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Tony Maniaty -"L’impact du Covid sur Paris a été bien plus fort qu’en Australie"

Photo Tony ManiatyPhoto Tony Maniaty
Le photographe Tony Maniaty sera présent à l'exposition "Nos coeurs sont encore ouverts" qui débutera à Sydney dès le 8 août. ©Tony Maniaty-Facebook
Écrit par Benjamin Volant
Publié le 9 juillet 2021, mis à jour le 12 juillet 2021

En pleine pandémie de Covid-19, le photographe Australien, Tony Maniaty, se trouvait en 2020, dans les rues d'un Paris déserté, frappé par le confinement. Il a dressé un portrait exeptionnel de la capitale, marquée par le courage, l'optimisme et l'espoir de ses habitants grâce à ses clichés. Il participera en août, à une exposition se tenant à Sydney pour partager son expérience et ses travaux. 

C’était la bonne opportunité de photographier les Parisiens et leur ville dans un environnement très étrange :  sans touristes, sans trafic. D’une certaine façon c’était comme retourner dans les années 1950, c’était très « Parisien » 

Le Petit Journal : D’où vous est venue l’envie de photographier les rues de Paris durant le confinement ?

Tony Maniaty : Je suis venu en France en janvier 2020 avec l’intention de rester deux ans mais une semaine après que je sois arrivé à Paris, le Covid le fut aussi. Je travaillais alors sur un book, car je suis aussi écrivain, mais j’ai décidé de le laisser de côté car le Covid était plus immédiat. Ayant été photographe plusieurs années, c’était la bonne opportunité de photographier les Parisiens et leur ville dans un environnement très étrange : sans touristes, sans trafic. D’une certaine façon c’était comme retourner dans les années 1950, c’était très « Parisien ». Une situation très inhabituelle pour un photographe de rue, particulièrement pour une ville comme Paris.

J’ai aussi voulu imiter l’esprit de grands photographes Français comme Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau ou Willy Ronis. J’ai donc décidé d’utiliser mon temps à cela, marcher dans les rues et l’exposition (voir-ci-dessous) est le résultat de ce travail.

 

Photo d'un serveur - Tony Maniaty

 

Quels sont les endroits que vous avez pu photographier (monument ou autre) ?

Durant mon séjour à Paris, j’ai vécu dans le septième arrondissement donc j’ai naturellement passé beaucoup de temps dans les environs. J’ai également beaucoup aimé les jardins du Luxembourg, parce que c’est toujours très intéressant. Il y a beaucoup de personnes qui le sont également, ainsi que de nombreuses activités. J’ai aussi passé beaucoup de temps dans le 5ème et 6ème arrondissement, notamment près de la Left Bank et du Marais, où j’ai vécu de 1989 à 1992 lorsque j’étais correspondant pour SBS (une chaîne de télévision Australienne). Pour moi ce sont des lieux familiers. J’ai donc essayé de rester aux alentours de ce genre d’endroits.

 

Photo d'un manège - Tony Maniaty

 

Quel est l’endroit, ou la chose qui vous a le plus frappé dans ce Paris touché de plein fouet par l’épidémie ?

J’ai passé beaucoup de temps sur l’île Saint-Louis lorsque je vivais à Paris et ce qui m’a frappé, c’est que sans touristes, c’est un endroit très calme et très vide alors qu’en temps normal c’est toujours très animé avec de nombreux visiteurs. Ça a vraiment été incroyable d’avoir l’opportunité de photographier les rues sans eux. C’est l’héritage de cette année je pense, que de nombreux photographes de Paris ne reverront plus car je ne pense pas qu’une chose pareille se reproduira.

 

Et dans l’attitude des Français ? Quelque chose vous a-t-il interpellé ?

Ce qui est intéressant, c’est que la pandémie à fait ressortir de nombreuses qualités chez les gens. En Australie, ils se sont rués vers les supermarchés, pour acheter des stocks entiers de papier toilette !  En France, c’était assez différent, parce qu’au départ, les gens refusaient que le Covid les empêche de vivre. Ils ont continué d’aller dans les bars et les restaurants. Lorsqu’ils ont compris que c’était plus grave que prévu, ils ont fait preuve de beaucoup de courage et se sont montrés déterminés à vaincre l’épidémie. L’impact du Covid sur Paris a été bien plus fort qu’en Australie. La persévérance des Français a été pour moi vraiment encourageante. La politesse et l’entraide aussi. Tout le monde essayait de s'entraider, plus que d’ordinaire, devant la plus grande crise de ces dernières années. Leurs réactions étaient vraiment positives je pense, ils n’ont pas paniqué.

 

La persévérance des Français a été pour moi vraiment encourageante.

Pourquoi avoir choisi le noir et blanc pour vos photographies ?

D’abord parce que j’ai toujours préféré prendre des photos de façon monochrome. Ensuite, car j’aime l’idée de prendre des photos en noir et blanc, cela permet de revenir à la grande époque de la photographie Française. De plus, j’ai grandi avec des photos en noir et blanc. Mais la raison principale, c’est surtout le sujet de mon travail. Je ne voulais pas faire celui d’un journaliste, qui prend des photos de l’actualité en couleur. Prendre des clichés des hôpitaux, des gens qui décèdent du Covid, cela donnait une image négative et angoissante de la situation. Ce n’est pas ce que je voulais montrer. Le choix du noir et blanc était esthétique d’une part, et montrer un visage plus simple des gens vivant avec le Covid et avoir ainsi un aspect plus émotionnel de la situation.

 

L’Australie est à nouveau face à une vague épidémique. Des millions d’australiens sont confinés, allez-vous parcourir les rues de Sydney ?

C’est intéressant car j’ai eu cette discussion récemment avec un autre photographe. Le fait est que l’Australie a un environnement très différent de Paris. J’adore les photos urbaines, j’aime être dans la rue, et prendre des photos de personnes s'y trouvant. Les deux choses qu’il faut pour avoir de bonnes images, c’est la compassion, celle des gens que vous croisez, et de la texture physique. C’est ce qui est intéressant avec Paris, il y en a beaucoup. En Australie, tout est très ouvert, il y a de grands espaces, c’est très difficile de retrouver l’énergie présente dans les photos de rue. Donc cela risque d’être compliqué pour obtenir des photos de rues intéressantes en Australie. Je le ferais mais j’ai hâte de revenir à Paris et en Europe.

 

Vous allez donner une conférence à la bibliothèque de North Stanton à Sydney sur la France et la photographie de 1830 à 1990. Pourquoi cet intérêt pour la photographie française ?

Lorsque je vivais à Paris, j’ai regardé beaucoup de photographies. Le fait est que les Français ont inventé la photographie. Les débuts de la photo ont commencé avec les travaux de Niépce et Daguerre, dans les années 1840. Les Anglais et les Allemands ont aussi apporté une certaine contribution mais les Français ont réellement développé la photographie au XIXème siècle. Il y a également eu un âge d’or après la seconde guerre mondiale avec de grands noms comme Cartier-Bresson, Doisneau, Willy Ronis, il y a une grande histoire ici. Donc si vous aimez la photographie, vous pouvez trouver dans toutes ces périodes, une grande influence pour votre travail ainsi que de grands artistes. L’exposition devait d’ailleurs avoir lieu le 14 juillet, jour de la fête nationale en France malheureusement cela a été annulé. Elle se tiendra tout de même le 11 août mais ce n’est du coup, pas le jour la Bastille !

L’exposition « Nos cœurs sont toujours ouverts » débutera le 8 août de 15h à 17h au Kirribilli Centre Gallery. La galerie Kirribilli Centre est située au 16-18 Fitzroy Street, Kirribilli, Sydney. Une vidéo présentant les images de l’exposition est également disponible sur Vimeo.

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