À Bangkok, un spectacle amateur sera monté à partir du lundi et joué le dimanche

C’est une expérience assez rare que proposent Anne Busnel et le Théâtre des Invités, du 8 au 14 décembre 2025 : monter un spectacle amateur en une semaine et le jouer le dimanche !

Écrit par Franck STEPLER

Publié le 21 novembre 2025

Et si on montait un spectacle, avec des amateurs, en moins d’une semaine ? C’est le projet un peu fou que vient proposer Anne Busnel à Bangkok, avec le concours du Théâtre des Invités. Le principe est simple et l’idée lui est venue de performances qu’elle réalise déjà en France : « théâtre au café » et « théâtre au village ». Cet atelier théâtre très particulier se déroulera dans la semaine du 8 au 14 décembre 2025. Les répétitions sont programmées lundi 8, mercredi 10 et vendredi 12 de 18h30 à 21h et samedi 13 de 11h à 18h30. La représentation publique est pour le dimanche 14 à 19h30, au Blue Parrot. Tous les amateurs adultes et adolescents sont les bienvenus, moyennant un tarif d’inscription de 4.000 bahts.

Une vocation née dans un couvent

Anne Busnel a grandi près de Rennes, à Vitré. Jusqu’à l’âge de vingt ans, elle s’est plutôt consacrée à la danse, tout en fréquentant le Club théâtre. La sœur de sa grand-mère était petite sœur des pauvres. Dans son couvent, il y avait une salle de théâtre. La religieuse envoyait régulièrement à sa petite-nièce toutes sortes de textes, religieux ou non. Anne s’empressait de monter les seconds avec ses cousins et cousines. C’est dans la salle du couvent qu’elle a pris le virus de la mise en scène. À 18 ans, elle intègre un cours privé de théâtre à Rennes puis rejoint Paris, au cours Dominique Clément, fille d’une compagne de route de Jean Vilar. Anne l’assiste ensuite à la mise en scène et anime un atelier de recherche dans le cadre de son cours pendant une dizaine d’années. Elle met ensuite en scène deux spectacles au festival d’Avignon et s’embarque pour quatre ans de vie de café-théâtre.

Anne Busnel rêve de jouer dans des décors naturels

Deux envies l’obsèdent : jouer en troupe et s’emparer de décors naturels. Elle le fera en Corse, dans un stage animé par Robin Renucci, où l’on met en en scène et on joue dans la nature. Elle obtient la preuve que c’est donc possible. Elle qui vient d’un village rêve d’y ramener le théâtre. Le festival s’appelle tout simplement « Théâtre au village ». Il existe depuis maintenant onze ans. Avec une dizaine d’artistes, elle vient jouer les grands textes, sans scène, en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes d’Armor.

Il y a trois ans, elle a créé « Théâtre au café ». Avec des enfants, dans des cafés culturels ou associatifs, elle amène Shakespeare et Gogol. Que de la comédie pour l’instant, mais pas n’importe laquelle.

Une expérience vécue en famille

Et puis lui est venue l’envie de partager tout cela avec une autre culture. Elle est allée deux fois au Vietnam. Ses rencontres n’ont pas abouti. Ce sera donc au Blue Parrot, à Bangkok, où le Théâtre des Invités l’accueille à bras ouverts. « Cet atelier est une grande première, raconte Anne. Nous jouerons texte à la main, comme en France, et je choisirai les textes en fonction du profil de ceux qui répondront à mon appel. L’idéal serait qu’ils soient autour de huit. Je m’entretiendrai en amont, en visio, avec les participants, pour mieux les connaître et cerner leurs envies. Il devrait y avoir du Shakespeare, du Ribes, du Tardieu. On peut plus facilement couper dans le contemporain pour organiser ce petit voyage impromptu dans l’univers du théâtre. » À Bangkok, Anne ne sera pas seule. Son conjoint au tuba, son fils à l’accordéon et sa fille sur scène accompagneront les novices.

Nicolas ou la révélation du théâtre

Parmi eux, il y aura Nicolas, retraité de la fonction publique venu de Touraine. Il s’est installé à Bangkok en 2019, d’abord pour travailler, puis pour profiter. Celui qui vit un « carpe diem de tous les jours », comme il le dit lui-même, entretient avec les arts une relation particulière. Il a retrouvé une branche de la famille déjà artiste au XVIIè siècle. Sa sœur était peintre, l’un de ses fils est comédien professionnel, son père et son autre fils sont comédiens amateurs. « J’ai toujours été bluffé par cette capacité à jouer un rôle », confie-t-il.

Nicolas, à gauche, interprète un curé — Nicolas (à gauche) dans les habits d’un curé

Un jour, il croise le président de la Chambre de Commerce Franco-Thaïe qu’il a vu sur scène dans « Le Dîner de Cons ». Jean-Boris Roux le guide vers Abel Talbi, qui dirige les ateliers du Théâtre des Invités de Bangkok. Il vient timidement observer, se retrouve sur scène et c’est la révélation. Il y retrouve les décharges d’adrénaline et le travail en commun qui lui rappellent le bonheur des sports collectifs.

Motivant, excitant, exaltant

L’été 2025 est long. Il attend la reprise de septembre avec impatience. Trois pièces sont prévues pour cette année. Mais il en veut encore plus. Alors il s’est lancé dans le chant lyrique. Et puis il a vu l’annonce d’Anne Busnel. « Je me suis dit que j’allais découvrir autre chose, une autre méthode de travail, confie-t-il. Travailler en une semaine et se produire le dimanche a quelque chose de motivant et d’excitant. Je sais que je vais beaucoup apprendre. En tout cas, je vais donner tout ce que je peux. » Si Nicolas multiplie les expériences c’est aussi qu’il aime pouvoir jouer des rôles très différents. Pour lui, le théâtre se résume à ce qualificatif : « exaltant ».