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FRANCK MELLOUL – "Je veux faire une télé pour ceux qui détestent Israël !"

Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 1 novembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Il a écrit la success story de France 24. En 2011, il crée l'événement dans le monde francophone israélien en lançant la version française de FRANCE 24 en Israël. Un an plus tard, il fait à nouveau le buzz en prenant les commandes d'une nouvelle chaîne d'information internationale en Israël qui devrait commencer sa programmation premier semestre 2013. Franck Melloul, homme d'influence, homme de média, homme de mission explique au Petitjournal.com / Tel-Aviv les motivations du nouveau challenge qu'il s'est fixé.

Franck Melloul - Photo : DR

Lepetitjournal.com/Tel Aviv : Vous arrivez bientôt en Israël pour vous attaquer à un projet incroyable
Franck Melloul : Patrick Drahi (NDLR : le premier actionnaire de Numéricâble à travers le fonds Altice et le propriétaire de Hot, premier câblo-opérateur israélien) m'a convaincu de relever le challenge de lancer une chaine d'information internationale qui a pour ambition de changer l'image d'Israël aujourd'hui. Couvrir l'actualité internationale avec un regard israélien et véhiculer les valeurs, la culture et la vision d'Israël : voilà le défi.

C'est un défi totalement différent de ceux qui vous ont animé jusqu'à présent?
Si l'Iran est une menace pour Israël, la campagne de délégitimation qui est menée contre ce pays représente une menace encore plus grande. Nous vivons dans un monde de plus en plus instruit, où l'information circule facilement et atteint tout un chacun. Pourtant et paradoxalement, plus les années passent et plus la légitimité d'Israël est remise en question.

Je pense que l'arme de destruction massive face à cet état de fait, est une chaine d'information internationale. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté ce que je considère comme une mission.

Cela se concrétisera par un outil d'influence qui contribuera au rayonnement à la fois culturel et politique d'Israël et ce, afin de montrer au monde que la perception que nous avons d'Israël aujourd'hui ne correspond absolument pas à la réalité de ce pays.

Pensez-vous que ce message pourra raisonner auprès d'un public pas forcément concerné ?
Nous sommes actuellement dans un monde de 'soft power'. L'actualité du Proche Orient ou l'actualité israélienne occupent une place majeure dans le traitement de toutes les chaines d'information. Les Américains, les Anglais, les Russes, les Français possèdent leur propre chaine d'information internationale et même les puissances émergentes, comme la Turquie, la Chine et l'Iran mettent en place de tels mécanismes. Dans ce contexte, il n'est donc pas anormal qu'un Etat comme Israël puisse se doter d'un outil média qui permette de véhiculer un autre regard sur l'actualité internationale et d'apporter un point de vue israélien sur ce qui se passe dans le monde.

Tout en n'en faisant pas un outil de propagande ?
Ce ne sera pas une chaine de propagande pour la simple et bonne raison qu'elle est indépendante et pas financée par l'Etat. L'ambition de cette chaine est non seulement de connecter Israël au monde, mais aussi de connecter le monde à la société israélienne. Chaine d'ouverture sur le monde et miroir de la société israélienne, notre nouvelle chaine d'information permettra de véhiculer des valeurs communes à toutes les grandes démocraties et de faire comprendre qu'Israël est un des plus ardents défenseurs de ces mêmes valeurs.

Concrètement comment fonctionnera t-elle ?
L'un des axes stratégiques sera le multilinguisme. Notre chaine possèdera donc trois rédactions, française, arabe et anglophone et sera délibérément tournée vers trois régions géostratégiques prioritaires : l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient et l'Asie. Car c'est là où il faut convaincre.

Aujourd'hui que l'on soit à Bagdad, à Shanghai, à Washington, à Tel Aviv, à Gaza ou à Paris, ce sont les mêmes images que nous voyons sur les écrans de télé. Mais la perception de ces images selon l'endroit où on se trouve n'est pas la même. Le regard d'Israël sur l'international est un regard attendu, car Israël représente aujourd'hui un acteur économique, technologique, politique et culturel qui compte. Par ailleurs, le fait d'offrir cette perspective israélienne sur l'actualité internationale renforcera encore davantage le sentiment qu'Israël fait partie de la communauté internationale démocratique.

La diffusion de programme en arabe illustre-t-elle une volonté politique ?
Elle traduit une volonté de toucher les peuples qui sont instrumentalisés par les courants extrémistes et qui font l'objet d'une audience forte pour les chaines Al Jazzera ou Al Arabya, lesquelles ne portent pas un regard bienveillant sur les valeurs démocratiques de la région.

Votre regard sur les médias israéliens ?
J'ai eu la chance de me trouver dans les coulisses du rapprochement politique franco-israélien. Et j'ai toujours pensé que ce rapprochement ne serait réel que lorsque les médias cristalliseront ce rapprochement. Les médias ont joué un rôle essentiel dans la crispation des relations entre certains pays et Israël. la réconciliation doit passer aussi par le média. Il y a d'excellents journalistes en Israël d'excellents programmes, reportages, magazines. Cette chaine sera également là pour valoriser le savoir-faire israélien dans le domaine des médias.

De nombreux noms sur votre nouvelle chaine circulent?
Rien n'a encore été défini, pour l'instant je dois aller rencontrer les équipes sur place. L'occasion pour moi de rendre hommage au travail fait par Guysen TV. (NDLR : Guysen, rachetée par Patrick Drahi, a été la première chaine d'information en français sur le Moyen Orient diffusée depuis Israël sur le réseau câblé français puis israélien). Un travail important, réalisé avec peu de moyens  et avec un esprit révolutionnaire. Aujourd'hui c'est un autre projet, une autre ambition qui rencontrera j'en suis persuadé l'adhésion de ceux qui appréciaient Guysen TV.  J'espère que mon enthousiasme et mon envie de réussir fédèreront l'unité derrière moi.

Comment votre télé sera-t-elle diffusée ?
Elle sera distribuée par satellite et le câble dans le monde. Enfin et surtout, le multimédia sera un axe majeur de notre stratégie, puisqu'on aura l'occasion de la voir sur internet partout dans le monde. Le multilinguisme et le multimédia sont à mes yeux les deux axes fort du développement de notre chaine, afin de pouvoir notamment, nous inscrire sur le zapping des chaines d'informations internationales dans le monde.

Vous étiez pressenti pour prendre la direction de la présidence de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), que s'est-il passé ? (NDLR : Marie Christine Saragosse a été choisie à la tête de cette entité qui chapeaute France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya, après la démission contrainte d'Alain de Pouzilhac, en juillet dernier, désavoué par le nouveau gouvernement sur le projet de fusion des rédactions de RFI et France 24.)
J'ai été poussé comme candidature interne à la présidence de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) parce que les syndicats m'y ont poussé. Mais comme je n'ai pas un passé de gauche, il y avait peu de chance. Cela m'a tout de même permis de défendre un certain nombres de valeurs.

La diplomatie publique étant ma spécialité, tout projet s'inscrivant dans la diplomatie publique m'intéresse, et à plus forte raison quand il s'agit d'Israël, donc pour ne rien vous cacher, Patrick Drahi n'a pas mis longtemps à me convaincre d'accepter la direction de cette nouvelle chaine d'information internationale basée en Israël.

C'est donc un vrai choix ?
Ma carrière se porte bien, et je n'avais aucune raison objective de quitter la France. Je suis un homme de mission et quand le challenge est à la hauteur de telles ambitions, on ne peut que répondre présent. D'ailleurs, mon entourage professionnel s'est déclaré enthousiasmé par ma décision. Il existe un besoin, car on ne connait finalement peu le regard israélien, et on réalise qu'il faut aujourd'hui ramener de la mesure dans le débat médiatique -  très exagéré, plus par méconnaissance que par idéologie - sur Israël.

Avez-vous conscience de prendre des risques ?
On en reparlera dans deux ans !

Propos recueillis par Caroll AZOULAY (lepetitjournal.com/telaviv) Jeudi 1er novembre 2013

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Publié le 1 novembre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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