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Iran: le président Rohani prête serment

Écrit par Lepetitjournal Téhéran
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 7 août 2017

Le président iranien Hassan Rohani a averti samedi les Etats-Unis que son pays répondra de manière "appropriée" à toute violation de l'accord nucléaire, au moment où il prêtait serment devant le Parlement et alors qu'il est critiqué chez lui par ses alliés réformateurs.

Avant la cérémonie d'investiture, M. Rohani, âgé de 68 ans, a reçu Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), appelant à un plus grand effort pour préserver l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et les grandes puissances après de nouvelles sanctions américaines contre Téhéran.

"La République islamique ne sera pas la première à violer l'accord nucléaire (...) mais ne restera pas non plus silencieuse si les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements", a-t-il affirmé lors de son discours d'investiture.

"L'Iran (...) répondra aux sanctions par des actions appropriées et réciproques", a-t-il ajouté.

L'Iran estime que les nouvelles sanctions américaines qui visent notamment le programme balistique de Téhéran et les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du pays, violent l'accord nucléaire car elles empêchent le pays de normaliser ses relations économiques avec le reste du monde et de tirer bénéfice des investissements étrangers dont il a besoin.

"La violation répétée de ses engagements par le gouvernement américain et les nouvelles sanctions contre l'Iran (...) peuvent être destructrices" pour l'accord nucléaire, avait déclaré M. Rohani plus tôt dans la journée.

Religieux modéré, le président iranien a officiellement commencé son second mandat jeudi après la "validation" de son élection par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

- Pas de femmes ministres ? -

Mais pour les Iraniens, la préoccupation du moment est de connaître la composition du gouvernement, qui sera présenté dans les prochains jours.

M. Rohani est critiqué depuis plusieurs jours, des responsables affirmant qu'il aurait finalement renoncé à nommer des femmes ministres et accordé très peu de place aux réformateurs qui l'ont soutenu dans la campagne. Le cabinet sortant comprenait trois vice-présidentes.

"Les réformateurs ont permis l'élection de Rohani en 2013 et en 2017 (...), il doit écouter ceux qui l'ont soutenu", a déclaré Rassoul Montajabnia, vice-président du parti réformateur Confiance nationale, selon le quotidien Arman.

Lors des deux scrutins, les candidats réformateurs se sont retirés pour soutenir M. Rohani, élu les deux fois avec la promesse de normaliser les relations avec l'Occident et de renforcer les libertés culturelles, sociales et politiques.

"Rohani a créé une grande attente avec ses promesses lors de la campagne électorale et aujourd'hui il apparait en retrait", a déclaré à l'AFP Ali Shakourirad, chef du parti réformateur Unité du peuple.

En renonçant à présenter des femmes à des postes ministériels, il a voulu "éviter les problèmes avec les dignitaires religieux" et "éviter les difficultés éventuelles" alors qu'il commence son second mandat, affirme-t-il.

Le président a deux semaines à compter de ce jour pour présenter son gouvernement et devra obtenir un vote de confiance du Parlement.

- Consultations -

Le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et celui du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, doivent rester en place, selon plusieurs sources.

"Rohani devrait facilement avoir la confiance du Parlement pour ses ministres. Il a consulté tous azimuts les dirigeants du pays, et je ne pense pas qu'on verra des changements fondamentaux dans la politique économique et sociale", a déclaré à l'AFP Henry Smith, spécialiste de l'Iran au groupe de consultants Control Risks.

Ces dernières semaines, Hassan Rohani a été confronté à l'arrestation de son frère, Hossein Fereydoun, par la justice, contrôlée par les conservateurs, qui l'accuse de corruption. M. Fereydoun a dû payer une caution de 7,6 millions d'euros pour être libéré.

M. Rohani a aussi mis un terme à la guerre des mots avec les Gardiens de la révolution, après avoir critiqué leur rôle dans l'économie.

"Rohani n'a pas intérêt à pousser les Gardiens de la révolution hors du secteur économique. Il veut juste créer un espace pour attirer des investissements étrangers et les nouvelles technologies dont le pays a besoin", ajoute M. Smith.

L'accord nucléaire avec les grandes puissances conclu en juillet 2015 a permis le retour des grandes compagnies internationales notamment avec le récent accord avec la société pétrolière française Total et le groupe chinois CNPC dans le domaine du gaz.

Mais les sanctions américaines et l'hostilité grandissante du président Donald Trump compliquent la tâche du président Rohani qui a besoin de milliards de dollars d'investissements étrangers pour relancer l'économie et résorber le chômage qui atteint 12,7% de la population active.

"Le problème est que l'Iran sent le besoin de répondre aux actions des Etats-Unis, ce qui donne des arguments aux Américains" pour augmenter la pression, affirme M. Smith.

© 2017 Agence France-Presse
logofbteheran
Publié le 5 août 2017, mis à jour le 7 août 2017

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