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Podcast : l’extrême droite en Israël, qu’est-ce que ça veut dire ? 

Pour la première fois de son histoire, Israël est dirigé par une coalition d’extrême droite. Pour la première fois de son histoire, Israël est dirigé par une coalition d’extrême droite.
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 14 février 2023, mis à jour le 15 février 2023

Pour la première fois de son histoire, Israël est dirigé par une coalition d’extrême droite. Dans le podcast l’Heure du Monde - un podcast du Monde réalisé pour cet épisode par Adèle Ponticelli - Clothilde Mraffko, journaliste établie à Jérusalem, explique le virage à l’extrême droite de cette société et les tensions engendrées par cette situation inédite.

 

Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël et du parti national-conservateur (le Likoud), nomme le 29 décembre 2022 Itamar Ben Gvir au poste clé de ministre de la sécurité nationale. Cinq jours plus tard, avec l’accord tacite de Benyamin Netanyahou, Itamar Ben Gvir se rend avec une kippa blanche sur l’Esplanade des Mosquées. En foulant ce lieu, le ton provocateur est donné. 

 

“Notre gouvernement ne cédera pas aux menaces du Hamas”

L’Esplanade des Mosquées (aussi nommé le Mont du Temple dans la religion juive) est un lieu extrêmement sensible. Pour les musulmans, il s’agit du 3e lieu saint de l’histoire. Pour les juifs, ce n’est pas moins que le lieu le plus sacré dans la religion (si béni qu’il est interdit dans certains mouvements de s'y rendre car la plupart des Hommes ne seraient pas assez purs pour y marcher). 

 

En 2000, lorsque le chef de l’opposition, Ariel Sharon, s’était rendu sur l’Esplanade des Mosquées, ça avait déclenché des affrontements qui avaient débouché sur la seconde intifada. On comprend donc que cette visite n’est pas innocente - Clothilde Mraffko

Selon un statu quo non-écrit, seuls les musulmans sont autorisés à se recueillir au Mont du Temple. Mais la pratique peut être différente, et très mal reçue. Après s’être rendu sur ce lieu, Itamar Ben Gvir affirme : “Notre gouvernement ne cédera pas aux menaces du Hamas. Le Mont du Temple est le site le plus important au monde pour le peuple juif. Le Mont du Temple est ouvert à tous, les musulmans y viennent, les chrétiens et les juifs aussi. Oui, les juifs aussi.”

 

Dans le podcast l’Heure du Monde - un podcast du Monde réalisé pour cet épisode par Adèle Ponticelli - Clothilde Mraffko, journaliste établie à Jérusalem, explique : “Cette situation ne m’a pas vraiment surprise. Depuis 10 ans, le gouvernement est de plus en plus à droite. Mais cette fois-ci, le gouvernement est complètement à droite. Auparavant, il y avait, certes des membres d’extrême droite, mais aussi quelques membres de partis centristes ou de partis plus libéraux. À ce jour, il y a vraiment une alliance.” 

 

Sur les traces d’Itamar Ben Gvir

Pour comprendre cette montée de l'extrême droite au pouvoir, il faut se pencher sur le cas d’Itamar Ben Gvir. Avocat de formation, ce parlementaire devient député en avril 2021, après des années à militer au sein de l'extrême droite. Ce père de six enfants, vivant dans une colonie parmi les plus radicales de Cisjordanie occupée, défend l'annexion par Israël. Il prône également le transfert d'une partie de la population arabe d'Israël vers les pays voisins.

 

Né en banlieue de Jérusalem et de parents séfarades, Itamar Ben Gvir puise son idéologie anti-arabe dans celle du rabbin extrémiste Meir Kahane. Son mouvement, nommé Kach, a été banni en Israël après l'assassinat en 1994 de 29 Palestiniens en train de prier à Hébron, en Cisjordanie, par un de ses sympathisants, Baruch Goldstein. Itamar Ben Gvir, qui a milité avec le Kach, a longtemps eu un portrait de Goldstein dans son salon. Ce parti était considéré par la justice israélienne comme terroriste. Il déclare aujourd’hui au micro de l’AFP : "J'ai changé (...) je disais il y a 20 ans qu'il fallait expulser tous les Arabes, je ne le pense plus, mais je ne vais pas m'excuser (...) Je viens sauver le pays, je suis en guerre contre les djihadistes et ceux qui veulent attaquer le pays".

Itamar Ben Gvir fait partie d’un milieu très attaché à la religion. Certains membres de son parti politique, nommé Otzma Yehudit, veulent même l’établissement d’une théocratie juive qui serait dirigée par la halakha (la loi juive orthodoxe). 

 

Quel avenir pour Israël avec la montée d’extrême droite ? 

Mais les véritables questions ne sont autre que : quel avenir pour Israël ? Quel avenir pour la Palestine ? Pour l’heure, et bien que la communauté internationale s’est indignée face à cette provocation, Itamar Ben Gvir prévient vouloir revenir sur l’Esplanade des Mosquées chaque mois. Le 4 février dernier, Itamar Ben Gvir a également affirmé à la télévision israélienne sa démission s’il ne serait pas en mesure d’exercer une influence significative sur le gouvernement. Le chef du parti Otzma Yehudit a fixé un délai de trois mois, durant lequel il s'attend à voir au moins certains de ses plans se concrétiser (tels que la peine de mort pour les terroristes ou la création d'une force de garde civile). 

 

Des manifestations d’ampleurs en Israël 

“Il y a des manifestations d’ampleurs en Israël. (...) L’État va à l’encontre des valeurs d’une partie de la population. (...) Les manifestants ont peur de voir un État religieux prendre le dessus” ajoute Clothilde Mraffko. Une partie des militaires (extrêmement respectés en Israël) s’indignent également de la situation.

 

Un manifestant israélien conclut de son côté : “La coalition actuelle en Israël veut changer le régime. Le gouvernement risque de devenir l’un des régimes les plus sombres dans le monde. On ne l'accepte pas. Nous devons nous battre pour la démocratie.” 


Pour écouter le podcast du Monde : cliquez ici.

Anne-Claire Voss
Publié le 14 février 2023, mis à jour le 15 février 2023

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