Station climatique perchée à 1300 m d’altitude et très prisée des colons britanniques qui en firent un centre administratif et une ville de villégiature, Kalaw est un excellent point de départ pour des randonnées à la journée ou sur plusieurs jours à travers des forêts de pins, de bambous géants et d’eucalyptus, vers les villages des peuples montagnards qui habitent la région et côtoient l’ethnie majoritaire des Shans : Palaung, Pa-O, Danu ou Népalis.
Comment y aller?
Cet attachant village est à 1h10 d’avion de la capitale Rangoun et il est souvent comparé aux Alpes, en version tropicale, pour la douceur de son climat et la transparence de son air. Le contraste des couleurs est flagrant: on y trouve des champs verts de tabac, des sols rouges de latérite et des champs jaunes de sésame en fleur. En outre, Kalaw produit en abondance choux et pommes de terre, oranges et avocats, qui viennent alimenter tous les marchés du pays et c’est pour cette raison que l’on y mange très bien!
Aujourd’hui cette station d’altitude attire un tourisme responsable et durable et c’est pour cette raison que nous avons decidé de nous y aventurer. Nous sommes donc au lendemain du festival des lumières de Thidingyut, à la fin du carême bouddhique, en octobre. Cette fête fait office de remerciements, de pardon et de prière. On célèbre le retour sur terre de Bouddha, que l'on l'accueille par des illuminations et on lâche pour l’occasion des ballons, ce que nous fiment la veille au soir depuis notre hôtel.
Trek à la journée ...
Après un petit déjeuner délicieux composé de la soupe traditionnelle de poisson (le mohinga), de nouilles au lait de coco et de fruits exotiques, nous prenons un bon bol d’air matinal depuis la terrasse de l’hôtel en profitant d’une vue imprenable sur le relief montagneux.
A 9h, Aung notre guide nous attend avec ses claquettes et son lungyi et nous partons d’un bon pas pour une randonnée de 4h à travers la forêt, les plantations et les villages. En chemin nous rencontrons des agriculteurs qui nous invitent à boire une tasse de thé ce que nous acceptons avec plaisir. Les Birmans sont des gens particulièrement accueillants et ouverts. Ils ont été fermés au monde extérieur pendant 40 ans et on ressent chez la plupart d’entre eux la curiosité de l’étranger et l’envie d’échanger. Malgré la barrière de la langue, nous échangeons des sourires et des regards et le guide fait l’interprète.
Après cette grande matinée découverte dans la nature et de vraies rencontres avec les locaux dans leur vie de tous les jours, petite pause déjeuner dans un café bio et solidaire. Le maître des lieux, Jim, est un enseignant américain qui s’est établit en Birmanie en 2001, et qui forme les communautés locales à plusieurs corps de métier comme la boulangerie, la cuisine, la permaculture. Son café est equipé d’un vrai four et d’une machine pour la fabrication de glaces artisanales. Ambiance tendance et solidaire au milieu de nulle part… Jim est un adepte de "superfood" et met un point d’honneur à n’utiliser que des ingrédients bios et locaux dans tout ce qu’il crée : le sésame noir, les pois chiche, les lentilles, les graines de soja, le mais, le thé.
Affamés, nous nous attablons pour un repas 3 étoiles composé d’un currie végétarien accompagné d’une salade, de thé vert et d’un dessert assez inattendu: un gâteau d’épices servi avec une boule de glace maison au caramel salé dont je garde un souvenir ému.
Pour finir l'après midi, balade dans les rues de la ville et leurs belles maisons coloniales.
... ou sur plusieurs jours
Le lendemain nous remettons nos chaussures de marche pour une plus longue randonnée, à la journée cette fois, à travers les villages de Ywar thit et Tar Yaw. 18 kilomètres parcourus en 7 heures à une élévation de 1200 à 1800 mètres mais sans difficulté majeure.
Cette journée est dédiée aux amoureux de la nature. Notre guide Aung nous amène vers les collines du plateau Shan autour de Kalaw. Nous passons par des village où vivent les Palaung, une des minorités ethniques montagnardes. Tout au long de la randonnée, les paysages sont vraiment éblouissants et reposants. On observe la vie rurale de tous les jours, la fabrication de paniers de bamboo et de l’alcool de riz.
Nous profitons de vues sublimes sur les plantations de théiers et d’orangers, des rizières de montagne et des champs de sésame. Le clou de la randonnée reste le point culminant, le View Point, un arrêt bien mérité et qui a en plus le mérite d'être agrémenté d'un restaurant de cuisine népalaise. Nous suivons la coutume népalaise et faisons une petite sieste après le déjeuner! Une fois requinqués, nous procédons au chemin de retour avec allégresse.
Le soir nous optons pour un restaurant "responsable" tenu par une femme birmane formée à la cuisine française mais reconvertie dans la cuisine italienne parce qu’elle ne pouvait pas trouver certains ingrédients français ! Elle nous concocte des pâtes au pesto frais, un pain ciabatta fait maison, une grande salade aux olives, avocat et pommes...
Le troisième jour, nous partons pour un camp d’éléphants ( photo) à la retraite, recueillis et fatigués d’avoir travaillé 30 ans au transport du bois de teck. Le cadre est absolument idyllique, une forêt arborée de 20 hectares avec 45.000 arbres replantés ces dernières années pour remédier à la déforestation. Ici on ne fait pas de tour à dos d’éléphant. On y vient pour partager des moments privilégiés avec les éléphants, les nourrir, les laver aussi... On apprend beaucoup sur l’animal, ses habitudes et comportements. Saviez-vous par exemple que les éléphants birmans adorent le potiron, le riz à la noix de coco et l’avoine? Ils mangent 150-180kg par jour et défèquent 12 fois! D’ailleurs le crottin est un très bon engrais et combustible.
Vers 13h, notre hôte nous mène au restaurant où un succulent déjeuner indien nous est servi sur une feuille de banane: différentes sortes de curries avec des chapatis sans oublier la specialité locale, les beignets de bananes au miel des bois. Après une petite sieste (décidément!), nous avons assisté au départ des éléphants dans la forêt avec le ‘mahoot’ sur leur dos qui a pour objectif de les disperser et de s’assurer qu’ils ne se chamaillent pas loin des regards. Et puis pour finir, on nous fait une démonstration de la fabrication de papier à dessin à base de crottin d’éléphant...impressionant, vraiment beau et agréable au toucher! une activité familiale assez drôle pour les petits et les grands!
Le lendemain matin avant de partir, nous partons visiter le marché local pour faire quelques amplettes: les produits viennent de l’état de Shan essentiellement: on y trouve des tissus bruts pour faire des coussins ou des nappes, de longs sacs bandoulières en tissus, des boîtes birmanes et des petites antiquités…du thé, du café, des snacks birmans (riz gluant cuit dans du bamboo) et biensur de superbes fruits et légumes vendus par des femmes en habits traditionnels: une ambiance colorée et authentique.
Bonne découverte !