

Morgane Foucaud, née en Alsace à Monswiller, un petit village près de Strasbourg, commence son parcours professionnel dans le milieu sportif et en particulier chez Adidas et dans une SS2I. Le hasard de la vie l’emmène en Chine puis à Singapour, où elle vit depuis 15 ans. 15 magnifiques années d’aventure professionnelle et familiale. La Petite Boutique de Serangoon Gardens, dont elle est fondatrice gérante, devient LPB Market et ouvre son 2ème magasin à Robertson Quay.
Morgane, née en Alsace à Monswiller, un petit village près de Strasbourg, commence son parcours professionnel dans le milieu sportif et en particulier chez Adidas et dans une SS2I. Le hasard de la vie l’emmène en Chine puis à Singapour, où elle vit depuis 15 ans. 15 magnifiques années d’aventure professionnelle et familiale.
Morgane, pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Comment êtes vous arrivée à Singapour ?
Mon futur mari, ayant décroché un stage de fin d’étude de 8 mois en Chine, m’a proposé de l’accompagner et sans hésitation, je suis partie. C'était vraiment mon premier grand voyage hors Europe. Nous avons adoré et y sommes restés. Nous avons d’abord ouvert un bar, un très beau bar à Ningbo, une petite ville au sud de Shanghaï, appelé Le Cargo, aujourd’hui géré par un jeune homme canadien. Le propriétaire nous avait donné carte blanche pour donner une atmosphère européenne au lieu. Nous étions jeunes, ça a été une expérience extraordinaire. Puis un jour, un ami qui vivait à Singapour, nous a invités à venir le voir pendant nos vacances. Nous avons trouvé Singapour idéal pour poursuivre notre chemin de vie.
En 2005, nous avons tous les deux réussi à trouver un travail et à nous y installer. Mon mari était directeur dans le retail chez Carrefour. Et de mon côté, j’étais manager d'un café français dans le CBD, poste que j'ai occupé pendant trois ans, ce qui était assez sympa car j’y ai découvert le milieu du F&B (Food & Beverage). Les membres de mon équipe étaient de nationalités très variées, ce qui m’a permis de comprendre les interactions entre les différentes communautés singapouriennes, entre elles mais aussi vis-à-vis de la clientèle. Je peux dire que je suis vraiment tombée amoureuse de ce pays et de ce secteur d’activité.

Qu’est-ce qui vous a amenée à créer « La Petite Boutique » ?
Après cette expérience de manager du café français, j’ai eu plusieurs autres activités, j'ai monté une société en propre d’import de vin et d’eau minérale, j’ai ensuite travaillé pour un grand importateur de F&B, Indoguna. Puis il y a sept ans, parce que j’avais une envie très forte de recréer un business à moi, avec trois amis partenaires épicuriens et fan des beaux produits que les petits producteurs ont à offrir, j’ai décidé de créer « La Petite Boutique » qui depuis peu a été rebaptisée « LPB Market ».
Carrefour venait de fermer ses portes à Singapour et nous avons trouvé ce local idéalement situé au sein de la communauté française à Serangoon Gardens. Il y avait déjà une demande forte, un besoin de retrouver des produits français et en particulier du fromage de qualité à un prix raisonnable.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?
La plus grande difficulté est la très forte saisonnalité du business. En effet, la boutique est implantée dans un quartier de presque six mille Français qui partent en vacances toutes les 6 semaines ! Et c’est vrai que les premières années, nous avons été assez surpris de voir la désertification du quartier pendant les deux mois d'été et les diverses autres semaines de vacances tout au long de l’année. Il a fallu s’adapter et ajuster notre assortiment en conséquence. Ce challenge nous a également permis de saisir d'autres opportunités, comme par exemple, la mise en place de collaborations avec les hôtels et restaurants prestigieux de Singapour.
7 ans plus tard, notre base de clientèle s’est fortement transformée. D’une majorité de clients français initialement, ce sont aujourd’hui les clients singapouriens qui représentent presque 60% de notre clientèle, et ils sont de plus en plus nombreux et très fidèles à LPB Market. Nous observons également de plus en plus de clients australiens. Mon expérience passée m’a beaucoup aidée à communiquer avec nos clients singapouriens et à leur donner le gout des beaux produits du terroir.
Comment choisissez-vous vos fournisseurs ? Et quelle est votre politique de prix ?
Dès le début nous nous sommes vraiment spécialisés sur le fromage avec une quarantaine de références. Aujourd’hui nous avons une offre complète avec une centaine de références de fromages. Nous avons ajouté de la charcuterie, de l’épicerie et des vins et spiritueux. L'apparition de la pandémie, nous a également amené à élargir et diversifier notre assortiment. Nous avons maintenant, par exemple, du Wagyu et du Black Angus d’Australie et nous étendons notre offre de fruits et légumes frais chaque semaine.
Les gens voyageant moins, ils ont envie de se faire plaisir en consommant des produits de qualité. 95% de nos fromages et 80% de nos autres produits sont français. Les 20 % restant viennent d’Italie, de Suisse, d’Australie ou de Hollande. LPB Market est une sélection de produits épicuriens avant tout, mais avec une forte influence française, c’est notre différence. Les gens poussent notre porte pour trouver des produits uniques et découvrir le « lifestyle » à la française.
Nous travaillons depuis le début avec les mêmes fournisseurs de fromages. Nous sommes très loyaux à nos fournisseurs. Je faisais, quand c’était possible, deux allers-retours par an en Europe pour aller à leur rencontre et découvrir leurs nouvelles gammes. Ces voyages constituaient également l’opportunité de trouver de nouveaux fournisseurs, de nouveaux produits, de nouvelles sources d’inspirations. Tous nos produits sont des produits haut de gamme sélectionnés individuellement et de grande qualité. Mais nous avons toujours voulu rester dans une gamme de prix abordable. Notre approche pourrait se résumer à « ça ne devrait pas couter une fortune d’avoir accès à des beaux produits et de manger bien ». Notre objectif in-fine n'est pas de faire de l’épicerie fine, comme un Fauchon ou un Hediard par exemple qui est réservée uniquement à une élite ; bien au contraire, nous souhaitons démocratiser l’accès aux beaux produits, et être les ambassadeurs du plaisir de la table.
Est-ce que la pandémie a impacté vos ventes ? Et quand est-il de vos ventes en ligne ?
Oui la pandémie a bien sûr eu un gros impact sur nos ventes, un impact positif. En effet, les gens n’ont plus pu voyager pour le loisir donc ils ont eu besoin et ont toujours besoin de se faire plaisir. Nous l’avons tout particulièrement observé l’an dernier pendant le confinement, nos ventes en ligne ont explosé. Nos clients, restés chez eux, se faisaient livrer nos produits régulièrement. Le nombre de clients a fortement augmenté et notre panier moyen n’est jamais redescendu. Notre chiffre d’affaires a toujours été en progression depuis le début mais la situation que nous connaissons avec le Covid nous a vraiment permis de franchir un cap financier, ce qui s’est traduit par une l’amélioration de notre assortiment, de notre service et une expansion au centre-ville.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’ouvrir un 2ème magasin à Robertson Quay et de changer le nom de La Petite Boutique à LPB Market ?
Ce changement de nom a été une décision stratégique. En effet, nous avons la volonté de nous développer à Singapour, mais aussi au-delà des frontières. Initialement nous souhaitions déposer le nom de La Petite Boutique. Mais c’est un nom trop générique et très franco-francais. Depuis le commencement, nous utilisions de façon interne l’acronyme « LPB », pour parler de La Petite Boutique. Nous avons donc choisi de capitaliser notre marque avec ces trois lettres et nous y avons ajouté Market pour préciser notre spécialité.
Nous y ajouterons le suffixe « & Bistrot », LPB Market & Bistro, lorsque l’on pourra, sur certains magasins, proposer une restauration sur place.
L’opportunité d’ouvrir ce 2ème magasin à Robertson Quay est arrivée au moment où nous travaillions sur notre nouvelle charte graphique avec notre designer française qui nous accompagne depuis 7 ans dans notre communication. Ce fut donc un timing parfait pour changer de nom à l’occasion de l’ouverture de ce nouveau magasin. L’endroit est idéal, sur Robertson Quay, entouré de 6 condominums, avec une belle terrasse. LPB Market est en association avec un partenaire et un ami de long terme, Emmanuel Stroobant, et c’est pour cela que nous trouvons en partenariat avec son restaurant belge KOB.
Notre offre à Robertson Quay est quasiment la même qu’à Serangoon Gardens même si elle y est un peu réduite. Nous proposons nos top-sellers avec une quarantaine de fromages et une quinzaine de charcuteries. Nous proposons également nos viandes Wagyu et Black Angus et un bel assortiment d’une centaine de produits d'épicerie. Étant situé à l'intérieur d’un restaurant, les clients peuvent choisir d’acheter leurs produits à emporter ou à consommer directement sur place, en particulier le fromage et la charcuterie. L'équipe du restaurant prépare des planches de dégustation minute si le client souhaite s’installer et manger sur place.
Comment envisagez-vous votre avenir et celui de LPB Market ?
Nous avons déjà des pistes très sérieuses pour ouvrir d’autres magasins en Asie ainsi qu’en Europe et en particulier sous l’enseigne LPB Market & Bistrot. Le concept LPB Market & Bistrot, c’est l’association complémentaire et stratégique du concept de marché, de bar à vin et de restauration légère. Dans la partie « Market » on peut choisir et acheter ses produits, les ramener chez soi ou alors décider de s’asseoir et de les déguster sur place avec la famille ou les copains dans la partie « Bistro ». Les clients peuvent aussi décider de venir déjeuner à LPB Bistro et de profiter de l’opportunité pour faire leurs achats ou commander un plateau de fromages-charcuteries ou/et un plateau de fruits de mer et de le ramener chez eux. L'idée est avant tout de créer un lieu de rencontre, de partage, un lieu convivial, où l’on se retrouve entre amis ou en famille, un endroit où on se sent bien.
Pour conclure, quels sont les endroits que vous aimez à Singapour et que vous recommanderiez à nos lecteurs ?
J’aime faire de la marche dans les nombreux parcs de Singapour, à Bukit Timah Réserve, à Mc Ritchie, et du wakeboard à East Coast en famille, et bien sûr j’aime manger au restaurant ! Aujourd’hui les Chefs sont beaucoup plus proches de leurs clients avec une personnalisation du service et de l’accueil, des petites attentions personnelles qui nous donnent envie d'y retourner.
Il y a de nombreux restaurants excellents à Singapour. Par exemple, j’aime beaucoup aller diner au Bar à Thym ou au Saint-Pierre qui sont d’ailleurs des restaurants avec lesquels nous travaillons. Le Saint-Pierre a une vue imprenable sur Marina Bay, le Bar-a-Thym c’est une ambiance de copains comme j’aime. J’apprécie également beaucoup Le Clos Pasoh qui vient juste d’ouvrir et propose des produits frais exceptionnels et des recettes classiques très bien re-visitées.
Aujourd’hui, il y a, je pense, beaucoup plus d'authenticité dans les restaurants avec des cartes plus courtes, des gammes de produits très bien sélectionnés et aussi … une volonté pour tous de prendre le temps de partager du plaisir, une expérience épicurienne, tout comme à LPB Market !
Sur le même sujet
