances non contrôlées comme l’huile de cannabis. »

 

Importateurs et vendeurs risquent jusqu’à dix ans de prison

 

« Bien que le seul fait de posséder une cigarette électronique ne soit pas illégal en Thaïlande, les utilisateurs peuvent tout de même être poursuivis en vertu des règles relatives à la contrebande et encourir jusqu'à cinq ans de prison ou des amendes équivalentes à quatre fois le prix du produit. Les importateurs et les vendeurs s'exposent à des sanctions encore plus lourdes, avec des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 10 ans ou des amendes équivalentes à cinq fois la valeur des marchandises illégales. »

 

Un marché parallèle estimé entre 3 et 6 milliards de bahts

 

Malgré cette interdiction officielle, les produits demeurent largement disponibles. Le marché parallèle est estimé entre 3 et 6 milliards de bahts (entre 96 et 161 millions d’euros), alimenté par des importations clandestines et une production locale. Les cigarettes électroniques jetables, souvent importées de Chine, sont vendues dans des villes comme Bangkok, Pattaya et Phuket, ainsi que sur Internet et les réseaux sociaux. Ces produits non réglementés soulèvent des inquiétudes quant à leur qualité et leur sécurité.

 

Le gouvernement thaïlandais a lancé en 2025 une campagne nationale

 

Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement a lancé en 2025 une campagne nationale incluant la fermeture de points de vente, le blocage de milliers de sites Internet et un système de signalement citoyen. via l’application mobile Thang Rath afin que les citoyens puissent signaler les activités illégales. et obtenir jusqu'à 60 % des amendes perçues. Entre fin février et début mars 2025, 690 personnes ont été arrêtées dans 666 affaires liées au vapotage, et près de 455 000 articles de vapotage ont été confisqués. Pour lutter contre le commerce en ligne, le ministère de l'Économie et de la Société numériques a bloqué 9 515 URL liées à des ventes illégales entre mars 2024 et mars 2025.

 

Appel à des campagnes d’éducation renforcées dans les écoles

 

ThaiHealth, avec l’appui de l’OMS et du Haut-Commissariat, appelle désormais à une révision de la loi sur le contrôle du tabac afin d’inclure tous les nouveaux produits, ainsi qu’à des campagnes d’éducation renforcées dans les écoles. L’objectif affiché est de freiner l’accès des jeunes aux produits de vapotage et de mieux protéger leur santé à long terme. Un porte-parole de ThaiHealth a déclaré que « Nous ne devons pas laisser l'industrie du tabac profiter de nos enfants. Des lois plus strictes sont nécessaires pour protéger la prochaine génération. ».

 

Les cryptomonnaies pour éviter le gel des comptes bancaires ?

 

Écran compte bancaire bloqué

 

cryptoast.fr, s’appuyant sur les informations de Hua Hin today, analyse le gel massif de comptes bancaires thaïlandais que nous évoquions il y a quelques jours. « Ce type de problématique souligne le caractère centralisé du système bancaire, qui peut couper l’accès aux clients sans prévenir. On l’a également vu en France au début du mois de septembre, quand une panne bancaire massive a bloqué les opérations des clients du CIC, du Crédit Agricole et de la Société Générale. Les moyens de paiement alternatifs deviennent donc un enjeu pour les particuliers, dans un environnement géopolitique qui s’est complexifié ces dernières années. Les cryptomonnaies, dont le Bitcoin (BTC), sont moins sujettes aux blocages, car elles opèrent en dehors du système bancaire. La survenue d’événements de ce type ou encore les sanctions massives appliquées dans un pays comme la Russie pourraient donc accélérer l’adoption de moyens de paiements numériques, qui ne sont pas soumis à ce type de limitations. » Un plaidoyer pour les cryptomonnaies dont seul l’avenir pourra nous dire s’il a porté ses fruits.

 

La Thaïlande au sommet de la pétanque mondiale

 

Pétanque

 

Terminons avec SportMag qui salue la répétition des exploits des joueurs de pétanque thaïlandais. « Après l’or en tête-à-tête et doublette féminine, la Thaïlande s’offre un 3e titre mondial à Rome ! La doublette masculine écrase de valeureux Suisses en finale (13-0). » Rien à ajouter ? Si, hélas : « Tout l’inverse de la France, qui repart sans médaille d’or malgré trois finales ce dimanche. » Implacable conclusion : « À Rome, le nouvel empire de la pétanque est thaïlandais ! »

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