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UN MOIS, UN SITE... - La Chronique culturelle de Patrick Ringgenberg - Téhéran

Chronique culturelle de Patrick Ringgenberg - TéhéranChronique culturelle de Patrick Ringgenberg - Téhéran
Écrit par Lepetitjournal Téhéran
Publié le 16 juin 2017, mis à jour le 20 juin 2017

 

Téhéran, souvent mal-aimée, souffre de sa réputation de ville immense, polluée, bruyante, disgracieuse. Capitale de l'Iran depuis les années 1780, elle ne peut certes rivaliser avec la beauté d'Ispahan ou de Yazd. Et pourtant ! Pour qui s'intéresse à l'histoire et à la culture iraniennes contemporaines, Téhéran mérite, sinon un séjour, du moins une visite approfondie. La capitale de l'Iran n'est ni tout l'Iran, ni un miroir du pays, mais cette mégapole, de plus en plus riche en coffee shop, galeries, concerts, conférences, offre un accès exceptionnel à la vitalité culturelle de l'Iran d'aujourd'hui.

 

La tour Milâd (1997-2008).

Le village à l'origine de Téhéran est mentionné pour la première fois au 10e siècle. Adossé aux montagnes de l'Alborz, alimenté par des qanât, il était situé au nord de Rey, une ville seldjoukide détruite par les Mongols en 1220, et dont les ruines sont aujourd'hui sous la banlieue sud de la Téhéran moderne. Téhéran connaît un premier essor au 16e siècle, en devenant un lieu de villégiature des rois, mais c'est au 19e siècle, alors qu'elle fut choisie comme capitale par le premier roi qâdjâr (Aqâ Muhammad), qu'elle se développe. Toutefois, la ville traditionnelle ceinte de murailles disparaît progressivement dans les années 1930, avec la modernisation et l'occidentalisation voulues par le premier souverain Pahlavi. Cette modernisation, qui transforma peu à peu Téhéran en « ville américaine », se poursuivit jusqu'à nos jours, faisant de la ville et de sa région une immense agglomération urbaine de 12 à 15 millions d'habitants.

Le palais du Golestân (19e siècle).

Ville relativement nouvelle ? même si le site de Téhéran fut occupé depuis des siècles ?, la capitale moderne de l'Iran a peu conservé de son passé. Les monuments les plus anciens remontent essentiellement au 19e siècle et sont situés dans le centre historique, autour du Grand Bazar. Il faut mentionner surtout le palais du Golestân, la mosquée Imam Khomeyni au c?ur du bazar, la mosquée-madrasa Sepahsâlâr bordant la même rue que l'ancien Parlement iranien. En déambulant dans le Grand Bazar et aux alentours, on verra d'innombrables constructions plus ou moins anciennes (mausolées, mosquées, maisons), souvent malmenées par un urbanisme prédateur et comme égarées parmi des constructions récentes hétérogènes.
 


Coupole marchande du Grand Bazar (19e siècle).

Beaucoup plus nombreux sont les témoignages de l'époque Pahlavi (1925-1979). Les plus célèbres sont les palais au nord de la ville, sur les flancs de l'Alborz : Sa'd Abâd, où plusieurs palais sont dispersés dans un beau parc (mentionnons surtout le Palais vert, de 1922-29, et le Palais Blanc ou Musée de la Nation, de 1931-36), et Niâvarân, devenu centre culturel, où se trouvent deux édifices d'époque qâdjâre, un palais de 1958, et un petit musée abritant la collection de Farah Diba,l'ancienne impératrice d'Iran.

 

Palais d'Ahmad Shâh (Niâvarân).

 

Palais Blanc, Sa'd Abâd (1931-36).

On citera deux autres réalisations emblématiques de l'époque de Mohammad-Rezâ Pahlavi : la tour Azâdi (« Liberté »), construite en 1971 pour célébrer la royauté iranienne, et, de la même époque, le Théâtre de la ville (Teâtr-e shahr).

La tour Azâdi (1971).

Le théâtre de la ville (1971).

Téhéran accueille également le plus bel ensemble de musées du pays. S'il ne fallait en voir qu'un, ce serait le Musée National de l'Iran. Construit dans les années 1930 par l'archéologue français André Godard, le bâtiment le plus ancien abrite une collection d'?uvres préislamiques (Musée Archéologique ou Iran Bâstân), qui peine cependant à rivaliser avec les collections iraniennes du Louvre. Plus récent, l'autre bâtiment (Musée islamique) présente une exceptionnelle collection d'objets d'époque islamique (peinture, calligraphie, céramique, métal, textile, décors architecturaux, etc.).

Musée National (partie islamique).

Installé dans un bunker de la Banque centrale iranienne, le Musée des joyaux ? extraordinaire ensemble d'objets précieux et de gemmes ? est un autre musée à ne pas manquer, miroir étincelant des richesses royales et patrimoniales de l'Iran. D'autres musées, plus petits ou modestes, ont leur intérêt : le Musée Rezâ Abbâsi, doté d'une belle collection de céramiques, de calligraphies et de peintures sur livre ; le Musée du Tapis, dont l'intéressante collection de tapis ne reflète cependant pas toute l'étendue de cet art majeur en l'Iran depuis des millénaires ; le Musée d'Art contemporain, dont les collections d'art iranien moderne et d'art occidental furent longtemps peu visibles ; le Musée du Verre et de la Céramique (Abgineh), qui vaut pour les ?uvres présentées comme pour sa belle muséographie.

 

Musée Rezâ Abbâsi.

Par-delà les monuments et les musées, Téhéran se vit aussi (et peut-être surtout) dans sa vie culturelle, même si hélas peu d'informations sont disponibles pour les étrangers : c'est donc essentiellement à l'hospitalité iranienne que vous devrez l'accès aux multiples manifestations, publiques ou privées, qui constituent le pouls de la ville et la « vraie » vie de Téhéran.  

 

Texte et images : Patrick Ringgenberg

http://patrickringgenberg.com/

(www.lepetitjournal.com/teheran) - samedi 17 juin 2017

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Publié le 16 juin 2017, mis à jour le 20 juin 2017

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