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SYNDICALISME — Les arbetstagarorganisationer en Suède

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Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 19 mai 2016

En 2014, 70 % des Suédois étaient syndiqués (74 % parmi les employés contre 64 % chez les ouvriers, et 73 % chez les femmes contre 67 % chez les hommes). À travers cet article, lepetitjournal.com/stockholm s'essaie à une cartographie des syndicats suédois aujourd'hui. 

Les premiers syndicats suédois ont vu le jour dans les années 1870 et organisaient les travailleurs selon leurs professions. Petit à petit, ils se sont rassemblés en fédérations qui regroupaient les travailleurs selon leur branche industrielle. Aujourd'hui, les syndicats suédois sont tous rattachés à trois grandes fédérations : LO pour les ouvriers, TCO pour les employés, et Saco pour les diplômés de l'enseignement supérieur. 

LO (Landsorganisation)

La fédération nationale, LO (soit l'Organisation nationale), est la plus ancienne avec une création qui remonte à 1898. Cette fédération s'est battue pour établir le suffrage universel, faire du 1er mai un jour férié, pour instaurer des journées de travail de 8h et des semaines de 48 h (en 1920) et pour mettre en place un Tribunal du travail (Arbetsdomstol). En 1956, LO a acquis Stockholm-Tidningen et Aftonbladet.

Depuis ses débuts, cette fédération est très proche du parti social-démocrate ; ils constituent à eux deux les piliers du mouvement ouvrier suédois. En 2010, LO comptait 1 500 000 membres, répartis dans 14 syndicats et travaillant dans les industries du métal, du papier, dans le bâtiment, dans les secteurs alimentaires et hôteliers et dans les transports. Kommunal et IF Metall sont les plus grands syndicats de LO. 

TCO (Tjänstemännens centralorganisation)

TCO (soit l'Organisation centrale des employés) a, quant à elle, été fondée en juin 1944 avec la fusion de De anställdas centralorganisation (Daco), pour le secteur privé, et de l'ancien Tco, pour le secteur public. Elle compte à ce jour 1,2 millions de membres répartis dans 14 syndicats. On y trouve entre autres les syndicats des journalistes, de la police, des professeurs et des infirmières. Un des plus grands syndicats de TCO, Unionen, possède des membres dans de grosses entreprises telles qu'IKEA, ABB, H&M, Ericsson et Volvo.

SACO (Sveriges akademikers centralorganisation)

Fondée en 1943, Saco comptait 650 000 membres (dont une majorité de femmes) en 2013, répartis dans 22 syndicats regroupant des professions aussi variées que les architectes, bibliothécaires, ingénieurs, juristes, médecins, professeurs? Les questions clefs débattues par ce syndicat politiquement indépendant sont l'égalité homme-femme, les assurances, les retraites et le développement des compétences professionnelles. C'est Saco qui a réussi à obtenir que l'État suédois mette en place le système de prêt étudiant accessible à tous (qui a donné naissance au CSN en 1957). 

Tous ces syndicats sont actifs au niveau nordique (Nordens Fackliga samorganisation, NFS), européen (European Trade Union Confederation) et international (International Trade Union Confederation). Du côté des employeurs, Arbetsgivarverket s'occupe de la fonction publique et compte 270 membres (administrations et agences nationales), Sveriges kommuner och Landsting(SKL) se charge des communes et des régions, tandis que Svenskt Näringsliv regroupe une cinquantaine d'organisations de l'industrie du métal, des hôtel et restaurants, du papier, du bâtiment?

Les conventions collectives 

Le but premier des syndicats est de défendre les travailleurs en cas de conflit avec l'employeur. Les syndiqués payent une cotisation mensuelle pour que les syndicats puissent employer des juristes et négociateurs, publier des revues, conduire des campagnes et former les délégués syndicaux. La plupart des syndicats ont également une caisse d'assurance chômage : leur but est d'empêcher de tirer les salaires des employés vers le bas, ce qui renverserait tout le système des conventions collectives. Les syndicats suédois offrent aussi des assurances maladie complémentaires (les mutuelles n'existent pas en Suède), des taux d'intérêts avantageux pour des prêts immobiliers avec certaines banques, etc. En tant que membre d'un syndicat, on peut toujours contacter un facklig ombud pour être conseillé sur les questions de carrière, de salaire, de CV et se préparer aux entretiens d'embauche.

Il est important pour les syndicats que la plupart des employeurs signent des conventions collectives. De cette manière, on évite le dumping des salaires. L'avantage des conventions collectives pour les employeurs réside dans la trêve sociale obligatoire (fredsplikt), c'est-à-dire que tant que la convention est valable, les grèves sont interdites. Cela explique la rareté des grèves en Suède. Il y a en toutefois eu ce printemps à l'occasion des négociations des salaires dans certains syndicats : environ 500 conventions collectives sur les salaires et les conditions de travail (souvent signées pour une durée de trois ans) touchaient à leur fin, il fallait les renouveler et la trêve sociale a donc été interrompue le temps que soit signé un nouvel accord. Les négociations entre les syndicats Byggnads (les ouvriers du bâtiment, sous LO) ou Sjöbefälsföreningen (les marins, sous SACO) et Almega (sous Svenskt Näringsliv) ayant échouées, les syndicats ont appelé à la grève quelques semaines à l'avance, pour donner encore la possibilité de négocier et éventuellement éviter la grève. Les grèves ont duré deux à trois semaines et tous les partenaires se sont finalement mis d'accord sur le même pourcentage que le reste de l'industrie suédoise : 2,2 % d'augmentation par an. À noter que quelques syndicats ont depuis quelques années des accords centraux à durée illimitée et sans pourcentage : les partenaires sont en constante discussion sur l'évolution des salaires, laquell est individuelle et basée sur la prestation de l'employé.

Lexique

Ett fackförbund : une fédération syndicale (à l'échelon national)

En fackförening : un syndicat

En facklig representant : un délégué syndical

Ett skyddsombud : un délégué au personnel pour les questions de santé et de sécurité

Lire notre premier article sur les syndicats.

 

Audrey LEBIODA lepetitjournal.com/stockholm Lundi 9 mai 2016

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